Dans les semaines et mois à venir, le pouvoir usera sans doute de tous les moyens et de tous les stratagèmes pour diviser l’opposition y compris par des manœuvres dilatoires de toutes sortes. La coalition Yewwi Askaan Wi va-t-elle survivre aux manœuvres machiavéliques de Macky Sall et de son régime ?
À quelques encablures des élections locales du 23 janvier 2021, Khalifa Sall, Malick Gakou, Ousmane Sonko et Cie décident d’unir leurs forces et de créer Yewwi Askaan Wi (YAW). Formée d’une vingtaine de partis et mouvements, Yewwi Askaan Wi envisageait de « présenter une liste commune dans chaque commune et département et poursuivre cette collaboration jusqu’à la présidentielle de 2024 ». Une union payante lors de leur premier combat commun dans la mesure où cette coalition, portée par Khalifa Sall, a gagné pas mal de communes. Les plus en vues sont : Dakar, Guédiawaye, Ziguinchor, Bambey, Thies, Diamaguene Sicap Mbao et Thiaroye Sur Mer. Au lendemain de ces élections au cours desquelles elle a montré toute sa force, la coalition dirigée de Khalifa Sall et Cie risque de voler en éclats si l’on n’y prend garde. Et c’est le parti pour la construction et la solidarité (PCS)/ Jengu Tabax qui a annoncé la couleur en annonçant sa décision de quitter la coalition Yewwi Askan Wi. Boubacar Camara et ses alliés disent avoir noté une volonté de priver leur parti d’élus.
Mieux, l’initiative de la création de Yewwi Askan Wi, dont le PCS/Jengu Tabax a contribué à la mise en place, aurait été dévoyée au profit de soi-disant « grands » leaders politiques qui feraient passer leur carrière politique personnelle avant tout. Un comportement et des pratiques qui, selon le bureau politique, sont contraires aux valeurs que le parti incarne. « Nous félicitons chaleureusement nos militants et sympathisants particulièrement les élus en particulier les femmes et les exhortons à persévérer dans leur attachement au parti et à se mobiliser pour traduire en force politique incontournable leur engagement. Le PCS/Jengu Tabax réitère son ancrage dans l’opposition et plus que jamais déterminé à poursuivre son combat pour traduire en réalité l’aspiration des populations à mieux vivre à travers la mise en œuvre d’un programme économique et social pertinent », concluait le PCS/Jengu dans son communiqué.
À Guédiawaye, Yewwi Askan Wi minorisé par Benno…
Bien qu’ayant perdu certaines villes capitales, le pouvoir n’hésite pas à user de tous les subterfuges pour affaiblir l’opposition regroupée au sein de Yewwi Askaan Wi avant les législatives du 31 juillet prochain. C’est le cas à Guédiawaye où la coalition et son maire élu Ahmed Aïdara ont été fortement minorisés par la coalition Benno Book Yaakar. Laquelle s’est liguée avec la coalition Wallu Sénégal du Parti démocratique sénégalais et Gueum Sa Bop de Bougane Gueye Dani pour rafler 13 des 14 postes d’adjoints au maire comme l’avait promis le maire sortant Aliou Sall à l’issue de la très mouvementée journée du 10 février 2022. Après ce coup de poignard réussi par la coalition au pouvoir pour renverser la tendance en sa faveur à Guédiawaye, Ahmed Aïdara a appelé au dépassement. Mieux, il s’est engagé à travailler avec le gouvernement au service exclusif des populations de Guédiawaye. « Nous tendons la main au maire sortant, Aliou Sall, au président Macky Sall, à l’Etat et à toutes les entités », a déclaré sur un ton calme le nouveau maire. Un engagement qui démontre à suffisance que Yewwi Askaan Wi n’a plus les cartes en main à Guédiawaye et que la coalition Benno Book Yaakar a réussi, quelques semaines après son revers, à retourner les choses en sa faveur…
Barth et Sonko guettés par le syndrome de Khalifa Sall…
Barthélemy Dias, qui comparaissait devant la cour d’appel de la capitale dans le cadre de l’assassinat de Ndiaga Diouf le 22 décembre 2011, a vu l’avocat général solliciter l’augmentation de sa peine de 2 à 5 ans de prison ferme. Une peine qui pourrait lui faire perdre son fauteuil de maire si le juge suit la demande du maître des poursuites. Ce qui ferait d’ailleurs l’affaire de Macky Sall et de son camp surtout à quelques jours des élections législatives. Le verdict est prévu pour ce 18 mai 2022. Le fils de Jean Paul Dias, envoyé spécial du président de la République, n’est pas le seul leader de Yewwi Askaan Wi à avoir maille à partir avec la justice. Ousmane Sonko également.
Le maire élu de cette coalition de l’opposition à Ziguinchor risque de voir son dossier de viols multiples et de menaces de mort bientôt relancé. Inculpé, Ousmane Sonko n’avait dû son salut qu’aux manifestations meurtrières ayant éclaté dans Dakar et autres régions durant la période du 3 au 8 mars 2021. Car, c’est suite à ces violences meurtrières que le leader de Pastef avait réussi à être libéré et placé sous contrôle judiciaire. C’était officiellement le statuquo depuis 12 mois mais, officieusement, le pouvoir manœuvre sans doute depuis lors pour liquider celui qui a réussi entretemps à être élu maire de Ziguinchor. Histoire de le neutraliser avant les élections législatives du 31 juillet prochain mais aussi, et surtout, la présidentielle de 2024. Ce qui ne sera sans doute pas facile. Avec ces deux dossiers et tant d’autres manœuvres machiavéliques du pouvoir en place, Yewwi Askaan Wi devra sans doute surveiller ses arrières dans la mesure où Macky Sall ne lésinera sur aucun moyen pour l’affaiblir et amoindrir ses chances lors des prochaines joutes électorales… Mais l’opposition aussi n’a pas dit son dernier mot !PartagerFacebookTwitterPinterestLinkedInWhatsApp