« Il n’y a pas pire qu’un médiocre ambitieux »
L’euphorie médiatique et l’excitation des membres du régime, suscité par l’inauguration du TER (train express régional) est l’illustration parfaite de la folie des grandeurs de certains dirigeants africains, au comportement enfantin, dont les « ambitions farfelues » finissent toujours par fondre dans une mare de « désillusions ». Incapable d’arrimer le Sénégal dans le wagon du « décollage économique », Macky Sall agit comme un enfant émerveillé par le TER (train express régional) ; un train de voyageurs. Ne nous y trompons pas : l’emballement sera éphémère, et cédera la place à la désillusion, car la promesse du régime de désengorger Dakar, dont la vie est rythmée par des bouchons monstres ne sera pas tenue, à court et moyen terme. Pour une raison simple : le tarif du TER (de 500 F CFA entre Dakar et Thiaroye ; et 1000 F CFA entre Dakar et Rufisque) est élevé et inaccessible pour la majorité des sénégalais qui peine à assurer les 2 repas quotidiens. Une politique de mobilité urbaine nécessite une démarche rationnelle.
L’idée de décongestionner Dakar est bonne et relève du bon sens, mais c’est la démarche qui est désordonnée et traduit une nouvelle fois, l’amateurisme d’un régime qui confond vitesse et précipitation. La mobilité urbaine doit s’inscrire dans un schéma d’ensemble bien pensé car les politiques de déplacements sont au carrefour de plusieurs enjeux : sociaux, économiques, et environnementaux. Décongestionner Dakar, devenue irrespirable à cause de la circulation automobile et de la pollution passe par des mesures fortes visant à réduire drastiquement la place de la voiture dans la capitale, couplées à des mesures incitatives tendant à diversifier l’offre de transports en commun, dont le tarif doit être abordable pour le citoyen lambda. Pour le TER, cela passe par une politique de subvention volontariste de l’Etat pour le rendre accessible au plus grand nombre. Le sujet ce n’est pas l’inauguration du TER en grandes pompes, mais son accessibilité. Au vu des tarifs affichés, le TER est un luxe pour de nombreux sénégalais, dont la priorité est avant tout de se nourrir correctement. Autant dire que la fin des embouteillages à Dakar, ce n’est pas pour demain. La séquence vécue par les citoyens sénégalais, le lundi 27 décembre 2021 est surréaliste : alors que l’incidence de la pauvreté individuelle est de 37,8% selon des données publiées en juillet 2020 par l’agence nationale de la statique et de la démographie (un taux sous-évalué), que les denrées de première nécessité flambent, que l’accès à l’eau potable est un luxe pour bon nombre de sénégalais, les illuminés du régime promettent encore et toujours « l’émergence aux sénégalais ».
Bientôt, ils promettront aux sénégalais, « le lancement d’une fusée », prochaine étape d’une émergence qui s’est muée en une véritable arnaque.
Il fallait voir toute cette flopée de ministres, et la cohorte de griots et flagorneurs réunis pour admirer les prouesses d’un « train », avec le concours d’une presse de connivence qui a versé ces derniers jours dans une propagande indigeste. Juste pour inaugurer 1 train. Comme quoi, il ne suffit pas de grand-chose pour émerveiller sous nos tropiques !
Dans 3 jours, l’année 2021 s’achèvera avec son cortège de souffrance pour les sénégalais et surtout de scandales à n’en plus finir : entre l’affaire Bougazhelli (le député trafiquant de billets), le trafic de passeports diplomatiques au cœur de la présidence, et les députés passeurs : les sénégalais ont l’embarras du choix.
Sous le magistère de Macky Sall, le Sénégal est synonyme de corruption, de médiocrité, de vol de deniers publics, et de mal gouvernance. La réalité est là et nulle part ailleurs.
Après le spectacle (XHAWARE) du TER du 27 décembre 2021, retour sur terre !
Seybani SOUGOU – e-mail : sougouparis@yahoo.fr