Il y a une semaine, le président de la République Macky Sall avait décidé, lors du Conseil des ministres, de baisser les prix des denrées de première nécessité comme l’huile, le sucre et le riz. Des mesures à application immédiate afin de désamorcer la bombe sociale renfermant la colère des ménages sénégalais. Malheureusement, les boutiquiers et autres commerçants véreux refusent d’appliquer les nouveaux tarifs au point de défier cette bombe sociale que le président Macky Sall avait tenté de désamorcer.
A l’entame de sa communication de l’avant-dernier conseil des ministres, le Chef de l’Etat avait rappelé au gouvernement son souci permanent de soulager durablement les ménages sénégalais face à la hausse des prix des denrées de première nécessité. De bonnes mesures que les citoyens « gorgorlous » avaient beaucoup appréciées bien qu’il s’agissait de légère baisse qualifiée de bluff tarifaire. Pour preuve, le kilo de sucre en poudre, qui coûtait 625 CFA, passe désormais à 600 CFA soit une baisse de 25 CFA/kg. Ce, contrairement à l’huile dont le litre passe de 1200 CFA à 1100 CFA soit une baisse de 100 CFA. De même que le riz brisé non parfumé, qui coûtait 15.000 CFA le sac de 50 kg et se vend désormais à 13.750 CFA ou le « grand prix » du chef de l’Etat soit une baisse de 25 CFA/kg. Et montrer que la paix sociale n’a pas prix, mais elle a un cout, le président Macky Sall avait décidé d’allouer une subvention de 32 CFA sur le kilogramme de riz paddy. Ce qui porte le prix au producteur à 162 CFA dans le but d’encourager et de soutenir la production locale de riz, Malgré l’arrêté ministériel fixant les prix et les folklores médiatiques autour du concept « bon prix/juste prix », la réalité du terrain demeure têtue. Allez s’aventurer dans les boutiques du coin, hypermarchés et autres commerces ! Le triste constat est le même, les commerçants refusent d’appliquer les nouveaux tarifs. Pour prouver leur refus, leur témérité et leur l’inflexibilité face à l’application des nouveaux tarifs, boutiquiers et commerçants ont encore flambé les prix du sucre, de l’huile et du riz. D’ailleurs pour officialiser ce non-respect de la baisse des prix, l’Union Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal (Unacois/Jappo) avait organisé une conférence dans ce sens « Appliquer l’arrêté du ministre du commerce, c’est de vendre à perte ! Car il est impossible d’acheter la tonne de riz auprès de l’importateur à 262 000 CFA et la revendre à 264 500 CFA sans prendre en compte les frais de transport de 8000 cfa. Donc c’est inapplicable en l’état actuel » se désole le directeur exécutif de l’Unacois-Jappo, Ousmane Sy Ndiaye au lendemain de la notification de l’arrêté ministériel plafonnant les nouveaux tarifs de certaines denrées alimentaires.
MOMAR NDAO ASCOSEN CONDAMNE !
Confronté au refus des commerçants d’appliquer la baisse des prix, Momar Ndao de l’Ascosen se dit frustré par cette posture de défiance « Pourtant lorsque le président Macky Sall avait reçu les commerçants et importateurs pour ces mesures inclusives, ils avaient tous accepté cette baisse ! C’est regrettable de les voir revenir sur leurs décisions » rappelle-t-il avant de fustiger cette hausse généralisée au détriment des pauvres consommateurs « Cette h ausse des prix ne se justifie pas. Car les méthodes utilisées pour augmenter les prix ne correspondent pas à ce qui devrait être. Même s’il y a des variations à l’international, le niveau de répercussion ne corresponde pas à ce qui devrait être. C’est d’une part ce que j’appelle le brouhaha de hausse. C’est-à-dire, dès que les gens annoncent qu’il y a une augmentation au niveau international, les commerçants sénégalais se mettent dedans et profitent de la situation pour augmenter de manière indue les produits alimentaires. Par ma voix, l’Ascosen dénonce l’arrêté du ministre du commerce qui porte le prix du sucre de 600 à 625 CFA. Parce que c’est grâce à notre rejet que président de la République avait demandé que tous les prix soient revus à la baisse, notamment le riz, l’huile et le sucre. Il y a un défaut de régulation car, les prix ne sont respectés par personne. Le ministère du commerce qui a en œuvre la régulation des prix est aux abonnés absents » s’emporte Momar Ndao contacté par « Le Témoin ».
Auchan a raté le coche… de la réconciliation
En cette période de cherté de la vie coïncidée avec le triste anniversaire des émeutes de mars 2021, il est question de déplorer la leçon non retenue par le distributeur français Auchan dont les hypermarchés avaient été pillés, saccagés et incendiés par des manifestants en colère politique et sociale. Il est regrettable qu’Auchan n’ait pas profité de cette hausse générale des prix pour gagner en fidélité et réconcilier avec la clientèle sénégalaise des goorgorlous. Car le bas prix demeure toujours la raison principale pour laquelle un consommateur reste fidèle à un magasin ou à un produit. A plus forte raison qu’un leader mondiale de distribution comme « Auchan » dont l’autorisation de s’installer au Sénégal était liée à un cahier des charges jurant à pratiquer une politique de très bas prix. D’où le rush de nombreux clients et autres consommateurs aux revenus faibles ou moyens vers les hypermarchés Auchan. Malheureusement que nous l’avions récemment déploré, cette politique de bas prix n’était que ruse pour gagner d’importantes parts de marché, ruiner les commerçants sénégalais avant de relever ses prix une fois la concurrence par terre.
Pire que les boutiques de quartiers, le français Auchan n’a pas encore appliqué le récent arrêté ministériel baisant les prix du riz, du sucre et de l’huile. Les bouteilles d’huile dont les prix variaient entre 1.350 cfa entre 1.400 cfa 1.500 cfa/litre selon les marques et la nature. Au delà de la hausse des denrées de première nécessité, Auchan s’entête dans une provocation tarifaire en augmentant aussi tous ses autres produits agroalimentaires et autres boites de conserves très pris par les sénégalais tels que les spaghettis, le lait en poudre, les haricots verts, les petits pois, les tomates etc.
Pour Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), il n’y a aucun partenariat entre son structure et le distributeur français Auchan « Mais cela ne nous empêche pas d’inviter les sénégalais à boycotter les magasins Auchan. Les gens n’ont qu’à aller ailleurs et accepter d’acheter le moins cher. L’essentiel que les prix proposés soient plus intéressants que les prix qui sont autrement proposés dans les autres boutiques. Dans tous les cas, proposer des prix pour attirer la clientèle, pour ensuite les augmenter, ce n’est pas ce que nous attendons des grands distributeurs aux grandes surfaces » regrette le défenseur des consommateurs avant d’ajouter qu’il est plus que jamais déterminé à se faire entendre de manière plus régulière dans son travail de fond visant à obtenir la régulation du marché au profit des sénégalais. En tout cas, Auchan a raté le coche d’une baisse qui devait le rapprocher économiquement et socialement des sénégalais après les regrettables dégâts de mars 2021.
En défiant cette bombe sociale que le président Macky Sall a tenté de désamorcer avec de nouveaux tarifs, boutiquiers, commerçants, importateurs et distributeurs ont du oublier que personne ne sera à l’abri d’une éventuelle fragmentation. Que Dieu sauve le Sénégal des commerçants véreux dont le patriotisme social laisse à désirer.
Pape NDIAYE