Les députés Mamadou Lamine Diallo, Cheikh Bamba Dieye et Aliou Souaré ont reçu, hier, de la plateforme And Samm Jikko yi, le projet de loi criminalisant l’agenda LGBT (Lesbiennes, gays, bi et transgenres). Ces parlementaires vont, à leur tour, déposer une proposition de loi pour la criminalisation des LGBT sur la table de l’Assemblée nationale. Cette proposition de loi, qui vise à modifier les dispositions de l’article 319-3 du Code pénal laissant beaucoup d’échappatoires aux déviants sexuels, risque de donner davantage de cheveux blancs au président de notre auguste Parlement, Moustapha Niass, tant la pression internationale s’est accentuée ces dernières semaines sur notre pays et ses dirigeants pour légaliser l’homosexualité.
Dans un monde où les dirigeants des grandes puissances travaillent sans états d’âme pour faire progresser les droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexes et draqueen, porter un tel projet de loi relève assurément d’un courage inouï. Le jeudi 27 juin 2013, le président de la République, Macky Sall, qui recevait son homologue américain d’alors, Barack Obama, avait diplomatiquement coupé la poire en deux en soutenant relativement à la question de l’homosexualité que le Sénégal n’était «pas encore prêt» pour dérouler le tapis rouge à ces personnes déviantes.
Depuis, la question était laissée en suspens et les homosexuels ne se sont jamais sentis aussi libres qu’au Sénégal où, selon certaines mauvaises langues, ils font la pluie et le beau temps. Aujourd’hui, avec cette proposition de loi criminalisant cette pratique, le gouverne- ment du président Macky Sall est assurément pris entre deux feux.
Celui des lobbies LGBT portés justement par des puissances occidentales de plomber la mise en œuvre de certains projets gouvernementaux d’envergure, d’un côté, et celui non moins redoutable des confréries religieuses qui, une fois n’est pas coutume, marchent cette fois-ci main dans la main avec le peuple pour sauvegarder le peu de valeurs qui nous restent.
Touba, Tivaouane, Médina Baye, Ndiassane, Thiénaba et le clergé catholique, entre autres groupes religieux, en intelligence avec la plateforme And Samm Jikko yi, portent cette proposition de loi. Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, le khalife général des Mourides, suit particulièrement l’évolution de la proposition de loi qui lui tient à cœur. Et selon son proche entourage, il compte peser de tout son poids pour que le Sénégal ne soit pas livré à la perversion des puissances qui veulent nous imposer une société non conforme à nos valeurs et traditions.
Une position exploitée à juste raison par Mame Matar Guèye de l’Ong Jamra qui menace d’exposer à la vindicte populaire les députés qui seront contre ce projet de loi. Le ministre des Affaires étrangères, Me Aissata Tall Sall, semble, pour le moment, résister aux pressions des puissances occidentales qui menacent de fermer le robinet financier et entend faire valoir sa souveraineté.
Devant l’histoire et les hommes, le député Cheikh Bamba Dièye a ainsi appelé ses collègues à prendre leurs responsabilités sans se préoccuper nullement des pressions extérieures. Il a rappelé que l’allégeance des députés doit aller en priorité au peuple et à nos convictions religieuses et non vis-à-vis de l’étranger ou de quoi que ce soit qui n’est pas conforme à nos convictions. «Tout député a un engagement vis-à-vis des populations. Celles-là ne nous ont pas mandatés pour inventer une société qui ne rime pas avec nos croyances et valeurs. Plus de 72 pays dont le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Ghana ont criminalisé cette pratique. Le Sénégal, avec toute cette croyance et la foi dont ont fait montre, ne doit pas rester derrière », a soutenu le député Cheikh Bamba Dieye.
Et de poursuivre, « c’est une question de foi, de responsabilité et de liberté. Il n’est pas question d’inventer une société pour des Français encore moins pour des Américains. Il s’agit pour les Sénégalais d’inventer une société plus conforme à leurs réalités, à leurs convictions religieuses, à la morale sociale de tous les jours » a conclu le député de l’opposition et ancien ministre de la Communication.
Le Témoin