Le Sénégal peut nourrir des regrets. En sortant du stade international du Caire, Aliou Cissé et ses joueurs seront partagés entre la déception d’avoir offert les trois points à l’adversaire dans une configuration qui rappelle étrangement celle de la finale de la Can 2019, et la satisfaction d’avoir tout de même livré un match solide devant un public ultra chaud et d’avoir encore un joker à jouer dans trois jours, à domicile, avec un retard minimal à rattraper.
Pas sûr qu’Aliou Cissé écoute fréquemment Wally Seck. Il lui aurait emprunté la formule « Diamniadio laa lay xaar ». Le sélectionneur des Lions s’est contenté d’assurer à son adversaire que le public du stade Me Abdoulaye Wade sera au moins aussi chaud et lui garantit la qualification. « Le public de Diamniadio répondra présent et nous nous qualifierons. Aujourd’hui on a bien joué, mais il nous faut cet esprit tueur devant le but », a-t-il lancé en conférence de presse, partagé entre déception et confiance. Pendant 86 minutes, ses joueurs ont dominé, mais un match de football dure 90 minutes et ne commence pas à la cinquième. Hier, alors que les Lions semblaient contenir les assauts égyptiens en tout début de match, que le pire scénario que l’on pouvait craindre est arrivé. Un but d’entrée de jeu, pas aussi matinal que celui encaissé ici il y a deux ans et demi, mais quasiment dans les mêmes standards. A la 4e minute, sur une perte de balle de Bouna Sarr dans son couloir, l’Egyptien Amr Sulaya se voit offrir une récupération haute quasi inespérée et Salah est lancée dans le dos de la défense. La sortie d’Edouard Mendy ne l’empêche pas d’ajuster son tir mais le ballon heurte le poteau… et rebondit sur le pied de Saliou Ciss surpris par la tournure rapide des événements. Les Lions réclameront le hors-jeu, mais l’arbitre ne les écoute pas. Balle au centre, 1-0 pour les Pharaons.
La blessure de Abdou Diallo
Et pour ne rien arranger aux affaires des Lions, Abdou Diallo est contraint d’abandonner ses coéquipiers à cause d’une blessure musculaire. Le Parisien est remplacé par Pape Abou Cissé. Pour le public hôte, c’est un début de rêve. Caire n’en demandait pas tant.
Malgré le coup de massue, les Lions ne paniquent pas et s’en tiennent à leur plan de jeu. En face, l’Egypte recule et cherche à procéder à des contres après avoir réussi le plus dur. A la 27e minute, le coup du sort rattrape l’Egypte. Son rugueux défenseur central Mohamed Abdelmoneim est lui aussi obligé d’abandonner le jeu pour cause de blessure. Dix minutes plus tôt, il s’engageait dans un duel contre Sadio Mané. Le choc lui sera fatal. Abdelmoneim était venu dans l’intention de porter un coup à Sadio Mané, c’est finalement lui qui encaisse le coup. Il sort se soigner et revient deux minutes plus tard. Avant de sortir à nouveau dix minutes plus tard, cette fois ci pour de bon. Après trente minutes sans le moindre tir cadré, le Sénégal lance une petite révolte. Un bloc haut permet une récupération de Saliou Ciss à un mètre de la surface d’El Shenawy. Un contre favorable l’aide à trouver la zone occupée par Famara Diédhiou et Ismaïla Sarr et la défense égyptienne est perturbée. C’est la première occasion sénégalaise mais c’est au prix d’espace laissé au poison Mohamed Salah. Les Lions finissent mieux cette mi-temps qu’ils ne l’ont entamée. Avant d’aller aux vestiaires, ils s’offrent même une dernière situation de contre mal négociée par Sadio Mané qui, après s’être défait de ses deux « gardes du corps », rate la transmission vers Ismaïla Sarr qui avait pris la profondeur. Partir à la pause avec une avance au score, c’est une première victoire pour le bouillant public qui avait quelques appréhensions avant d’affronter son bourreau d’il y a 46 jours.
La révolte… stérile
Au retour des vestiaires, les Lions affichent leur volonté de tenir le ballon et de procéder par des attaques placées. D’entrée, Sadio Mané, puis Saliou Ciss et Bouna Sarr obtiennent trois corners, coup sur coup. Pendant dix minutes, le Sénégal place sa défense à hauteur du rond central et tous ses joueurs de champ donc dans la zone adverse. Les vagues s’enchaînent vers la surface égyptienne qui plie mais ne rompt pas. Et quand le cuir arrive aux pieds de Sadio Mané, le public sent la magie et retient son souffle. Coup de sombrero, contrôle de la poitrine, double contact, le lutin de Bambali éclaire le jeu et éteint son coéquipier en club. L’Égypte est prise à la gorge, n’arrive pas à enchaîner trois passes et ses supporters sifflent l’adversaire davantage par crainte que pour autre chose. A l’heure de jeu, Aliou Cissé utilise une autre cartouche en faisant entrer le véloce Bamba Dieng, à la place d’un Famara Diedhiou emprunté. Puis, c’est Nampalys Mendy, déjà averti en première période, qui fait trembler 17 millions de Sénégalais. Sur un duel aérien, il sonne son vis-à-vis et ne doit son salut qu’à la clémence de l’arbitre congolais Jean Jacques Ndala, droit dans ses bottes malgré la forte pression du public et des officiels égyptiens.
À Diamniadio de jouer sa partition
A la 79e, suite à un coup franc obtenu par Cheikhou Kouyaté, Ismaïla Sarr est trouvé dans la surface. Son tir puissant est détourné par Shenawy sur la base du poteau et le ballon finit sa course en corner. C’est le moment choisi par les Pharaons pour montrer leur vice. Shenawy, puis Trezeguet cassent le rythme en s’écroulant au sol pendant plusieurs dizaines de secondes. Puis le même Trezeguet se rend coupable d’une grosse faute sur Koulibaly. Le capitaine des Lions se tord de douleur, sort du rectangle en boitillant, mais revient quand même terminer la partie. Sur son premier ballon suivant son retour, il ressent toujours la douleur mais demande au banc de le laisser finir la rencontre. Les fautes d’antijeu, les complaintes incessantes sont de sortie. Le pays hôte semble satisfait de la situation. Il mène par un but gag depuis la 4e minute et n’a plus rien essayé. Pour sa part, le champion d’Afrique revit une situation qu’elle a connue le 19 juillet 2019 sur cette même pelouse. Mais, heureusement que cette fois-ci, il y a un match retour. À Diamniadio de jouer sa partition.