Samedi soir, 28 corps de migrants, dont deux femmes et un bébé, ont été retrouvés sur une plage libyenne à une centaine de kilomètres à l’ouest de Tripoli. Leur état de décomposition avancée indique que le naufrage de leur embarcation a eu lieu il y a déjà plusieurs jours. Certains corps sont alignés à même le sable, d’autres sont déjà emballés dans des sacs mortuaires. Samedi soir, 28 corps de migrants ont été récupérés par les équipes du Croissant-Rouge sur les plages d’Al-Alous à 120 kilomètres à l’ouest de la capitale Tripoli, a déclaré un responsable sécuritaire local. « L’état des corps en décomposition avancée indique que le naufrage est survenu il y a quelques jours », a-t-il ajouté.
Un nourrisson et deux femmes se trouvent parmi les victimes, annonce de son côté l’agence de presse américaine Associated Press (AP).Depuis, les corps ont été emmenés à la morgue de l’hôpital de Khoms, a déclaré le directeur de l’hôpital Osama al-Saket, à l’AP. D’après lui, leur enterrement est « un défi pour les autorités locales », étant donné le grand nombre de cadavres. « Elles peuvent généralement s’occuper d’un ou deux corps, mais pas de 28 ».Trois rescapés ont par ailleurs été découverts, au même endroit. D’après eux, d’autres migrants attendent toujours de l’aide en mer. Le Croissant-Rouge a confirmé que les recherches étaient toujours en cours pour le reste du groupe.Le 21 décembre, Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale des migrations (Oim), avait annoncé la mort, dans deux autres naufrages, de 163 personnes au large de la Libye.
Le premier s’est produit vendredi 17 décembre : 102 personnes avaient perdu la vie en mer au large de Surman, à l’ouest de Tripoli, avait-il indiqué à InfoMigrants. Le lendemain, 61 corps avaient été retrouvés sur un canot intercepté par les garde-côtes libyens au large de Sabratha. À bord du même bateau, les autorités avaient récupéré 210 personnes, dont 35 femmes et 10 enfants. Après cette tragédie, l’Oim comptait 1 508 morts en Méditerranée centrale, depuis janvier 2021.Des sauvetages au large de Zarzis. Malgré la dégradation des conditions météorologiques, les tentatives de traversées sont toujours aussi nombreuses en Méditerranée. Depuis le 1er janvier 2021, 31 500 migrants ont été interceptés en mer par les garde-côtes libyens et renvoyés dans le pays, contre 11 900 l’année passée, selon les chiffres de l’Oim.
Samedi 25 décembre, 48 migrants ont été secourus cette fois au large de Zarzis, au sud-est de la Tunisie, a indiqué à l’AFP le Croissant-Rouge tunisien. Après une panne de leur embarcation, ces exilés, dont 15 Maliens, 15 Syriens et 4 Égyptiens, ont été interceptés par les garde-côtes, a précisé Mongi Slim, responsable de l’Ong pour le sud de la Tunisie. Ils ont été conduits au port d’El-Ketef dans la zone de Ben Guerdane, avant d’être transférés vers trois foyers de l’Oim à Tataouine, Medenine et Zarzis, a-t-il ajouté. Trois jours plus tôt, 28 personnes, âgés entre 14 et 33 ans, avaient été secourues au même endroit par des militaires tunisiens. Pour ces migrants interceptés dans les eaux tunisiennes, très souvent partis de Libye, commence alors une autre étape de leur exil.
Si le pays les éloigne des geôles libyennes où ils subissent toutes sortes de tortures, le quotidien dans le pays reste difficile. En Tunisie, la crise économique touche de plein fouet les migrants, qui pour beaucoup ont perdu leur emploi dans le bâtiment ou le tourisme, les secteurs les plus touchés. Mariam, une exilée guinéenne rencontrée par InfoMigrants en octobre dernier, fait par exemple quelques ménages chez des Tunisiens mais pas suffisamment pour payer ses charges. Trouver de la nourriture pour son fils est devenu une gageure. « L’épicier du coin de la rue me donne parfois des yaourts pour mon enfant mais c’est très difficile, avait-elle confié. Certains jours, on n’a rien à manger ».
Avec Infos migrants