Un des plus grands projets du Sénégal indépendant, le Train Express Régional (TER) est lancé un 14 décembre 2016 par le chef de l’Etat Macky Sall, dans le but de désengorger Dakar et sa banlieue, de mieux connecter Dakar et le Pôle urbain Diamniadio
Un des plus grands projets du Sénégal indépendant, le Train Express Régional (TER) est lancé un 14 décembre 2016 par le chef de l’Etat Macky Sall, dans le but de désengorger Dakar et sa banlieue, de mieux connecter Dakar et le Pôle urbain Diamniadio.
«Aujourd’hui, nous lançons la première phase du projet, entre Dakar et Diamniadio, sur 36 km. D’un coût global de 568 milliards FCFA, toutes infrastructures incluses, les travaux de cette première phase vont durer deux ans et être achevés en 2019. Nous sommes le mercredi 14 décembre 2016. Je donne rendez-vous aux entreprises partenaires le lundi 14 janvier 2019, pour inaugurer la ligne et faire le premier trajet Dakar-Diamniadio en TER. Près de dix mille 10 000 personnes travailleront sur le projet, en emplois directs et indirects. Le projet aura aussi d’autres effets d’entraînement, notamment la valorisation des zones traversées, la réduction des embouteillages et des accidents routiers», avait indiqué le chef de l’Etat Macky Sall, lors de son discours de lancement des travaux du TER. Environ cinq (5) ans après, force est de constater que ce projet d’une grande envergure n’a pas créé que des heureux. La restructuration a empoté des quartiers et occasionné un grand mouvement de déplacement humain. C’est le cas dans la commune de Thiaroye où le projet a traversé 11 quartiers. «Dans le Grand Thiaroye, nous avions 34 quartiers traditionnels et en 1996, à la faveur de la loi 96.06 le découpage avait amputé Thiaroye Gare de plus de 20 quartiers. Le village de Thiaroye Gare qui était composé de 34 quartiers se retrouve avec 11 quartiers» a lancé Libasse Diagne, membre du Cadre pour réunification du Grand Thiaroye. Pour sa part, le délégué de quartier de Touba Thiaroye de renchérir sur la situation cartographique. «Avec la mise en œuvre des travaux des projets de l’autoroute à péage et du TER, Thiaroye a encore subi des empiètements sur ses quartiers. Il ne reste que 9 quartiers ; les quartiers Darou Salam 1, Pikini Bougou et une partie de Layenne ont disparu de la carte à cause du saucissonnage de la commune», semble se désoler le délégué Lamine Diop.
LE TER A ENGLOUTI LE «MARKET THIAROYE»
Sur le plan économique une grande partie du marché sous régional de Thiaroye est impacté. Le «market» est lieu de vente à la sauvette de marchandises et autres produits de seconde main, en occasion, y compris de recel de produits volés ailleurs, les marchands ambulants qui déambulent avec leurs produits en main ou sur la tête dans les rues du market qui grouillaient de monde. Dés fois il faut jouer des coudes pour se faire une place ou se frayer un passage et tendre grandement l’oreille pour entendre son interlocuteur à cause du grand brouhaha qui y règne. Chacun cherche à écouler sa marchandise ; soit un pantalon, une chemise, soient des portables, postes radios, entre autres marchandises. On dit que tout se vend au «market», voire obtenir une lobe d’oreille d’humain. C’est un marché occasionnel «créé» sur les rails où les populations se rendaient pour avoir un matériel en occasion et à moindre coût. Mais, avec les travaux du TER, ce marché d’occasion a disparu de la carte. Les marchands qui le squattaient, avaient continué de fréquenter les abords du TER ; mais l’autorité administrative les repoussait tout le temps, avec l’aide des Forces de l’ordre. Ils ont tenu des points de presse pour exiger un lieu où exercer leurs petits commerces, en vain. Finalement le market a disparu.
LE MARCHE THIAROYE SCINDÉ EN DEUX, IMPACTE SUR LE REVENU DES COMMERÇANTS
La réalisation du TER a scindé le marché Thiaroye en deux parties. Jadis les clients traversaient les rails pour se rendre au marché dont une grande partie intègre aujourd’hui le camp militaire. Des centres commerciaux ont été construits par des promoteurs qui ont subi des pertes à cause de l’inaccessibilité de leurs locaux par les clients. D’autres n’ont pas pu terminer les travaux, faute d’acquéreurs. Des passerelles érigées sur le passage des rails n’ont rien réglé, selon les commerçants établis dans les centres commerciaux. «Nous avons un problème d’accès au marché avec la position des passerelles. Il nous faut des passerelles encore pour les clients qui peinent à accéder au marché et cela impacte nos revenus. Nous allons fermer boutique avec la rareté des clients qui ont des difficultés pour atteindre l’autre côté du marché. Donc seuls ceux qui sont avant les rails s’en sortent», se plaignent toujours les commerçants des centres commerciaux qui continuent de broyer du noir avec cette situation.
