Les résultats sont tombés pratiquement partout pour les locales. En dehors de quelques cas rares de recours annoncés comme à Keur Massar ou Rufisque, les états-majors politiques sont fixés sur leurs sorts. Ce qui ne veut pas dire que certains ne nourrissent pas de crainte par rapport à des ‘’agissements’’ de leurs adversaires. A Thiès, l’opposition a mis en garde.
Benno par exemple se targue d’avoir gagné 75% des communes au niveau de l’ensemble du territoire national et l’opposition réunie autour de Yewi Askan wi rafle 12 communes sur les 19 que compte Dakar. En clair, Yaw a donc réussi une grande percée. Guédiawaye, Rufisque et Sangalkam pour ne citer que ces Mairies tombent dans l’escarcelle de l’opposition. Aujourd’hui donc, l’heure est au bilan. Et pour chaque parti ou mouvement, pour chaque coalition, l’heure est à l’introspection pour tirer toutes les leçons de ce qui vient de se passer. Ce qui n’est pas une mince affaire.
Pour le pouvoir par exemple, il faut surtout se garder de verser dans toute précipitation et conclusions hâtives. Nous comprenons aisément que le temps presse, parce qu’il faut mettre en place un nouveau gouvernement, mais, il est important de se garder de ne pas faire d’autres erreurs après celles, inévitables des investitures dans certaines localités et des listes parallèles. Nous savons que des têtes vont tomber, mais juger ou jauger un leader politique sur la base d’une seule élection surtout celle comme les locales serait probablement une erreur.
A l’image des étudiants, les hommes politiques doivent être évalués par rapport à leur cursus global, leur personnalité, leur assiduité au travail, leur patriotisme, leur dévouement, etc. Car, on ne juge pas seulement des faits, mais une personne. C’est dire que s’empresser à couper des têtes n’est pas forcément une bonne formule d’autant plus que l’évaluation de ces élections doit se faire avec plus de recul en évitant notamment toute forme d’émotion. Quant à une certaine opposition, celle que j’avais qualifiée de ‘’modérée’’ incarnée par le Parti démocratique sénégalais (Pds), Bokk Giss Giss et autres, il faut se résoudre à penser que l’on ne peut pas briller dans des élections si on laisse le terrain politique à d’autres.
Ces partis sont pour la plupart dans une forme d’hibernation. Aussi, revenir pour quérir les suffrages des sénégalais serait maladroit dans ces conditions. Car, les citoyens ne peuvent pas élire des fantômes. Certains partis alliés comme Rewmi de Idrissa Seck, le Parti socialiste, l’Afp et bien d’autres sont dans cette même situation. Du fait du compagnonnage, ces partis se déploient moins sur le terrain. La preuve, les sénégalais ne les voient pas quand ils ont des problèmes, notamment par rapport à la cherté de la vie, au chômage des jeunes, aux problèmes de loyer, d’émigration, etc. Beaucoup de ces partis brillent par leur inertie. Et dans ces conditions, on ne peut pas conquérir le maximum de suffrages.
D’autant plus que la nature a horreur du vide. La reconfiguration du paysage politique est en cours et même la manière de faire de la politique a beaucoup évoluée du fait des nouvelles technologies. C’est dire que les partis qui ne sauront s’adapter auront de plus en plus de difficultés et ceci d’autant plus qu’il y a l’émergence de nouveaux leaders, de nouveaux partis, de nouvelles coalitions.
Pourtant, nombre de ses partis sont suffisamment structurés et avaient le potentiel nécessaire et surtout l’ancrage au niveau national. Ça été alors un gâchis de négliger ce potentiel par des choix sans doute malencontreux.
En clair, si tout le monde tire les leçons qu’il faut, les locales auront alors servi de test grandeur nature et de terrain de préparation pour d’autres échéances électorales non moins importantes.
Assane Samb