Le PS, l’AFP et Rewmi pourront-ils garder leurs ministres dans le prochain gouvernement ? Rien n’est moins sûr, au regard des locales dont ils sont sortis très affaiblis
Le Ps, l’Afp et Rewmi pourront-ils garder leurs ministres dans le prochain gouvernement ? Rien n’est moins sûr, au regard des locales dont ils sont sortis très affaiblis.
Le président de la République prend son temps. Retardée par le sacre de l’équipe nationale de football à la Can, la mise en place du nouveau gouvernement n’est plus qu’une question de jours ou d’heures. Qui seront les membres ? Si les ministres Apr défaits peuvent craindre pour leurs postes, les alliés du Président ne sont pas pour autant rassurés. Le Parti socialiste (Ps), l’Alliance des forces de progrès (Afp) et le Rewmi sortent très affaiblis des élections locales du 23 janvier dernier. Pour le Ps, il est aujourd’hui difficile de connaître son poids électoral. Ce parti mérite-t-il toujours deux ministres ? A la table du Conseil des ministres, siègent Alioune Ndoye et Serigne Mbaye Thiam (il a fait partie de tous les gouvernements de Macky Sall, avec Oumar Guèye et Abdoulaye Daouda Diallo). Si le maire de Plateau a résisté à la vague Yewwi askan wi, Serigne Mbaye Thiam, lui, a soutenu la liste Bunt-bi, victorieuse à Keur Madiabel. Le ministre de l’Eau et chargé des élections au Ps a participé à la chute de Moustapha Niasse qui, avec ses hommes, régnait depuis 22 ans sur cette commune du département de Nioro.
Dans la coalition Benno bokk yaakaar (Bby) depuis 2012, le Ps est plus ou moins phagocyté par l’Apr, réduisant fortement son influence. Abdoulaye Wilane a été prié de céder la mairie de Kaffrine pour migrer au Conseil départemental. Il est reproché à Serigne Mbaye Thiam de n’avoir su bâtir une base politique solide à Keur Madiabel et Nioro. Aminata Mbengue Ndiaye n’est plus la grande «Lionne du Ndiambour» à cause de ses revers électoraux. Battue par Moustapha Diop en 2014 à la mairie de Louga, la Secrétaire générale du Ps a été réduite au statut de soutien lors des dernières échéances électorales. A 9 jours des élections locales, elle a accusé le maire sortant de Louga de «trahison» et a finalement soutenu sans succès, la candidature de l’apériste Mamour Diallo. Pr Gorgui Ciss, l’une des valeurs sûres du parti en termes de base politique, a perdu la mairie de Yène après 20 années aux commandes.
Alpha Bayla Guèye, responsable des cadres socialistes, non investi par Bby, n’a pu éviter la victoire de Barthélemy Dias à Mermoz-Sacré Cœur, malgré sa liste parallèle. Aïda Sow Diawara a été supplantée par Lat Diop à Golf-Sud. En revanche, Jean Baptiste Diouf, vainqueur à Grand-Dakar, a demandé au président de la République de récompenser cette commune. Lors des investitures, beaucoup de responsables socialistes ont été zappés au profit de militants de l’Apr. D’autres soutenaient des candidatures apéristes. Aujourd’hui, le Ps ne contrôle qu’une poignée de mairies. En 2012, Macky Sall avait tenu compte du poids électoral de Ousmane Tanor Dieng pour octroyer 3 stations ministérielles à la coalition Benno ak Tanor. Aly Haïdar, ministre de l’Environnement puis de la Pêche, accompagnait Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye. L’écologiste a été limogé du gouvernement après les Locales du 29 juin 2014, qu’il avait perdues. En 2022, le Ps qui a aussi exclu Khalifa Sall, Barthélemy Dias, Bamba Fall et consorts, semble désormais jouer les porteurs d’eau. L’ancien parti unique qui a dominé la vie politique de 1960 à 2000, va-t-il continuer à jouir de ses privilèges ? Avec 15 députés, 2 ministres et une poignée de Dg ou Pca, le Ps a-t-il bradé son allégeance ? Le remaniement ministériel sera très scruté à la Maison du parti Léopold Sédar Senghor de Colobane.
Partis en perte d’influence
C’est le cas aussi de l’Afp, qui avait 2 portefeuilles dans le gouvernement après l’alternance du 25 mars 2012. Dans le gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye, Malick Gakou aux Sports et Mata Sy Diallo, ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, portaient les couleurs de l’Afp. Lors du remaniement du 29 octobre 2012, Mata Sy Diallo limogée, a été remplacée par Malick Gakou qui a démissionné le 13 février 2013. Depuis, l’Afp n’a qu’un seul ministre, en l’occurrence Alioune Sarr. Si ce dernier a gagné à Notto Diobass, l’humiliation de Moustapha Niasse (43% pour Bunt-bi et 18% pour Bby) à Nioro, pourrait rebattre les cartes. Avec 6 députés et un ministère, l’Afp navigue à vue. A 82 ans, Moustapha Niasse a déjà annoncé qu’il ne sera pas candidat au prochain congrès pour le poste de Secrétaire général du parti. Chez les progressistes, aucune personnalité charismatique ne se dégage alors que l’Afp va à coup sûr perdre le prochain perchoir de l’Assemblée nationale.
Comme le Ps, l’Afp montre des signes d’essoufflement et son alliance avec l’Apr en 2012, l’a électoralement perdue. Pour le Rewmi, l’alliance entre Macky Sall et Idrissa Seck se limitait principalement à Thiès. Avec le revers de Yankhoba Diattara à la ville et la perte des 3 communes, le Rewmi a perdu le seul bastion qu’il conservait jalousement depuis 2000. Déjà fragilisé par Oumar Guèye et Pape Diouf, ses ministres ayant rallié l’Apr en 2013, le parti de Idrissa Seck marche vers l’inconnu et pourrait perdre ses deux portefeuilles acquis le 1er novembre 2020 dans le gouvernement. Avec la recomposition politique, Macky Sall est-il toujours tenu d’engraisser ses alliés traditionnels ? En direction des Législatives de juillet, il pourrait ne pas toucher à l’équilibre de sa coalition. Même si Luc Sarr, son conseiller politique, est conscient de la perte d’influence des alliés : «Il faut revoir l’alliance.»