Camp pénal de Koutal : Me Assane Dioma Ndiaye dresse un tableau sombre

par pierre Dieme

 

La grève de la faim entamée, hier, par les prisonniers du Camp pénal de Koutal a occasionné l’évacuation d’un détenu à l’infirmerie de cet établissement pénitentiaire.

Ce dernier était victime d’un malaise et c’est ainsi que ses co-détenus ont interpellé les gardes pour son évacuation rapide au niveau de cette structure sanitaire.

Selon une source, la fatigue commence d’ailleurs à gagner d’autres grévistes et si rien n’est fait d’ici peu, d’autres personnes pourraient elles aussi faire l’objet d’évacuation dans la journée d’aujourd’hui.

Pour rappel, les détenus du Camp Pénal de Koutal sollicitent une part importante de la politique de remise de peine, de liberté conditionnelle et de grâce présidentielle. Pour cette année, seuls deux d’entre eux ont pu recouvrer la liberté…

Pour Me Assane Dioma Ndiaye, Président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) qui appelle l’Etat à « humaniser la détention carcérale », il faut aller vers une politique carcérale moderne avec la construction de prisons modernes répondant aux standards internationaux pour le respect strict des droits humains.

« L’Etat doit humaniser la détention carcérale au Sénégal. Koutal est une maison d’arrêt et de correction très chargée négativement en raison des objectifs qui y avaient été assignés. À l’origine, cette prison était destinée à accueillir des détenus récalcitrants dans des conditions draconiennes. C’était une sorte de béatification, d’expiation. Maintenant cela est révolu. Et quand une institution ne répond plus à l’objectif pour lequel elle a été créée, il faut travailler à son dépérissement. Ce sera très difficile dans l’immédiat, mais il va falloir travailler dans le temps », a-t-il indiqué

Aujourd’hui, poursuit-il, la seule évocation de la prison de Koutal traumatise les familles des détenus. Et ce psycho-traumatisme est un blocage quant à une éventuelle resocialisation ou une réinsertion. « Ce qui est encore plus dommage, c’est la rupture du droit à la visite pour les familles des détenus. Avec des détenus transférés de Dakar, Saint-Louis, Diourbel, Thiès, etc… Imaginez que leurs parents fassent deux cent, trois cent voire quatre cent kilomètres pour leur rendre visite. Il existe donc cette rupture de l’égalité des détenus, le droit à la visite familiale n’est donc pas garanti. En plus c’est une prison vétuste qui ne répond plus aux standards internationaux. Il faut aller vers la construction de prisons modernes qui soient compatibles à la dignité humaine », fulmine l’avocat droit-de-l’Hommiste.

Cheikh Moussa SARR

 

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