Démarrage tardif, manque de bulletins, achat de conscience à Kédougou… le COSCE relève les tares du scrutin du 23 janvier

par pierre Dieme

Le scrutin du 23 janvier est émaillé de nombreux couacs. C’est l’avis du Pr Babacar Guèye du Collectif des Organisations de la Société Civile pour les élections (Cosce)

Ayant procédé à l’évaluation des élections locales du 23 janvier dernier, le Collectif des Organisations de la Société Civile pour les élections (Cosce) a relevé quelques manquements qui ont entaché le scrutin. La mission d’observation de la société civile déplore le démarrage tardif, le manque de bulletins dans certains bureaux de vote, les tentatives d’achat de conscience à Kédougou et des altercations entre électeurs. Partant de là, le Pr Babacar Guèye et ses amis formulent des recommandations aux acteurs politiques, à la société civile et à l’Etat pour éviter pareille situation à l’avenir.

Le scrutin du 23 janvier est émaillé de nombreux couacs. C’est l’avis du Pr Babacar Guèye du Collectif des Organisations de la Société Civile pour les élections (Cosce). En effet, la Mission d’Observation Électorale de la société civile a relevé quelques manquements lors des élections municipales, en amont comme en aval. Selon les observateurs, dans 9% des départements, les autorisations pour l’usage des espaces publics pour la campagne d’un candidat ont été systématiquement refusées. Le Pr Babacar Guèye et son équipe ont noté des cas de distribution de produits alimentaires, ainsi que des cas de distribution d’argent par des candidats dans 37% des départements.

Dans le même sillage, le Cosce rapporte des cas d’utilisation de véhicules de l’État, pour la campagne électorale, dans 35% des départements. Par ailleurs, la mission d’observation fait état de quelques actes de violence qui ont émaillé cette campagne électorale et engendrés victimes innocentes. «Ces violences ont en réalité concerné 28% des départements, où des propos incendiaires ou incitant à la violence ou à la haine, ciblant une ethnie, une religion, une région ou un camp politique, ont été observés. Avec des spécificités dans 11% des départements», soulignent les membres du Cosce qui ajoutent que des «propos incendiaires ou incitant à la violence ou à la haine, ciblant des femmes candidates ou l’électorat féminin, ont été aussi rapportés par les missionnaires».

A cela, s’ajoutent des cas d’attaques sur une activité de campagne de l’un des candidats dans 35% des départements. S’agissant en outre du déroulement du scrutin, le Cosce estime que des incidents ont été relayés. Il s’agit de l’absence de matériel électoral à l’ouverture, ayant causé des retards dans le démarrage des opérations de vote, du manque de bulletins dans certains Bureaux de Votes (BV).Une situation qui a contraint les agents à maintenir les bureaux fermés en attendant d’avoir corrigé le manquement. Ce fut le cas notamment à Guédiawaye.

Entre autres couacs, il y a le retard d’arrivée de certains membres de BV, notamment à Dakar (Pikine BV8) et la lenteur du vote dans certaines localités où les électeurs sont appelés à voter à trois reprises. Comme manquements, le Cosce évoque aussi les altercations entre des électeurs. Ce qui a entraîné l’intervention des forces de l’ordre à Dakar, Guédiawaye, Rufisque, Malem Hodar, Kédougou, Salémata, Nioro, Sédhiou, et Saint-Louis. La mission du Cosce rapporte dans son document des tentatives d’achat de conscience à Kédougou (BV1), une intimidation des électeurs ou tentative d’influencer le vote des électeurs par le représentant d’un candidat. Elle a également relevé une autorisation accordée à des détenteurs d’ordres de mission qui ne sont pas inscrits sur la liste comme à Nioro, Foundiougne, et Dakar.

RECOMMANDATIONS PRÉLIMINAIRES À L’ENDROIT DE L’ETAT, DES CANDIDATS ET DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

Compte tenu de tous les couacs qu’il a constatés, le Collectif des Organisations de la Société Civile pour les Elections (Cosce) a tenu à formuler des recommandations aux différentes entités. D’abord, il exhorte l’Etat à œuvrer pour le respect du calendrier électoral, à adopter à temps les actes préparatoires aux élections, à renforcer les moyens logistiques et humains des organes de gestion des élections, et à adopter le décret définissant les modalités d’accès au fichier électoral. Il lui recommande aussi de sécuriser davantage les activités de campagne, de prendre en compte la dimension genre dans la gestion du fichier électoral, de renforcer l’implication des femmes, des jeunes et des personnes handicapées dans le processus électoral.

S’agissant des opérations électorales, souligne le Cosce, il faut améliorer la chaîne de distribution des cartes d’électeurs notamment par une meilleure orientation des électeurs, afficher la liste des électeurs au moins 72h avant le scrutin dans les lieux de votes.

Pour leur part, les partis politiques sont invités par le Pr Babacar Guèye et ses amis à œuvrer pour la pacification de l’espace politique, mais aussi à utiliser des voies de droit pour toute contestation éventuelle des résultats du scrutin, et à renforcer les compétences électorales des mandataires, promouvoir la candidature des femmes, des jeunes et des personnes handicapées. Quid de la société civile ? Elle est invitée à s’impliquer davantage dans l’observation domestique des élections. Et dans cette perspective, renforcer la coordination des initiatives. Mais surtout poursuivre les efforts de pacification de l’espace politique, systématiser une simulation sur la durée du vote de chaque électeur et renforcer l’éducation civique et électorale des populations.

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