« Les critiques sont là, mais c’est le propre de notre métier », dixit Aliou Cissé, face à la presse après le match comptant pour la demi- finale de la Can Cameroun 2021 rem- portée hier aux dépens du Burkina Faso, 3-1, au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé.
« Ça a été un match très difficile. Je félicite cette équipe burkinabé qui nous a créé énormément de problèmes, notamment en première période, on avait mis en place une stratégie, un schéma et la force de cette équipe nous a fait reculer. En deuxième période, il a fallu revoir les choses et ça a été mieux. Je félicite Kamou Malou pour le travail qu’il est en train d’effectuer. Personnellement, je suis satisfait de composter le ticket qualificatif en finale. Nous allons bien la préparer parce que nous savons qu’on aura un grand d’Afrique. Je félicite mes joueurs pour leur implication, j’ai un groupe extraordinaire, formidable. Ça fait 6 ans que je suis là, que je travaille avec l’équi- pe nationale du Sénégal. Je peux vous dire que c’est la première fois, en termes de mentalité, en termes d’état d’esprit que j’ai un groupe comme ça. Quand vous voyez les buts qu’on marque, ceux qui sont sur le banc se lèvent comme un seul homme pour célébrer. C’est une mentalité dont on a besoin et aujourd’hui, je pense que les garçons méritent vraiment cette victoire. »
« Les critiques sont là, mais c’est le propre de notre métier »
« Ce qui m’anime, c’est être fils d’un pays qui s’appelle le Sénégal et que j’aime au plus profond de mon cœur. J’aime travailler pour ce pays ; j’ai envie de leur amener ce qu’on n’a pas jusqu’à présent. Ça fait quand-même des années que nous cou- rons derrière cette Coupe d’Afrique-là. Après, comme vous dites, les cri- tiques sont là, les remises en cause sont là, mais c’est le propre de notre métier d’entraîneur ; c’est le poste qui est comme ça. Après moi, celui qui viendra aussi y goûtera. Les entraîneurs qui étaient dans cette compétition quand ils sont rentrés chez eux, ils ont été bien critiqués. Il ne faut pas prendre les choses au premier degré. En un moment donné, il faut prendre du recul et savoir où on en est. J’ai toujours eu de la foi, de l’humilité, je me suis remis en question parce que les critiques ne sont pas toutes infondées. Par moment aussi, il faut écouter ce que les gens disent. Ça fait partie de l’humilité. Ça fait partie de la progression. Pas seulement de l’entraîneur mais d’un homme. Le football reste ma passion. C’est ce que j’ai toujours voulu faire et le football m’a tout donné. C’est grâce à ce football là que j’existe. Il faut accepter que le football n’appartient pas seulement au sélectionneur surtout la sélection du Sénégal qui appartient à 17 millions de Sénégalais qui ont leur mot à dire. Les journalistes sénégalais ont eux aussi leur mot à dire. On écoute, on prend ce qu’on a à prendre et on avance. Etre en finale aujourd’hui, ne veut pas dire qu’on est les meilleurs. On a constitué cette humilité-là. Il nous reste un match. On n’est pas venu seulement pour jouer une finale mais on est venu pour gagner une finale. Donc, on va bien récupérer pour préparer cette finale-là. »
« Tactique : La clé du match en seconde période »
« Sur les phases offensives et surtout sur les phases défensives, je pense qu’en première période, il y a eu trop de distance entre nos lignes surtout entre la défense et le milieu de terrain. Bertrand Traoré s’y est souvent intercalé pour récupérer les ballons et essayer d’alerter sur les côtés. En deuxième période, il fallait être beaucoup plus compact, serrer les lignes et essayer de les contrer. Effectivement, offensivement, on a été beaucoup plus proche, on a animé beaucoup plus les couloirs et surtout que le ballon a pu rouler plus
qu’en première période où on l’a souvent gardé ; il n’y a pas eu de fluidité dans le jeu, ni de vitesse d’exécution. En deuxième période, ça été bien. Tout cela, c’est du fait qu’on avait en face une très belle équipe Burkinabé. »
« On vient de loin »
