Monseigneur Benjamin Ndiaye : « On veut mettre les forages sous tutelle, ce que nous dénonçons car ça ne va pas dans l’intérêt des populations »

par pierre Dieme

« On veut mettre les forages sous tutelle, ce que nous dénonçons car ça ne va pas dans l’intérêt des populations » La semaine dernière, l’Ong catholic relief services (Crs) a pris part à la 9ème édition du Forum mondial de l’Eau de Dakar, en tant que l’un des principaux sponsors avec Caritas Sénégal. Après quatre jours d’intenses discussions avec les décideurs, la société civile, Crs et ses partenaires ont théorisé la gestion communautaire de l’eau comme bien public commun pour éviter le stress hydrique.

Les intervenants se sont inquiétés de la marchandisation grandissante du liquide précieux. « En termes de justice, ce qui nous préoccupe c’est que le privé ne doit pas l’emporter sur la gestion communautaire. La gestion des forages telle que nous l’avons connue jusqu’ici au Sénégal était liée aux communautaires qui étaient comme propriétaires de leurs forages. On veut mettre ces forages sous tutelle, ce que nous dénonçons car ça ne va pas dans l’intérêt des populations », a défendu l’archevêque de Dakar Monseigneur Benjamin Ndiaye. Après une conférence de presse inaugurale le mardi 22 mars, portant sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène (eah), la session spéciale «les religions et le droit à l’eau pour tous » a été organisée par Caritas Sénégal, le mercredi 23, avec la collaboration de Catholic relief services (Crs) et du Dicastère pour le Service du développement humain. Elle a réuni des représentants religieux, experts techniques, intellectuels et professeurs de plusieurs pays, dont Imam Ahmadou Makhtar Kanté, Nouno Mané, historien à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, l’archevêque de Dakar Mgr Benjamin Ndiaye.

Ces derniers ont appelé à plus d’équité pour l’accès à l’eau. Une autre session ayant pour thème «les solutions basées sur la nature pour la sécurité marine et aquatique », s’est également tenue le jeudi.« Il faut d’abord faire la paix avec nos rivières, nos fleuves, nos aquifères. Ensuite, il faut considérer l’eau comme un bien commun, qui soit nécessaire pour tous et ne doit être approprié par personne.

Nous devons récupérer cet aspect de la durabilité et de l’aspect communautaire. Je vous invite à construire une collaboration inter-religieuse avec l’Onu pour promouvoir un débat éthique sans précédent », a affirmé le rapporteur spécial de l’Onu sur le droit à l’eau et l’assainissement, le professeur Pedro Arrojo Agudo.L’imam Ahmadou Makhtar Kanté, a prôné une plus grande démocratisation de l’accès à l’eau et a suggéré un regroupement de religieux pour régler le problème. « L’accès à l’eau est un droit parfaitement, catégoriquement, systématiquement humain.

Le défi est dans l’effectivité de ce droit à l’eau …. On est prêt à proposer un format, une alliance religieuse pour l’eau où il y aura les imams, les évêques». D’ici 2050, près de quatre milliards de personnes, soit plus de 40 % de la population mondiale, pourraient être soumises à un stress hydrique élevé d’après le rapport, « perspectives de l’environnement de l’Ocde à l’horizon 2050 ». « L’eau, c’est la vie. Nous avons, entre nos mains, la vie de nos voisins, et notre propre vie, et nous devons prendre soin de cette eau de la manière la plus équitable possible», avait plaidé Anta Guèye James, la représentante-pays de Crs Sénégal en ouverture du Forum.

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