RFI, France24, le Mali et…Malpass

par pierre Dieme

Aucune contestation n’a été entendue venant de RFI ou France 24 quand, hier, un édile Sénégalais, Dr. Cheikh Dieng, a été arrêté à la suite d’une marche contre le rapt par un cousin de Macky Sall, en la personne d’Abdoulaye Timbo, de sa victoire à Pikine, lors de l’élection locale du 23 Janvier.
Pourquoi ce silence si bruyant sur ce viol de la démocratie? Défendre les droits démocratiques ne peut se résumer à un plaidoyer pro-domo dans lequel excellent ces médias néocoloniaux.
Rfi et France24 sont, en effet, trop souvent collées sur des sujets qui ne défendent que les intérêts de la France, ou sur des postures qui exaltent les égos de leurs journalistes, qu’elles en sèment le doute dans les esprits des gens indépendants.
Elles gagneraient à parler des crimes politiques et économiques sous nos cieux.
La complaisance dont elles font montre à l’égard de satrapes comme Macky Sall, dont leurs journalistes vedettes cultivent la compagnie, les disqualifient.
Voix de la France, ce sont les indignes héritières
d’une tradition médiatique de révérence au pouvoir politique en France, selon ce qu’en attendait le Général De Gaulle.
Pas surprenant donc que Rfi et France24 soient connues pour leur timidité face aux nombreuses violations des droits humains qu’elles passent par pertes et profits tant qu’ils ne concernent pas ceux liés aux intérêts de la France.
J’en sais quelque chose: arrêté arbitrairement, illégalement, par le régime de Macky Sall, pas un mot ni une tentative de RFI ni France24 pour recueillir ma version ni expliquer au monde la destruction de la démocratie au Sénégal.
Qu’on s’entende bien: je ne cautionne pas la décision du régime militaire malien qui suspend le droit d’émettre de RFI et de France24 à partir du Mali mais ayant entendu l’insistance de ces deux médias sur les tortures alléguées de « terroristes » par l’armée malienne je n’ai pas pu m’empêcher de me demander s’il y avait pas un plan derrière. Surtout que la manœuvre était clairement destinée à salir la réputation de la firme Russe Wagner.
Ce n’était pas nouveau du reste: la même méthode fut appliquée en République centrafricaine où l’an dernier RFI avait mené une campagne tambour-battant pour y exposer, les dénoncer, les activités de la même firme Wagner. Ces temps-ci, pour faire avaler leurs micmacs au service de l’ambition néocoloniale de la France, elles ont même recrute des voix, tirailleurs médiatiques, pour en donner une image démocratique loin d’être leurs objectifs…
La vraie…vérité doit être rétablie. Ayant pris ici position avec fermeté contre la guerre déclenchée, illégalement, bien que justifiée géopolitiquement, par Vladimir Poutine contre l’Ukraine, je suis donc à l’aise pour m’en prendre aux démarches partisanes de ces deux chaines publiques françaises.
Elles doivent franchement se montrer plus indépendantes des intérêts et des mandats du gouvernement français.
C’est pourquoi, je m’étonne de l’empressement de l’ONU, par le porte-parole de son Secrétaire Général, ou encore celui de l’Union des journalistes d’Afrique de l’Ouest, pour ne citer que ces deux cas, à vouloir faire de ces suspensions tout un tintamarre. Nul, parmi ces défenseurs de la liberté d’expression, n’a dit un seul mot quand l’Europe, si en phase avec les autocrates africains, a décidé de fermer les antennes de Russia Today, comme l’une des sanctions contre l’intervention militaire Russe en Ukraine..
Pas une fois, l’Onu ni l’UJAO ni les journalistes africains qui sautillent pour défendre ces médias français mouillés dans la politique néocoloniale française n’avaient eu le réflexe de condamner mon arrestation. Ni de parler des dérives du régime de Macky Sall et d’autres autocrates tant qu’ils sont favorables aux intérêts français.
Rien de tout ceci ne m’étonne. En 1986, sous la direction du Professeur Francis Balle, le plus grand expert français de la communication, j’avais consacré mon mémoire de Diplôme d’études approfondies (DEA) en Sciences de l’Information et de la Communication au sujet suivant: « Les Radios internationales et l’Afrique Francophone: Enjeux et perspectives ».
Ce mémoire, encore disponible dans les archives de l’Institut Français de Presse, à l’université Paris2, détaille la profondeur du lien d’asservissement de ces médias vis-à-vis de leurs propriétaires souverains.
Même la BBC, créée pendant la 2eme guerre mondiale à des fins de propagande, n’échappe pas à ce contrôle. Ne parlons pas de la Voix de l’Amérique qui n’émet que pour des audiences extérieures afin de remplir davantage sa mission de propagande.
RFI et France24, armes de guerre, médiatiques, reproduisant l’action des missionnaires religieux qui avaient déblayé le terrain aux colonisateurs d’antan, ne méritent pas tout ce tralala puisqu’elles ont mêlées dans une campagne de désinformation au Mali.
Que le pouvoir malien ne soit pas démocratique, ni constitutionnellement conforme, ne saurait suffire pour transformer en doux agneaux les embusqués du pouvoir d’Etat français qui avancent, micros en l’air, pour ouvrir la voie aux visées d’un pays qui ne respecte pas les droits démocratiques des africains.
Que la France se montre plus juste quand les libertés démocratiques sont violées en Afrique. Cela lui donnerait le droit de crier au loup quand les espaces de ses médias de propagande le sont comme c’est le cas avec RFI et France24 face à un pouvoir malien qui n’est pas un enfant de choeur.
Emmanuel Macron deviendrait moins ridicule en cessant d’exiger que la CEDEAO se mêle de cette histoire.
Ses journalistes, qu’il commande, doivent être plus équidistants et non plus apparaître comme les amis des pouvoirs africains, les porte-drapeaux des intérêts de la France et ceux des activistes douteux qui font honte à la vraie liberté d’expression qu’ils ne convoquent qu’en des circonstances où des intérêts grégaires, néocoloniaux, sont remis en question.
Que ce soit clair: le temps où la propagande médiatique pouvait se déployer sans conséquences est fini. La tectonique des plaques est implacable. Et des jeunes décomplexés ne se priveront pas de remettre les intérêts de la France à leur place, qu’ils soient des radios, télés, entreprises, capitaines d’industries ou mêmes des pions d’Etat plantés au cœur des pouvoir africains.
Rebelotte: vous nous tympanisez, arroseurs, arrosés! Vous êtes en mission commandée, commando, pas au service de la démocratie ni des libertés. Ni de l’Afrique.
Vos cris d’orfraies font rire. Taisez-vous.
Adama Gaye* est un exilé politique qui a été illégalement arrêté par le régime de Macky Sall en violation des règles autour de la liberté d’expression.
Ps: Mr. David Malpass, The World Bank President, is coming to Senegal this monday to join the jamboree around the Water Sector being held next week.
Let’s make it clear to him: he got to distance himself from the criminal, corrupt and nepotistic regime running the country as we will listen clearly to his message, monitor his collusions-and fix wherever he veers from the truth.

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