Le Président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall, a appelé, hier, au téléphone, son homologue russe, Vladimir Poutine, pour tenter une médiation dans le cadre de la crise en Ukraine.
Dans un tweets, le président sénégalais a révélé qu’il a ‘’sollicité un cessez-le-feu durable en Ukraine’’. Le Président dit ‘’saluer son écoute (celle de Poutine) et sa disponibilité à maintenir le dialogue pour une issue négociée du conflit’’. Dans l’après-midi d’hier, le Kremlin, dans un communiqué, sans démentir les informations rendues publiques par Dakar au nom de l’Union africaine, a mis l’accent sur le fait que Poutine, qui a parlé à Macky à sa demande, ‘’l’a informé des principaux aspects de l’opération militaire spéciale de protection de Donbass en mettant l’accent sur le volet humanitaire’’.
Selon toujours le Kremlin, ‘’En particulier, il a été souligné que le personnel militaire russe prend toutes les mesures possibles pour évacuer en toute sécurité les citoyens étrangers. Nous avons ainsi compris qu’il était également question, au cours de cet échange, du sort des immigrés africains qui avait beaucoup préoccupé l’Union africaine du fait de certains traitements jugés discriminatoires par les pays d’accueil des réfugiés.
En tout état de cause, du fait d’une forme de neutralité affichée, l’Afrique, notamment des pays comme le Sénégal, peuvent jouer les médiateurs. En tout cas beaucoup plus que des pays comme la France qui, malgré les efforts fournis pour faire taire le conflit, sont dans une logique très claire de soutien à l’Ukraine. Certes, d’autres Etats comme la Turquie et Israël, ont fait beaucoup d’efforts dans le sens de la médiation, mais nous estimons que le monde ne s’est pas assez mobilisé. Car, en décidant, malgré la guerre, de s’assoir autour d’une table pour discuter, russes et ukrainiens méritent plus de soutien notamment de la part des Nations-Unies à laquelle ils appartiennent tous, pour une sortie de crise pacifique.
Malheureusement, nous voyons là, l’incapacité de la société des Nations, a être présente quand des crises graves surviennent ou que des guerres éclatent. Quand, le Président Bush a déclaré la guerre contre Saddam Hussein et que son élimination politique et physique a suivie, le pays s’est retrouvé dans une instabilité chronique qui continue à secouer toute la sous-région. Il en est de même de la guerre en Libye contre le guide Kadhafi. Depuis, la région est une poudrière dont souffrent encore des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Et personne n’avait levé le petit doigt pour y mettre un frein.
C’est dire à quel point les mécanismes de prévention et de lutte contre les conflits y compris entre Etats sont obsolètes et inappropriés. Car, tout est laissé à l’appréciation des Etats les plus influents de la planète qui ont une totale souveraineté d’agir à leur guise. Mais, cela ne doit pas empêcher des Etats comme ceux de l’Afrique à agir et à interagir quand le torchon brûle dans d’autres, même lointains, étant entendu que nous avons avec la Russie et l’Ukraine par exemple, une coopération qui dure depuis 60 ans.
Et lors du récent Sommet Chine-Russie en 2019 à Sotchi, une nette volonté a été clairement de se donner la main pour relever, ensemble, les défis majeurs dans l’intérêt bien compris de tous. C’est pourquoi, l’Afrique, face à cette impuissance du monde du fait des intérêts géopolitiques et géostratégiques, a un rôle majeur à jouer.
Sa diplomatie gagnerait cependant à être plus dynamique, moins conformiste et plus entreprenante. C’est pourquoi, l’Afrique doit aussi parler à l’Ukraine et le Président de l’UA se déplacer s’il le faut sur le terrain. Le téléphone ne suffisant pas.
Ce sont en effet des hommes et des femmes que tout rapproche, qui continuent à mourir dans ce conflit et à vivre des situations dramatiques. Autant alors travailler activement à y mettre rapidement un terme et ceci d’autant plus qu’il y a des risques énormes que l’économie mondiale en pâtisse pendant longtemps.
Assane Samb