Que la bande à Sadio Mané sente tout un peuple derrière eux plus que les Egyptiens ne l’ont été derrière les Pharaons vendredi passé. Que les tam-tams, assiko, tabala, tamas… retentissent d’un rythme qui réveillera les cadavres momifiés de l’Égypte
Aliou Cissé, l’entraîneur national, avait bien raison de déclarer qu’au Caire, il fallait avoir un mental de fer pour pouvoir résister à la pression du public égyptien. Lors de la rencontre aller de ces barrages en vue du mondial Qatar 2022 disputée ce vendredi au Caire, les supporters égyptiens n’ont pas failli à leur réputation. Les dernières victimes en date de leur comportement loin d’être chevaleresque ne sont d’autres que Sadio Mané et ses coéquipiers.
Massés dans le «stade de la terreur», les Egyptiens n’ont pas attendu longtemps pour manifester leur jeu favori, celui consistant à déconcentrer l’adversaire par tous les moyens. Tant que ceci se limitait à donner de la voix, créer de l’ambiance dans les gradins pour galvaniser leurs joueurs on peut accepter. Mais quand des supporters se mettent à huer pendant l’exécution de l’hymne national du pays visiteur, cela ne peut être assimilé qu’à un manque de respect vis-à-vis du peuple de ce pays.
Durant toute la partie, le public égyptien a fait montre de malveillance et d’hostilité en fixant des lumières laser sur les visages des joueurs sénégalais pour les gêner. Pis, ils ont déversé toute leur colère sur la star sénégalaise de rang mondial, Sadio Mané, en lui assénant des torrents d’insultes au moment où il regagnait les vestiaires avec ses camarades après leur préparation physique d’avant-match. Diantre ! Pourquoi tant de haine contre Mané ? Que reprochent-ils à l’enfant de Bambaly ? D’avoir offert une coupe continentale à son pays en battant l’Egypte en finale de Coupe d’Afrique des nations ? Si une telle performance est un péché qu’ils se tiennent prêts puisque demain ils auront beaucoup de comptes à rendre devant Dieu, eux qui détiennent en Afrique le record de trophées remportés aussi bien en clubs qu’en équipe nationale…
Donc leurs attitudes inélégantes, aux antipodes de l’esprit chevaleresque, n’ont pas de place dans le sport, facteur d’unité et de réconciliation entre les peuples. Pourtant malgré tous ces actes d’intimidation entrepris par leurs supporters en direction des « Lions », les Pharaons, loin d’être dominateurs, n’ont gagné que par un but à zéro. Une réalisation entachée d’un d’hors-jeu d’ailleurs. De peur d’être taxé de mauvais perdants, nous n’allons pas trop nous attarder sur ce fait de jeu sur lequel les préposés à la VAR, pour une fois, ont failli à leur mission d’assistants.
Pour reparler du public égyptien, on a l’impression qu’il avait oublié que cette rencontre n’était que la manche aller et que, quatre jours plus tard, son équipe nationale serait reçue à Dakar pour le match retour décisif. Qu’il sache que la période où les Sénégalais, au nom de leur «Terangua» ( hospitalité) et de l’esprit sportif, se refusaient toujours à réserver un mauvais traitement à l’adversaire, même après avoir été malmenés par ce dernier, est révolue.
Certes nous sommes et restons un peuple discipliné, champion en accueil chaleureux, comme nous le sommes d’ailleurs depuis le 6 février dernier en matière de football, n’en déplaise à certains. Mais tout de même un peuple qui sait, dorénavant, apporter la réplique à la dimension des provocations reçues ailleurs. Sans le moindre dérapage toutefois…
Dans quelques heures tous les chemins mèneront vers Diamniadio. Les supporters, et non pas spectateurs, vont transformer le tout nouveau stade Abdoulaye Wade, en un lieu de concert riche en couleurs vert-jaune-rouge, en sons aussi. Ils vont également l’inonder de lumières vertes projetées par ces petits outils électroniques (suivez mon regard).
Que tout ce que nous avons comme instruments traditionnels de musique soit mobilisé pour faire vibrer le stade bien avant le début de la rencontre. Au pays du «mbalax», du «yéla», du «dioung-dioung», du «taassou», du «ndaw raabine», du grand tambour major Doudou Ndiaye Rose, de la grande cantatrice Yandé Codou Sène et de tant d’autres, on a de quoi transformer ce stade en une chaudière. En passant rappelons que nos supporters de «Allez Casa» et du «12ème Gainde» détiennent le titre de champions du Monde de meilleurs supporters.
Cet après midi, donc, que Sadio Mané et ses coéquipiers sentent tout un peuple derrière eux plus que les Egyptiens ne l’ont été derrière les Pharaons vendredi passé. Que les tam-tams, assiko, tabala, tamas… retentissent d’un rythme qui réveillera les cadavres momifiés de l’Égypte Antique. Pour que nos chers amis Egyptiens, mauvais perdants de la dernière finale de coupe d’Afrique, comprennent enfin que quand il y a aller, il y a retour….
Youssoupha Ba