Mali-France: L’escalade !

par pierre Dieme

Le Mali vient de donner 72 heures à l’Ambassadeur de France, pour quitter son territoire. Joël Meyer a été convoqué, suite à des propos tenus par Jean-Yves Le Drian jugeant ‘’illégitimes’’ les autorités maliennes de la transition. La goutte de trop qui a fait réagir Bamako d’une façon énergétique.

En réaction, la France a rappelé son Ambassadeur et a évoqué d’autres expulsions notamment de militaires danois et surtout du Représentant de la Cedeao à Bamako.

Pour le moment donc, Paris tempère et n’a pas prononcé, d’expulsion de l’Ambassadeur du Mali. La France dit simplement ‘’prendre note’’ ce qui rompt d’avec le ton peu diplomatique usité depuis quelques temps à propos de l’attitude des autorités maliennes.

Mais, rien n’est pour le moment exclu dans les relations très tendue entre les deux pays. Et Paris est certainement en train de vivre un épisode douloureux, l’un des plus dramatiques avec l’un de ses alliés africains. Car, l’attitude des autorités maliennes ne signifie rien d’autre que les français ne sont plus les bienvenues. Et que, par conséquent, elles ne veulent plus de leurs initiatives, notamment de la force Katuba. C’est cela qu’il faut comprendre.

Bamako a manifestement tourné la page de cette coopération militaire même si les accords de défense existent toujours. La preuve, les nouvelles autorités ont publiquement exprimé le souhait de les revoir. En langage africain, c’est clair : Cela veut dire que c’est fini.

Reste maintenant à savoir si les français vont rester au Mali ou partir. Car, il faut qu’ils comprennent qu’ils ne sont plus perçues là-bas comme une solution mais comme une partie du problème.

Au niveau du Mali en effet, une bonne partie des autorités, des intellectuels et des populations croient dur comme fer, à tort ou à raison, que c’est la présence française qui crée les conditions de la déstabilisation du pays. La preuve, elles se plaisent aujourd’hui à dire que depuis l’arrivée des Russes, des résultats importants sont enregistrés sur le plan opérationnel.

Il se pose alors, à la France, cette question simple : Peut-on aider quelqu’un ou un pays contre son gré ? Difficilement, évidemment !

La France a beau soutenir avoir perdu plus d’une cinquantaine de soldats dans ces différentes opérations au Mali, elle doit savoir qu’elle doit plier bagages. Et que l’injonction ne vise pas seulement la personne de l’Ambassadeur.

En clair, c’est une page nouvelle des relations franco-maliennes ou franco-africaines qui est en train d’être écrite. Et il faudra se résoudre à l’accepter.

Bien sûr, officiellement, Bamako soutient être « disponible » à « maintenir le dialogue et (à) poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France », mais « dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence ».

Une simple déclaration de principe qui cache mal l’exaspération envers l’ancienne puissance coloniale.

En conséquence, il appartient aux autorités françaises, de faire l’analyse qui sied et d’en tirer toutes les conséquences.

Car, même si nous ne pouvons nullement cautionner les coups d’Etat (et nous l’avons soutenu à maintes reprises dans cette chronique), il n’est pas superflu de souligner que cette forme de tutelle que la France exerce en général sur ses anciennes colonies est anachronique et maladroite.

La France a tout intérêt à laisser les pays africains grandir et s’assumer. L’Allemagne a envahi un moment la France. Celle-ci a su rebondir et se remettre debout. Si les maliens sont incapables de se défendre, ils en payeront toutes les conséquences.

Mais, il n’est pas concevable de penser encore protéger des pays souverains en les mettant pratiquement sous tutelle sous prétexte que la menace terroriste est bien présente. Si nos Etats ne peuvent pas se protéger contre des bandes de barbus, ils méritent de disparaître. C’est aussi simple que cela.

A moins que la France n’ait d’autres raisons de rester….

Assane Samb

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