Building Mamadou Dia : « non M. Latif Coulibaly, le colonel n’est point fautif ! »

par pierre Dieme

Jamais, depuis les indépendances à nos jours, une réhabilitation d’un édifice public n’a couté aussi cher aux contribuables sénégalais Plus de 37 milliards pour un contrat initial de 19 milliards en 2014. Avec une telle dépense publique, le building Administratif Mamadou Dia devait avoir un héliport et un restaurant panoramique rotatif unique en Afrique.

Il est, dès lors, aberrant pour les citoyens et citoyennes sénégalais de voir ce bijou excessivement cher (le coût d’une des sphères ministérielles de Diamniadio) presque partir en fumé moins de 3 ans après son inauguration à grandes pompes. Ce qui est encore plus scandaleux, c’est d’entendre le ministre secrétaire général du Gouvernement (invité du « Jury du Dimanche » avec Mamadou Ibra Kane), M. Latif Coulibaly, dégagé en touche toute responsabilité de l’entreprise en charge de la réhabilitation pour pointer un coupable imaginaire : le colonel désigné pour la supervision du building administratif.

Avec une grande désinvolture, M. Coulibaly admet que le constructeur avait omis de prévoir un système pour le nettoyage des vitres extérieures et que le « colonel » a eu l’outrecuidance de prendre des décisions dans le cadre de sa mission qui ont abouties à cet incendie. Rien à reprocher au constructeur le plus chanceux du Sénégal.

Non, Monsieur le Ministre, secrétaire général du gouvernement et maire de Sokone, le colonel n’est pas coupable d’une négligence technique qu’un architecte en herbe aurait pu prévoir. Comment peut-on imaginer construire un building dont l’essentiel des façades est composé de baies vitrées et ne pas prévoir un système de nettoyage dont vous avez estimé le coût à 2 milliards. Pour une telle bévue technique, le contribuable sénégalais est dans l’obligation de décaisser encore une fois, après des séries d’avenants, 8 milliards (qui pouvaient être affectés à résorber les abris scolaires provisoires) sans aucune sanction autre que de vouloir faire porter la faute à un colonel de l’armée.

L’État avait-il pris attache avec le génie civil et les services de défense et de sécurité pour avoir leurs avis sur la sécurisation et l’entretien technique de l’Immeuble ? Quel type d’assurance le Gouvernement a-t-il contracté pour la protection de l’Édifice en cas de catastrophe ou incendie ? Avec quelle société d’assurance le constructeur a-t-il contracté et quel est le contenu de la police d’assurance ? Ce sont des réponses à de telles questions que nous « Tax payer » attendons du gouvernement et non à une tentative de diversion en accusant un colonel de l’armée. Cette dernière n’a jamais été la partie contractante.

Cheikhou Oumar Sy
Ancien Parlementaire
Directeur Exécutif OSIDEA

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