GUINAW RAIL IMPACTE, EXIGE PLUS DE CONSIDERATION
Le TER a traversé plusieurs communes, causant des désagréments aux populations riveraines. C’est le cas à Guinaw Rail Sud où le maire, lors du Conseil municipal sur le budget, a dénoncé les manquements causés par le TER car un vaste mouvement de personnes s’est effectué. A cela s’ajoutent des places d’affaires dont les recettes servent à la vie économique de la commune qui sont complètement touchées par le TER et l’autoroute à péage. «Le TER nous a créé d’énormes problèmes sur nos recettes ; nous avions des places d’affaires et un marché ou les femmes gagnent leur vie. Mais avec le TER a tout pris et ces femmes se retrouvent sans activités», déplore le maire Abdoulaye Diop. Et de poursuivre : «nous allons faire un plaidoyer pour que, dans les cadre de leur RSE, qu’on prélève ne serait-ce qu’un franc sur chaque ticket pour ensuite le reverser aux communes que le TER a traversé ; cela nous permettra d’avoir des recettes supplémentaires pour des investissements dans nos communes. Et ce n’est pas normal que le train gagne de l’argent en nous impactant, sans pour autant avoir un retour», clame le maire de la commune.
MACKY SALL DESAMORCE LA BOMBE DE ThIAROYE
Ils sont presque près de 2000 propriétaires de cantines et tabliers qui sont impactés par les travaux du TER dont une grande partie ont été indemnisé par l’APIX. Mais, l’autre partie, sous la houlette du Collectif des impactés, de l’Unacois Jappo, continue de décrier cette situation. Ces commerçants dénoncent ce qu’ils appellent «le dilatoire de l’Etat» sur les indemnisations. Selon les dernières nouvelles le président himself a câblé le président Mamour Thiam pour lui demander de surseoir à la menace de manifester, ce lundi matin, à l’occasion du lancement officiel de l’exploitation commerciale du TER. Ces derniers avaient brandi des menaces de porter des brassards rouges pour exiger la reprise des travaux du centre commercial qui étaient fixés à 3 mois. Ces derniers courent également derrière l’effectivité de leur indemnisation.
LE COLLECTIF NATIONAL DES IMPACTES DU TER DECLARECE LUNDI«JOURNEE NOIRE»
Le collectif regroupant les impactés de Dakar, Rufisque et Pikine, constitués de commerçants, ménages, artisans, brocanteurs et maraichers, déclare ce lundi 27 décembre 2021, jour de la mise en circulation du TER, «Journée noire» pour toutes les personnes impactées. Cette journée sera marquée par un sit-in suivi d’un point de presse pour dénoncer les blocages du processus de médiation-conciliation provoqué par l’APIX. «Le blocage du processus de médiation-conciliation provoqué, à dessein, par l’APIX, prétextant qu’elle n’a pas suffisamment de personnel pour exploiter les 2000 dossiers des plaignants que le collectif lui a soumis, marque le énième traitement désobligeant que l’Etat du Sénégal réserve aux «nouveaux pauvres» créés par l’APIX dans l’exécution du projet TER» s’est indigné Ibrahima Cissé, président du collectif qui pointe du doigts accusateur l’APIX. Ce dernier de renchérir : «aujourd’hui, des milliers de ménages (3500) et d’entreprises (4000 informelles et 70 formelles) sont depuis 2018 spoliées et leurs biens délibérément confisqués par l’APIX, comme de vulgaires agresseurs. Ces biens ainsi que les pertes de revenus et réparations sont estimés par nos experts à plus de cinquante (50) milliards». Le collectif se dit outré par l’absence d’audit des bailleurs auprès des impactés, pour constater réellement la mauvaise application du Plan d’action et de réinstallation par l’APIX. Le collectif, à travers un document remis aux bailleurs, dénonce les manquements et violations des politiques et procédures des institutions financières internationales impliquées dans le projet du Train express régional