Un immense trésor archéologique méconnu du grand public. Les mégalithes qui ont pu être étudiées sur une période allant du 3ème siècle au 16ème dans la zone sénégambienne. En discutant un jour dans le bureau de Hamady Bocoum, un des auteurs à l »IFAN, il me disait que Cheikh Anta Diop aurait dû s’intéresser aussi à ces trésors encore mal exploités qui avaient la même valeur archéologique que Khéops classée parmi les 7 merveilles du monde (4500 ans). Bien évidemment, c’était pas pour disqualifier ses options de recherches sur l’égyptologie et autres centres d’intérêts. Les mégalithes ou concentrations mégalithiques ou tumulus ont pourtant fait l’objet de fouilles archéologiques importantes.
Cet ouvrage de Augustin Holl et Hamadi Bocoum en parle et donne des indications sur leurs intérêts scientifiques. « Les monuments mégalithiques de la Sénégambie répartis entre le Sénégal et la Gambie se retrouvent dans l’extrémité occidentale de l’Afrique de l’Ouest. Les fleuves Gambie et Saloum marquent les limites méridionale et septentrionale de cette aire mégalithique qui s’étend sur 120-150 km nord-sud et 250 km est-ouest, de Tambacounda à Kaolack. Les sites mégalithiques s’étalent sur environ 33 000 kilomètres carrés, répartis en grappes le long des cours d’eau.
Les traditions mégalithiques de Sénégambie apparaissent comme suspendues dans un espace socioculturel mystérieux. Aucune des communautés actuelles – Manding, Diola, Wolof, Sérèr, etc – réparties sur l’ensemble de l’aire mégalithique ne revendique l’héritage culturel représenté par ces monuments. C’est comme si les collectivités des bâtisseurs de mégalithes s’étaient éclipsées de l’histoire sans descendance. Les similitudes morpho-métriques entre un petit échantillon de squelettes extraits des fouilles de Tiékène-Boussoura, Sine Ngayène, Saré Diouldé, Kodiam, Mbolop Tobé et les populations wolof et sérèr suggèrent néanmoins une certaine continuité génétique.
Quelles sont les raisons de cette coupure historique radicale ? Ces monuments ont surpris puis fasciné des générations d’archéologues et de chercheurs amateurs pendant la période coloniale. Le capitaine Duchemin et le docteur Jouenne ont été de ces pionniers sur les traces des bâtisseurs de mégalithes. Cet ouvrage propose une excursion à travers l’œuvre multiforme de tous ceux qui ont contribué à la réappropriation de cette merveilleuse culture qui, pour ne nous avoir pas dit ce qu’elle était devenue, nous invite encore et toujours au rêve, à l’exégèse et à la créativité ».
Dans ce sillage, je vous suggère de lire les travaux de l’équipe de Thilmans, G., Descamps, C, Khayat, В., »Protohistoire du Sénégal. Recherches archéologiques. T.I. Les sites mégalithiques » . Dakar, Mém. IFAN n° 91, 1980, 159 p., 105. Hamady Bocoum à aussi soutenu une brillante thèse sur le thème : « La métallurgie du fer au Sénégal : approche archéologique, technologique et historique » qui prolonge l’important travail mené par l’archéologie au Sénégal. Augustin Holl est professeur à l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense. Hamadi Bocoum à été directeur du Patrimoine culturel au ministère sénégalais de la Culture, directeur de l’Institut fondamental de l’Afrique noire (IFAN – Cheikh-Anta-Diop), et professeur à l’université Cheikh Anta-Diop de Dakar. Il est actuellement directeur du Musée des civilisations noires basé dans la capitale sénégalaise.
NKEN