Ces excès bien sénégalais

par pierre Dieme

Les aigris, comme ce vilain Kàccoor Bi, peuvent aller se rhabiller. Tant pis pour eux s’ils affichent les rictus des mauvais jours. Le peuple, lui, est dans le temps de la réjouissance. Et la température n’est pas près de baisser. Il faut bien que l’on festoie. Pensez-vous, avoir conquis le cœur d’une dame, lui construire un stade qui n’existe même pas dans certains pays européens, ça mérite bien des «enjaillements » en ces temps de morosité.

Musiques, danses, galéjades tout en mettant les petits plats dans les grands. Il fallait bien en mettre plein la vue à nos hôtes de marque dont six chefs d’Etat. Rendre jaloux certains d’entre eux à qui ce généreux Erdogan n’accorde même pas le plus petit regard. L’inauguration d’une telle infrastructure méritait tous les excès. Et sans modération ! Un véritable joyau dont les recettes ne pourront même pas assurer son entretien et que l’on devra chercher à travers d’autres ressources complémentaires. C’est le département des Sports qui va se saigner pour mobiliser le budget pour entretenir ce stade à 153 milliards ! Et tant pis si à quelques kilomètres de ce joyau, à l’école élémentaire de Diamniadio 4, des élèves étudient dans des abris provisoires. Les pauvres ! Il aura fallu donc 153 milliards et dix-sept mois pour sortir de terre ce bijou. Un record ! On ne sait s’il se situe dans la célérité ou le coût de l’infrastructure.

Dans les deux disons. Pendant ce temps, les chantiers de nos universités sont à l’arrêt depuis des années, s’ils ne peinent à démarrer. Mais quand il s’agit de poursuivre l’euphorie née du 6 février dernier et l’obsession d’être dans les cœurs, on peut s’autoriser tous les excès. Et puis, donner le nom de l’Africain le plus diplômé de Casablanca au Cap à un simple stade, cela ne fait-il pas désordre ? Bon, encore tant pis pour le jeu de la nauséabonde politique. Ne gâchons pas leur bonheur, la fête a été grandiose hier avec un peuple tout heureux d’étrenner un stade aussi luxueux. Seule fausse note à cette belle fête, l’absence de la famille Wade au complet avec Tata Vivi, Sindiely et Karim. Le père, lui, étant occupé à se faire masser ses vieux os. Ça aurait donné à la cérémonie plus d’éclat. En attendant le retour à la dure réalité de la vie après l’euphorie contagieuse.
KACCOOR BI

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