Le discours du 31 décembre du président de la République s’est focalisé sur certains aspects de son bilan et sur un appel à la paix et à la sérénité pour les Locales, tout en veillant à condamner la violence sous toutes ses formes. Même si le discours a occulté beaucoup d’aspects, comme la corruption qui gangrène aujourd’hui notre société au point de saper tous les efforts de développement, il n’en reste pas moins vrai que le Président Sall a essayé de porter le seul boubou de chef de l’Etat, en occultant celui de chef de parti et de coalition.
Il a ainsi évité les sujets qui fâchent, ceux à polémique. Même la nomination prochaine du poste de Premier Ministre a été occultée. Et rien n’a filtré sur l’éventualité d’une troisième candidature. Ce qui a été la suite logique de l’initiative prise de ne pas convoquer, cette année, comme à l’accoutumée, une conférence de presse pour parler de l’actualité. Bien sûr, cette posture n’est pas habituelle. Car, même lors de ses tournées économiques, Macky ne se prive jamais de ‘’politiquer’’, en invoquant des questions partisanes et parfois des dossiers de justice ou autres équations à sensation.
C’est vrai que le contexte y est pour beaucoup. La précampagne électorale est une période durant laquelle il n’est pas légalement admis d’aborder des questions qui pourraient être interprétées comme de campagne qu’elle soit directe ou indirecte. Mieux, en février, le Sénégal doit diriger l’Union africaine à la place de la RDC. Macky qui va succéder à Félix Tshisekedi ne demande pas plus que de donner l’exemple en interne afin de montrer un visage rassurant à l’Afrique qui compte sur lui pour défendre ses nombreux dossiers au niveau de toutes les instances où ce sera nécessaire.
C’est pourquoi, nous attendons un ‘’macky’’ pacifié. Celui qui ne sera réellement plus dans les combines politiques. Celui qui va prendre de la hauteur. Ce nouveau dirigeant aura essentiellement pour mission de lutter contre la corruption et la gabegie, les violences sous toutes ses formes et de mettre le pied sur de vraies rampes de lancement. Ce Président auquel nous rêvons ne sera pas obnubilé par sa réélection, son maintien au pouvoir, la protection de ses proches, l’encouragement de la transhumance, etc. Car, c’est seulement à ce prix qu’il sera ‘’libre’’, parce que départi de toute forme de contraintes qui bloquent, que ce soit en interne ou en externe.
Dans le même ordre d’idées, les élections qui viennent doivent être organisées dans une parfaite transparence, ce qui sera le préalable à la sérénité et la paix dont le Président a parlé. Après tout, nous osons espérer que le président Sall veut davantage entrer dans l’histoire et laisser à la postérité, un Sénégal stable, prospère et où il fait bon vivre.
A ce propos, les ménages subissent des agressions de toutes sortes qui font que leurs chefs n’en peuvent plus. Et l’urgence est de soulager la souffrance des Sénégalais. En clair, Macky doit profiter du contexte actuel pour s’amender, rectifier les erreurs du passé, remettre le Sénégal sur orbite du point de vue de la démocratie et de la lutte contre la pauvreté. L’occasion est bonne. Et il ne peut le réussir que s’il évite d’écouter les faucons du Palais qui, en général, ont d’autres agendas. Comme un jour on est appelé à quitter le pouvoir, autant le faire par la grande porte, en évitant au maximum les réflexes d’autoconservation du pouvoir, ce qui a causé la perte d’hommes comme Alpha Condé et bien d’autres avant lui.
Malheureusement, quand on gère le pouvoir et que l’on a tous les moyens entre ses mains, on s’entend dire que l’on est un génie politique. Mais, combien de ‘’génies’’ ont péri après, du fait d’un changement brusque des rapports de force favorisé par les circonstances du moment ? C’est important d’y réfléchir pendant qu’il est encore temps.
Assane Samb