« Il paraît que je suis un peu de nature têtu. Je ne lâche pas beaucoup. J’y crois. On a vécu des moments très difficiles. En briefing du match, j’ai rappelé à ces garçons-là d’où on est venus depuis le 27 décembre 2021. Il y a eu des cas de Covid-19, des garçons qui sont restés à Dakar avec 7 joueurs qui y sont restés. Croyez-moi, quand on préparait le match contre la Guinée, il a fallu que je prenne des intendants et des médicaux pour pouvoir constituer une équipe qui fera l’opposition. On vient de loin. Oui, 6 ans à la tête d’une sélection aussi, on apprend. Quand vous faites plus de 70 matchs à la tête d’une équipe, oui vous apprenez aussi. Le chemin, je ne dirais pas que je le connais mais l’expérience que j’aie me montre que, dans les moments difficiles, il faut rester calme, il faut rester serein pour remobiliser et protéger ses joueurs. C’est ce que j’ai fait parce qu’il est important de les protéger. Les critiques m’appartiennent et je ne leur demande que de jouer. C’est ce qu’ils ont toujours fait, et je suis vraiment très fier de ce groupe-là. »
« L’objectif final très proche »
« Nous voulons remporter la coupe et cette envielà ne date pas d’aujourd’hui. Nous aborderons la finale sans pression. Il est important de rester lucide, de penser au jeu plutôt qu’à l’enjeu. C’est ce que je demande toujours à mes garçons : jouer et prendre du plaisir. C’est en prenant du plaisir qu’on arrivera à bien s’exprimer sur le terrain. J’étais footballeur et la seule chose qui m’inté- ressait, c’était de gagner, je suis un gagneur. Je veux inculquer cette mentalité aux joueurs. Ils ont envie de gagner, quand ils ne marquent pas, ils sont fâchés, quand ils ne gagnent pas, ils ne sont pas contents. C’est très important. Donc, s’il n’ y a plus de différence entre gagner et perdre, ça veut dire que vous n’êtes pas des compétiteurs. Nous pensons à gagner, mais nous sommes conscients que pour gagner, il faut jouer. C’est ce que nous sommes en train de faire ».
« Réponse aux critiques »
« Nous sommes tous prêts pour la Coupe, il n’y a pas que moi le sélectionneur ou les joueurs. Il y a une fédération qui est là. Nous travaillons tous en amont. Les journalistes sénégalais en font partie, ils sont sous pression, parce qu’ils ont envie de gagner. Donc, c’est tout un pays qui a envie de gagner. Comme le dit la chanson de Liverpool : you will never walk alone (vous ne marcherez jamais seuls). On a un monde derrière nous, on le sent. La pression est positive. Nous avons bataillé pour être là où nous sommes aujourd’hui. Après, les gens s’amusent à nous faire peur, à nous mettre la pression et nous savons faire la différence entre ceux qui parlent pour nous mettre la pression et ceux qui parlent pour nous faire avancer. Nous sommes très humbles, nous savons que la bataille sera très difficile en finale, mais nous sommes prêts.
« Le rôle de Sadio Mané »
« Sadio est un compétiteur, ça fait pratiquement plus de dix ans qu’il est dans le haut niveau. Il nous porte vraiment dans son cœur. C’est un exemple, un leader technique et social. C’est lui qui donne le tempo à l’équipe, beaucoup de gens me rapproche d’avoir une équipe nationale qui dépend beaucoup de Sadio Mané. J’ai envie de dire que nous les coachs, nous constituons une équipe autour de nos grands joueurs et tous les coachs le font. Aujourd’hui, nous l’avons fait avec Sadio Mané pour qu’il puisse s’exprimer totalement. Pour ce faire, il faut qu’il joue avec de l’intensité. Sa mentalité est bonne, il a de l’humilité. Dans les vestiaires, tout le monde le suit, il est écouté par tout le monde. C’est lui qui donne ma ligne directrice. Donc, c’est très bien pour un entraîneur d’avoir un joueur comme ça. »
« Nous sommes conscients que dimanche, ce sera face à un grand
d’Afrique »
« Je n’ai rien contre le Cameroun, c’est un pays que nous respectons beau- coup. Ils font partie des grands d’Afrique. Mais comme je le dis, nous som- mes le Sénégal, même si nous n’avons pas encore gagné de Coupe d’Afrique. Aujourd’hui, on ne peut pas parler du foot- ball africain sans évoquer le nom du Sénégal. Maintenant, que ça soit l’Égypte ou le Cameroun, nous sommes prêts. Il ne faut pas penser que face à l’Égypte, ce sera plus facile. Pour ce qui est du Cameroun, il faut qu’il se qualifie d’abord. Nous sommes conscients que dimanche, ce sera face à un grand d’Afrique. A nous de bien préparer cette finale. On n’a jamais été aussi proche de la coupe. Il faudra récupérer et juste- ment, ce sera une grosse bataille. Nous dédions cette victoire à tout le peu- ple sénégalais. Après le match face au Cap-Vert, je disais qu’on ira à Yaoundé, à Ahmadou Ahidjo. Je sais que ses priè- res nous accompagnent. Je n’ai jamais eu peur en venant ici à Ahidjo. »
De nos envoyés spéciaux à Yaoundé