Elle fait partie de ceux ou celles qui pensent que le Sénégal a sa propre histoire et, par conséquent, doit la fêter à sa manière, le 8 mars. Fatou Sow Sarr, depuis 2008, a commencé à organiser des manifestations pour célébrer plutôt la journée « Talatay Nder », celle du 7 mars, qui célèbre les femmes du Walo qui avaient préféré s’immoler par le feu, plutôt que d’être réduites en esclavage par les assaillants maures. Un choix qui a une explication.
« Je ne suis pas contre le 8 mars. Mais je dis que je ne célébrerai plus le 8 mars au Sénégal. Parce que pendant des années, j’ai demandé à l’Etat du Sénégal d’intégrer la date du 7 mars dans son calendrier républicain. Parce que le 8 mars, c’est les femmes du textile de New-York. Je trouve que les femmes de Nder se sont sacrifiées pour leur patrie et que cette symbolique est encore beaucoup plus puissante, mais elles ne sont pas célébrées. Moi, j’ai toujours dit que la France n’est pas ma référence. Pour moi, nos références sont nos propres valeurs, nos cultures », justifie la Directrice de l’Institut du Genres et de la Famille.
Elle souligne que même ses partenaires en Espagne et d’autres ont aujourd’hui « Nder dans leur programme ». Elle ajoute : « Je ne vois pas pourquoi le Sénégal continue à ignorer sa propre culture, sa propre histoire. Tous les deux ans, je fais une grande manifestation, j’ai fait la bande dessinée sur Talatay Nder qui est distribuée aux écoles avec des partenaires. Mais l’Etat s’en moque. Alors, c’est pour moi une façon de les ramener à leurs responsabilités. » La sociologue d’ajouter : « L’année dernière, je l’ai fait au Musée des Civilisations Noire. Avant, je l’ai fait à Sorano, à l’Université, à Saint-Louis au quai des arts. Maintenant, c’est aux autres de le faire aussi, car il y a beaucoup de personnes qui partagent l’idée. Ce que je peux faire, c’est de rappeler mon rôle, de faire une alerte, une interpellation. »