Ndongo Samba Sylla liste les inconvénients du CFA pour les pays de la zone franc

par pierre Dieme

Si le Franc est très avantageux pour la France, elle est loin de l’être pour les pays francophones qui l’utilisent, selon l’économiste Ndongo Samba Sylla qui a détaillé les avantages qui vont de pression politique à l’appauvrissement.

Si le Franc est très avantageux pour la France, elle est loin de l’être pour les pays francophones qui l’utilisent, selon l’économiste Ndongo Samba Sylla qui a détaillé les avantages qui vont de pression politique à l’appauvrissement.

L’économiste Ndongo Samba Sylla, qui prenait part à un panel sur le thème : “La France et nous” a détaillé les avantages du Franc CFA pour la France et les inconvénients que les pays de la zone Franc continuent de subir depuis l’instauration de cette monnaie en Afrique de l’Ouest et du Centre. Pour lui, le Franc des Colonies Françaises d’Afrique plus connu sous le CFA et crée en décembre 1945 comporte des avantages pour le colonisateur, qui entraînent du coup des inconvénients comme la pression politique, l’appauvrissement. “Le premier avantage est de payer tous les produits qu’elle achète auprès des pays francophones utilisant le CFA en Franc à l’époque, qui est l’ancêtre de l’Euro. C’est une privilège qu’a la France, c’est à dire pour acheter du cacao, du pétrole où tout autre produit, elle le faisait dans sa monnaie qui était à l’époque très faible”, a dit le jeune Sylla qui faisait partie des panelistes de cette rencontre intitulée Pencul Warc.

Selon lui, ce système lui faisait économiser ses réserves et lui faire supporter le taux de change. L’économiste ajoute qu’avec la crise sanitaire et avec un monde bipolaire, la France continue d’être avantagée par le Franc CFA, même si les gens parlent de la Chine ou de l’Inde. Ndongo Samba Sylla s’appuie sur le pourcentage des échanges entre la France et les pays de l’Union Européenne qui est faible, car étant de 6%, mais avec la zone de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), il est de 11%, ce qui est énorme. Pour lui, il devait tourner au tour des 3%, ce qui était logique. “Cela montre que ce système monétaire est très favorable à la France. Les gens parlent de la Chine comme alternative, mais ce sera difficile de changer la donne”, a dit le paneliste.

L’autre avantage est le fait que le Franc est lié à la dette contractée par les pays africains. Il explique que si le Trésor français prête à un pays de la zone UEMOA, en payant, il est obligé de verser un pourcentage au niveau de la réserve française. Il a ensuite cité comme avantage le développement des entreprises françaises installées en Afrique francopho ne dont la majeure partie y trouve son compte. Pour lui, dans un sondage réalisé par un institut français sur la perception des multinationales françaises opérant dans les pays ayant en commun le Franc CFA sur cette monnaie, seul 4% ont dit que cette monnaie ne les arrangeait pas, alors que 49% jugent ce type d’échange extrêmement important.

Des réserves de 10 milliards d’euros pour les pays de la zone UEMOA et de 6 milliards pour la CEMAC

D’après l’économiste, les pays utilisant cette monnaie sont obligés de déposer leur surplus monétaire à la Banque de France et non au sein de la banque centrale locale. Ils ont aussi l’obligation de convertir tout cet argent en euro. Il rappelle qu’aujourd’hui, les pays ne déposent que 50% de cet argent. “En réalité ce surplus extérieur ne sert qu’à payer la dette francaise”, a soutenu Sylla, qui ne manque pas de dire que les sommes logées à la réserve de la Banque de France ne sont pas marginales, contrairement à ce qu’a une fois dit un technicien français. Pour le paneliste, elles étaient en 2017 pour les pays de la zone UEMOA de 10 milliards d’euros et de 7 milliards pour ceux de l’Afrique centrale. Ce n’est pas la somme qui est importante, mais le déficit subi par les pays utilisant cette monnaie. Ce type d’échange monétaire est aussi utilisé par la France comme un moyen de pression politique. Il explique qu’à chaque fois qu’il y a un dirigeant qui refuse d’être du côté français, on lui met la pression en s’appuyant sur le Franc CFA.

Ndongo Samba Sylla a fait savoir que les taux d’intérêt donnés par la réserve de France ne sont pas bons, car inférieurs au taux d’inflation. Ce qui a fait dire à un économiste camerounais que les pays africains paient la France pour qu’elle leur garde son argent, au lieu de recevoir des intérêts. Pour montrer la main mise de la France sur le CFA, il rappelle les décisions prises lors de la crise ivoirienne quand Laurent Gbagbo refusait de quitter le pouvoir. Selon lui, la France avait ordonné à la Banque centrale de bloquer tous les comptes de la Côte d’Ivoire. Dans sa liste d’avantages du CFA pour la France et des inconvénients pour les pays qui l’utilisent, figure aussi l’appauvrissement. Il avance que les Gabonais, les Ivoiriens et les Camerounais sont plus pauvres actuellement qu’ils ne l’étaient dans les années 60, 70 et 80. Pour le Sénégal, c’est seulement en 2015 qu’il a rattrapé son Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de 1961.

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