Rencontre ministère de l’intérieur- partis politiques sur le montant de la caution , la question du parrainage qui ne faisait pas pourtant pas partie de l’ordre du jour de cette rencontre a été plus qu’un élément perturbateur.
La rencontre entre le ministère de l’Intérieur et les représentants des partis et coalitions politiques sur le montant de la caution pour les prochaines législatives du 31 juillet s’est tenue hier, vendredi 25 février, dans une ambiance électrique. En plus des divergences notées dans la proposition de la majorité (15 millions) et celle de la plupart des autres représentants d’entités, y compris l’opposition (5 millions), la question du parrainage qui ne faisait pas pourtant pas partie de l’ordre du jour de cette rencontre a été plus qu’un élément perturbateur.
Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Antoine Felix Abdoulaye Diome a rencontré hier, vendredi 25 février les acteurs politiques pour recueillir leurs avis sur le montant de la caution pour les prochaines élections législatives du 31 juillet.
Tenue à Dakar, la rencontre convoquée par le ministre de l’Intérieur sur la fixation du montant de la caution pour les élections législatives du 31 juillet s’est déroulée dans une ambiance très particulière. Même si du côté des autorités, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Antoine Felix Abdoulaye Diome, a tenu dans son discours de clôture à magnifier « l’esprit avec lequel cette rencontre s’est déroulée » non sans « féliciter les différents participants, représentants des partis politiques et coalitions légalement constituées et les entités représentants les personnalités indépendantes pour la qualité de leurs interventions », cette rencontre n’a pas permis aux acteurs politiques de s’accorder sur le même montant.
La majorité a brandi une proposition de 15 millions alors que l’opposition et les autres entités ont campé sur 5 millions pour la caution. Par ailleurs, il nous est revenu que la question du maintien du parrainage citoyen pour ces législatives quoique ne faisant pas partie de l’ordre du jour de cette rencontre a été plus que l’élément perturbateur.
En effet, interpellés à leur sortie de la salle, certains acteurs politiques tout en faisant part d’une convergence des positions sur la fourchette de 15 et 5 millions pour le montant de la caution, nous ont confié également que la question de la suppression du parrainage était au cœur de la plupart des interventions. Interpellé à sa sortie de la salle, Kalidou Niasse, mandataire national de la coalition Guem sa bopp a indiqué que sa coalition, pour lutter contre les candidatures fantaisistes, est favorable à une hausse du montant de la caution.
Poursuivant son propos, le partisan du patron du groupe de presse D-Média a cependant dit être contre le maintien du parrainage pour ces élections. « Nous avons demandé l’abrogation de la loi sur le parrainage comme l’a exigé d’ailleurs la Cour de justice de la Cedeao. Le Sénégal est le seul pays au monde où on demande aux candidats à une élection de passer par deux filtres. C’est inacceptable. La demande de la suppression du parrainage a été au cœur de la quasi-totalité des interventions de tous les acteurs politiques qui ont pris la parole. Les gens sont unanimes pour demander à l’Etat du Sénégal de respecter la décision de la Cedeao concernant le parrainage qui a été adopté à l’époque pour bloquer les potentiels candidats qui pouvaient amener l’actuel chef de l’Etat au second tour de la présidentielle de 2019 », a-t-il martelé.
Abondant dans le même sens, Ousseynou Ka, venu représenter la coalition And ligguey sunu gox a indiqué lui aussi avoir demandé au ministre de l’intérieur « de revoir sa copie par rapport au parrainage, quitte à revoir à la hausse le montant de la caution pour empêcher des candidatures fantaisistes ». « Même s’il est une exigence de la Loi, le temps qui nous est imparti ne plaide pas en faveur du maintien du parrainage pour les prochaines législatives. La preuve, on n’a pas encore vidé tous les contentieux issus des élections locales du 23 janvier dernier. Demander dans ce contexte aux partis politiques et coalitions de chercher des parrains dans au moins 7 régions, cela va davantage créer des problèmes », prévient-il.
Revenu lui aussi sur les coulisses de cette rencontre avec le ministre de l’Intérieur, Amadou Sene Niang de la coalition Jotna nous confie que la « plupart des participants ont suggéré que le parrainage soit supprimé pour ces élections comme ce fut le cas lors des dernières locales». « Nous sommes pour la baisse du montant de la caution ou tout au moins le maintien des 15 millions fixés lors des législatives de 2017. Mais, il reste un problème fondamental relatif au deuxième filtre qui est le parrainage citoyen. C’est à déplorer de constater qu’au Sénégal, on a deux filtres pour les candidatures à une élection même si la Cedeao avait demandé le retrait de ce parrainage qui empêche la participation de certains acteurs aux joutes électorales », a-t-il dénoncé.
Même son de cloche chez Ndella Madior Diouf, Sg du parti Réconciliation nationale pour l’Unité africaine (Rnua) qui souligne que la « majorité des participants à cette rencontre est contre le maintien du parrainage. Et tout le monde veut qu’on l’enlève comme lors des Locales. Je pense qu’on n’a pas besoin du parrainage parce que cinq millions, c’est largement suffisant comme filtre ».
En revanche du côté du pôle de la majorité, on dénonce cette attitude des acteurs politiques de l’opposition. « L’ordre du jour de cette rencontre s’articulait tout simplement sur la question de la caution. Mais, insidieusement, on a parlé de parrainage alors que cette question ne fait pas l’objet de la réunion. Le problème du parrainage peut être réglé ailleurs », martèle Marcel Ndiaye, porte-parole du jour du pôle de la majorité Benno Bokk Yakaar qui précise que la majorité a proposé la reconduction du montant de quinze millions arrêtés lors de ces dites législatives de 2017. Estimant de son coté, que le « parrainage nécessite une logistique qui demande des investissements supplémentaires du point de vue financier », Adiouma Sow, représentant de la coalition Yewwi Askan Wi et membre du pôle de l’opposition a indiqué que l’opposition a proposé à ce que le montant de la caution soit maintenu à cinq millions. Et pour justifier cette position, il a évoqué le maintien du parrainage qui, selon lui vise le même objectif que la caution, à savoir servir de filtre et jauger la représentativité des candidats.
ANTOINE FELIX DIOME ROMPT AVEC LA TRADITION EN FERMANT LES TRAVAUX À LA PRESSE
Il faut signaler également que la presse n’a pas été autorisée à assister à cette rencontre. Venus en masse assurer la couverture de cette rencontre, les journalistes ont été priés d’évacuer la salle aussitôt après le discours introductif du ministre de l’Intérieur avant le démarrage des débats. C’est la deuxième fois que la presse n’a pas été autorisée à couvrir ce genre de rencontre depuis la nomination de l’ancien substitut du procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à la tête du ministère de l’Intérieur. Cette mesure marque une rupture avec la tradition connue avec ses prédécesseurs dans ce ministère