Son pays est en train de payer un lourd tribut face à la montée du djihadisme. C’est pourquoi Imam Mahmoud Dicko implore l’indulgence de la CEDEAO qui a, récemment, pris de nouvelles sanctions contre les autorités maliennes au pouvoir. Pour lui, la solution ne réside pas dans les sanctions économiques ou financières.
Le Mali, a-t-il indiqué, a besoin de l’assistance de tous ses partenaires. « Le Mali est déjà un pays qui traverse une situation tellement difficile, si on n’y ajoute des sanctions, cela va être très compliqué. C’est comme un grand malade à qui on administre trop de médicaments, ça risque de lui faire mal, si vous lui interdisiez aussi des médicaments, ça sera pire. Je crois réellement qu’il faudrait de l’indulgence ».
« Aujourd’hui, poursuit l’imam, le pays traverse des situations très difficiles. Y ajouter des sanctions économiques, qui peuvent amener des problèmes dans le quotidien des populations, est une question très difficile et très délicate. Je suis imam par conséquent, je suis très sensible à la situation des populations. C’est la raison pour laquelle je m’étais engagé dans ce combat pour aller vers le changement ».
Acteur Majeur dans le M5, mouvement qui était à l’origine du départ du président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta, Imam Dicko estime que les changements voulus au Mali nécessitent du temps. S’il en est ainsi, c’est parce que les défis sont énormes. Et, les nouvelles autorités maliennes s’y attèlent. « Pendant que l’on était dans le M5, de jeunes gens, ayant la même volonté que nous, des militaires de notre pays, ont jugé nécessaire de venir arrêter les choses pour que ça ne se transforment pas en bain de sang. Ils ont fait cette intervention (le coup d’Etat, Ndr). Aujourd’hui, ils sont au-devant scène. Avec l’inexpérience et le nombre de défis, ils ont pas mal de problèmes. La gestion d’un pays, pour des gens qui sortent d’une caserne ou d’une unité spéciale pour se retrouver en face de tous ces problèmes, tous ces défis auxquels notre pays est soumis, n’est pas quelque chose d’aisée. Il y a des ratés, des tâtonnements, beaucoup de choses qui font que nos partenaires doivent être patients et indulgents. Surtout que nous faisons face également à cette situation de djihadisme », plaide Imam Dicko.
Au Sénégal, depuis deux jours, dans le cadre d’un forum sur le rôle des chefs religieux dans la résolution des conflits, sous l’initiative du système des Nations Unies, imam Dicko a lancé « un appel à tous les décideurs du monde, des pays amis du Mali, des organisations régionales, sous régionales, continentales, Nations Unies, demander leur indulgence pour comprendre vraiment le peuple malien, l’accompagner, l’assister pour traverser ces moment ô combien difficile ». Cette indulgence est plus nécessaire, parce que, renseigne-t-il, face à la montée du djihadisme dans le Sahel, le Mali constitue la digue. Par conséquent, « s’il cède, tous les autres pays vont céder ».