Les jeunes des villages de Yoff, Ngor et Ouakam appuyés par les sages ne décolèrent toujours dans leur demande de restitution des terrains que le président de la République a octroyés aux champions d’Afrique
Les jeunes des villages de Yoff, Ngor et Ouakam appuyés par les sages ne décolèrent toujours dans leur demande de restitution des terrains que le président de la République a octroyés aux champions d’Afrique. Ces terrains leur reviennent-ils selon le droit coutumier ? Ou alors ce sont des terres du domaine national attribués à des héros nationaux ? Confronté à son discours de la récente rentrée des cours et tribunaux, le président Macky Sall avait juré qu’il allait restaurer l’autorité foncière de l’État. Si ce même Etat ne cède pas sous la pression sociale et politique comme ce fut le cas des populations de Colobane, Hann, Thiaroye, Pikine, Rufisque et autres impactés du Ter où l’Etat avait débloqué prés de 100 milliards cfa pour les indemniser.
Après une accalmie de quelques jours, les jeunes de Ngor ont encore manifesté leur colère contre l’attribution des terrains de 200 mètres carrés aux Lions de la Coupe d’Afrique des Nations (Can). Pour justifier cette désapprobation, Mame Birane Mbengue, le coordonnateur du Collectif des jeunes des trois communes (Ngor, Yoff et Ouakam) avait brandi le droit coutumier « Nous mettons ces manifestations sur le compte du président Macky Sall pour avoir donné en cadeau nos propres terrains aux Lions. Des terrains de 200 mètres carrés offerts à chaque joueur à côté de l’aéroport Léopold Sédar Senghor alors que ces terrains en question appartiennent à la collectivité Léboue. Nous les avons hérités de nos grands-parents. Nous ne voulons rien d’autre que la restitution de nos terres confisquées par le président Macky Sall » avait-il expliqué lors d’une conférence de presse aux lendemains des violentes manifestations des jeunes. Pour Mame Birane Mbengue, ces terrains offerts aux champions d’Afrique ne sont pas du domaine national ou de l’aéroport de DakarYoff. « C’est un patrimoine privé de la collectivité léboue.
La défaite du ministre Abdoulaye Diouf Sarr lors des élections locales symbolise notre détermination de protéger nos terres. Et nous sommes prêts à faire face à toute personne se rangeant du côté de l’Etat pour nous dépouiller de nos terres, les terres de nos grands-parents » avait déclaré le coordinateur Mame Birane Mbengue. Hier encore, les jeunes de Ngor ont étalé leur colère dans la rue. Alors que dix (10) parmi eux sont actuellement sous mandat de dépôt pour délits d’association de malfaiteurs, participation à un attroupement non-autorisé, entrave à la libre circulation des personnes et des biens, destruction de biens appartenant à l’Etat, violence et blessures à agents de la force publique. Selon nos confrères « Libération », le président Macky Sall avait assuré que les violentes manifestations contre l’octroi des terres de l’aéroport ne vont pas rester impunies. Ainsi, le président de la République s’était offusqué lors d’une visite du Khalife général des Layénes au Palais à l’occasion de la 142ème édition de l’Appel de Seydina Limamoulaye.
L’autorité foncière de l’Etat bafouée ?
À certains égards, la rupture d’une impunité s’impose ! Et le président de la République Macky Sall devait être le déclic ou le curseur de cette impunité, c’est-à-dire joindre le geste à la parole. Comme il l’avait si bien déclaré et juré lors de la récente rentrée des Cours et Tribunaux en réaffirmant sa volonté de restaurer l’autorité foncière de l’Etat. « C’est une volonté irrévocable ! Car je vais réformer le foncier national dans une démarche inclusive et équilibrée afin d’en faire un pilier de l’émergence pour l’équité et la justice sociale » avait- il déclaré lors de son discours marquant la rentrée des Cours et Tribunaux. Pour le Chef de l’Etat, cette question reste une problématique majeure et il leur faut aller donc impérativement vers une réforme qui prendra en compte, l’impératif équilibre entre la sécurisation du foncier et la mise en valeur des terres. Pour le président de la République, cette réforme ne peut se faire que lorsque la sécurité du domaine national est assurée au-delà de toute ambiguïté. Devant les magistrats et avocats, le président Macky Sall avait dénoncé voire condamné les pratiques délictueuses telles que le non-respect des procédures d’affectation et de désaffection, la fréquentation d’immatriculation aux profits de particuliers, ainsi que l’attribution de grandes superficies à des privés.
A ce propos, le président du Conseil supérieur de la Magistrature avait annoncé la mise en place d’un cadastre foncier national et la mise en place d’un portail foncier national afin de permettre, à terme, à tout usager d’avoir accès à l’information géographique « le gouvernement mettra également tout en œuvre, pour renforcer le contrôle par l’État des superficies octroyées, de même que l’accélération de la sécurisation du foncier en milieu rural et éviter ainsi la prolifération des titres privés » s’était désolé le Chef de l’Etat avant de prendre en exemple les emprises sur les voies ferroviaires lors de la construction du Ter « L’Etat avait d’énormes difficultés dans la réalisation de certains projets et autres travaux publics. Je veux parler des difficultés rencontrées dans la réalisation du Train express régional (Ter) et le site des Mamelles qui devait abriter les chantiers pour l’approvisionnement en eau. Rien que pour le Ter, l’État a dépensé plus de 92 milliards cfa pour le paiement des indemnités des populations et autres occupants illégaux du domaine national.
Pourtant, j’avais indiqué clairement au gouvernement que tout bail ou titre foncier, sur l’espace, dont la délivrance serait postérieure au lancement des travaux, ne ferait pas l’objet d’indemnisations » avait-il rappelé avant d’évoquer la servitude non aedificandi, qui désigne une zone non constructible. En tout cas, les manifestations des jeunes de Ngor, Ouakam et Yoff remettent en cause cette problématique foncière. Car les jeunes « villageois » parlent de patrimoine coutumier c’est-à-dire des terres appartenant à leurs grands-parents. De fait et de droit ! Tandis que l’Etat par le biais de l’ancien maire de Yoff Abdoulaye Diouf Sall homologue ces terres dans le domaine national. Toujours est-il que le président Macky Sall risque d’etre rattrapé par son discours de la rentrée des Cours et Tribunaux c’est-à-dire céder à la pression sociale et politique des trois communes (Ouakam, Ngor et Yoff). Exactement comme ce fut le cas des populations de Colobane, Hann, Thiaroye, Pikine, Rufisque et autres impactés du Ter où l’Etat avait débloqué prés de 100 milliards cfa pour les indemniser
Christian SÈNE