Contre les violences faites aux femmes : Une marche blanche à Dakar

par pierre Dieme

Hier, le Collectif la marche blanche des femmes était dans la rue, à Dakar. C’est pour dénoncer les violences domestiques, conjugales physiques et psychologiques, violences sexuelles, viol, mariage précoce et forcé, exploitation sexuelle, féminicides, crimes dits «d’honneur», mutilations génitales, abus et exploitation des enfants, dont sont victimes les femmes, filles et enfants.

Un silence bruyant, à travers des slogans comme «Na fi yam, ça suffit !». Des femmes de tous les âges, venues d’horizons divers, ont tenu hier une marche blanche en faveur de la paix pour tous et l’éradication des violences faites aux femmes, filles et enfants. Elles ont arpenté les allées du Centenaire, allant de la Place de la Nation, ex-Obélisque, à la Rts, affrontant le vent chargé de poussières, pour une cause qui leur tient à cœur. Une procession silencieuse, déchirée par moments, par des bruits venant des alentours. Des hommes se sont aussi joints à la cause sous escorte policière.
Dans son manifeste, le Collectif la marche blanche des femmes (Collectif Mbdf) a exprimé ses préoccupations au président de la République, Macky Sall. Ses membres demandent ainsi la reformulation de façon plus égalitaire, des dispositions discriminatoires du Code de la famille à l’égard des femmes, notamment en ses articles 152 et 153 (sur le choix du domicile conjugal), les articles 196 aliéna 1 (interdisant la recherche de paternité) et 277 aliéna 2 (donnant un second rôle à la femme dans l’exercice de la puissance paternelle), ainsi que la révision de l’article 166 pour mettre plus d’emphase dans les violences comme cause de divorce.
Elles réclament aussi le renforcement du cadre de mise en place de mutuelles pour la protection de la femme, la mise en place de structures spécialisées de prise en charge pour accueillir les victimes. Autre revendication, c’est la mise en place d’un cadre pour faciliter l’accès à la Justice des victimes, en assurant au besoin leur anonymat et accès à l’aide judiciaire et un numéro vert national pour signaler les urgences en cas de violence.
Par ailleurs, le Collectif Mbdf veut une réforme du Code pénal renforçant la lutte contre les violences faites aux femmes, en étendant l’article 319 bis, qui réprime le harcèlement sexuel au-delà de la sphère professionnelle, une généralisation de la peine maximale, quand l’infraction est commise sur un mineur de 17 ans, autonomiser dans l’article 320, le viol conjugal et celui incestueux et l’aggraver en cas de minorité de la victime, consacrer une infraction spécifique de meurtre contre une conjointe, au même titre que le parricide. Il souhaite également voir un programme national multisectoriel, en vue de l’adoption de bonnes pratiques de prévention et prise en charge des femmes, filles et enfants victimes de violences.
Le Collectif la marche blanche des femmes est né d’un constat et ses fondatrices pensent qu’il y a urgence pour des actions durables, synergiques et de grande envergure, d’où sa mise sur pied. Ses membres constatent qu’au Sénégal, ces dernières années, les violences faites aux femmes et enfants ont pris des dimensions inquiétantes, sous toutes les formes. Il s’agit notamment des violences domestiques, conjugales physiques et psychologiques, violences sexuelles, viol, mariage précoce et forcé, exploitation sexuelle, féminicides, crimes dits «d’honneur», mutilations génitales, abus et exploitation des enfants. Et selon elles, le Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre et la promotion des droits humains au Sénégal, adopté en 2015, rend compte d’un grand fléau qui gangrène la vie quotidienne des femmes, avec une insuffisance du cadre de prévention et de prise en charge de ces violences. Ces dernières, d’après ces femmes, constituent une atteinte grave aux droits fondamentaux des enfants, filles et femmes, avec des conséquences néfastes sur leur bien-être physique, mental et économique.
Avec plus de 700 membres à son actif, composés de citoyens du Sénégal et de la diaspora, de regroupements et d’associations professionnels, de la Société civile nationale et internationale et de structures du secteur public et privé, le collectif est apolitique et laïc. Son ambition principale est de fédérer tous les acteurs et actrices de la lutte contre les violences faites aux femmes, filles et enfants. Il se veut un levier de plaidoyer pour la mise en œuvre d’actions, en vue de l’éradication de toute forme de violence faite aux femmes.

Par Aliou DIALLO 

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