Si on m’avait jugé en Côte d’Ivoire, j’aurais été déjà condamne a 60 ans de prison

par pierre Dieme

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a évoqué la question des prisonniers politiques en côte d’Ivoire et a estimé qu’il aurait pu en être un s’il n’avait pas été jugé à la CPI.

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a évoqué la question des prisonniers politiques en côte d’Ivoire et a estimé qu’il aurait pu en être un s’il n’avait pas été jugé à la CPI.

Se prononçant lors d’une rencontre à Mama avec la jeunesse de la localité, Gbagbo a évoqué les prisonniers politiques en côte d’Ivoire et a estimé que « tant qu’ils sont en prison, chaque fois que j’ai un micro, je parlerai d’eux ». « Pourquoi sont-ils en prison ? Pourquoi les militaires sont-ils encore en prison aujourd’hui ? », s’est interrogé l’ancien président. « Et puis les gens disent « les militaires de Gbagbo ». Ce ne sont pas les militaires de Gbagbo, je n’ai pas une école de formation militaire. Ce sont les militaires de l’armée ivoirienne que j’ai trouvé là », a-t-il martelé.

Laurent Gbagbo poursuit ses interrogations en demandant « pourquoi sont-ils en prison encore aujourd’hui ? » « On a un conflit post-électoral sur le résultat des élections. Les rebelles attaquent en partant de Toulepleu, Duékoué, pour descendre sur Abidjan. Les militaires avancent pour les stopper, c’est une bagarre entre deux groupes armés. On vient, on arrête le Chef d’Etat, je peux comprendre que le Chef d’Etat est le chef des armées », a indiqué Gbagbo supposant alors que si on arrête le chef de l’armée, pourquoi on s’en prend aux soldats qui ne faisaient que leur travail.

Dans le même registre, Gbagbo suppose également que si les soldats de la crise de 2011 sont encore en prison, lui aurait pu y être aussi s’il avait été jugé en Côte d’Ivoire. « Heureusement qu’on m’a jugé à la Haye parce que si on m’avait jugé avec ceux que vous connaissez ici, je ne sais pas mais peut être que j’aurais déjà été condamné à 60 ans de prison », a-t-il déclaré.

« Alors, on arrête le Chef d’Etat qu’on juge en utilisant toutes les pièces, et en produisant 82 témoins. Au bout des 82 témoins à charge, les juges disent à la défense: ce n’est pas la peine que vous produisez vos témoins parce que les témoins à charge ont déjà déchargé l’accusé. Ce qu’ils ont dit étaient tellement, je ne veux pas être méchant, contradictoire », explique Gbagbo en résumant son périple de huit ans dans les geôles de la Cour pénale internationale à la Haye aux Pays-Bas.

« En plus simple, les juges ont dit que ça leur suffisait comme ça et que nous devions revenir la semaine prochaine pour le prononcé de la sentence. La semaine suivante, mon jeune collègue Blé Goudé et nous, on nous déclare acquittés. On nous déclare acquittés de toutes les charges qui étaient portées contre nous, de déclarations de guerre, d’assassinat, donc rien », indique Gbagbo. Il fait ce rappel pour souligner le caractère injuste du maintien en prison des soldats arrêtés lors de ce conflit.

« La plupart des Généraux sont passés à la barre pour témoigner. Alors, on nous relaxe, on nous acquitté et j’arrive en Côte d’Ivoire pour retrouver que ceux qui obéissent à l’ordre du Président de la République, eux ils sont en prison. Mais ce n’est pas juste. L’armée n’a pas une décision propre pour déclarer la guerre. L’armée fait la guerre quand on lui ordonne de la faire. L’armée défend le pays quand on lui ordonne de défendre le pays. Le cerveau est innocent mais les bras sont en prison. Où est-ce que vous avez vu ça. La tête est innocente mais les bras sont en prison. Cela est injuste et inacceptable », estime Gbagbo.

« Il faut que pour qu’il ait un minimum de justice, qu’on libère sans plus tarder les militaires qui sont en prison. Partout où je passerai je dirai cela. Parce que c’est ça la vérité », a martelé l’ancien président. Notons que la crise post-électorale survenue en Côte d’Ivoire entre 2010 et 2011, a fait environ 3000 morts.

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