Les sénégalais attendent naturellement beaucoup du nouveau gouvernement qui sera prochainement mis en place avec, cette fois-ci, un Premier Ministre aux commandes pour obvier les absences du Chef de l’Etat qui a la lourde charge de présider aux destinées de l’Union africaine.
Mais, il ne faut pas rêver, il n’y aura pas de miracles. Et pour cause !
Au moins deux obstacles majeurs vont atténuer la performance de ces hommes et de ces femmes qui seront choisis, quels que soient leurs niveaux d’études et leurs expériences.
Le premier est lié à l’architecture institutionnelle en vogue dans notre pays. Nous avons en effet un régime présidentiel où la marge de manœuvre des ministres est très limitée. Ce sont des sortes de ‘’secrétaires’’ du Président, des exécutants de politiques déjà définies par lui.
C’est dire que nous allons simplement assister à une continuité dans l’action publique. Ce sera difficile voire impossible d’assister à des ruptures majeures par rapport à ce qui est en train de se faire même si on peut avoir de nouvelles têtes.
En clair, ce n’est pas au gouvernement de changer, c’est à Macky de la faire. Et tant que Macky n’aura pas changé, le gouvernement, lui, en tant qu’exécutant des politiques publiques qu’il ne définit pas, ne pourra pas changer. Là-dessus, les dés sont pipés d’avance. Il y aura rien de nouveau sous le soleil.
L’autre obstacle majeur, c’est le contexte électoral chargé. A peine les électteurs sortis des Locales, voilà que les législatives sont programmées dans à peine cinq mois. Sans oublier la présidentielle de 2024. Ce qui veut dire qu’il sera extrêmement difficile, pour l’équipe gouvernementale de ne pas penser aux bases politiques, de les nourrir, afin d’être performante aussi, à ce niveau.
Car, c’est le Président de la République qui avait fait le lien. Il a toujours menacé ses collaborateurs qui n’auront pas gagné dans leurs localités de les démettre de leurs postes de responsabilité. D’ailleurs, il l’a souvent fait. Donc, même ceux qui étaient ‘’apolitiques’’ parce que professeurs, technicien ou ingénieurs dans divers domaines pour ne citer que ces professions, ont dû se retrousser les manches pour investir le champ politique.
Dans ce contexte, comment attendre des futurs ministres un maximum de concentrations étant entendu que nous nous acheminons sous peu vers des échéances électorales importantes ?
C’est se voiler la face de croire que ce contexte est favorable à toute performance gouvernementale en termes de management des affaires publiques.
Même si, par ailleurs, nous reconnaissons que tout est priorité, de nos jours.
En effet, dans un pays où tout est priorité, il est tout à fait logique que les citoyens s’attendent à des initiatives majeures qui puissent leur permettre de sortir la tête de l’eau.
Sans dénier à l’équipe gouvernementale, une marge de manœuvre même si elle est limitée, nous pensons qu’il appartient au Président de la République de tout faire pour changer radicalement le cours des choses. En quoi faisant ?
Il nous semble qu’il faudra commencer par rationnaliser la forme de gouvernement sans devoir changer son régime juridique. Le fait de saucissonner les ministères n’a pas été forcément une bonne idée. L’équipe est pléthorique, difficile à gérer avec des chevauchements inévitables dans les champs de compétence, etc. ; il faudra nécessairement restructurer.
L’autre aspect important, c’est de faire appel à toutes les compétences nécessaires quels que soient leurs camps politiques. Et même si elles ne font pas de politique. L’essentiel doit être le résultat.
Et pour finir, la ligne de conduite ne doit pas être de privilégier le résultat politique sur le terrain, mais les performances dans le traitement des dossiers.
Mais, pour tout cela, il faut qu’il y ait une réelle volonté politique de la part du ‘’capitaine’’, celui qui a le bateau en charge.
S’il s’inscrit dans une dynamique de rupture, ses collaborateurs ne feront que suivre.
Assane Samb