Le mouvement Y’en a marre et le collectif Frapp France dégage ont tenu hier, vendredi 16 décembre, leur rassemblement citoyen pour l’indépendance de la justice
Le rond-point Vieux Sing Faye sur les Allées du Centenaire a vibré hier, vendredi 16 décembre, aux sons de la contestation à l’occasion du rassemblement citoyen organisé par le mouvement Y’en a marre et le collectif Frapp France dégage pour l’indépendance de la justice. Au centre des messages des responsables d’organisations de la société civile, politiques et associations de travailleurs qui ont répondu à l’appel de ces deux structures, plusieurs revendications dont l’arrêt de la politique de destruction des panneaux de régies publicitaires nationaux, la fin des injustices au Sénégal, l’indépendance de la justice pour ne citer que ceux-là.
Le mouvement Y’en a marre et le collectif Frapp France dégage ont tenu hier, vendredi 16 décembre, leur rassemblement citoyen pour l’indépendance de la justice. Sur le rond-point Vieux Sing Faye sis aux Allées du Centenaire qui a finalement accueilli ce rassemblement alors qu’au début, les organisateurs voulaient une marche qui devait se tenir de la grande porte de l’Université Cheikh Anta Diop jusqu’à l’Assemblée nationale, plus de quinze organisations de la société civile, politiques et associations de travailleurs ont répondu à l’appel des activistes de Y’en a marre et de Frapp France dégage. Sur les pancartes, on pouvait lire plusieurs slogans du genre : « Je suis sénégalais, Non à la destruction massive des panneaux publicitaires », « Arrêtez le massacre +10 000 emplois sacrifiés » ou encore « 10 000 emplois dans l’air ».
Tour à tour, devant le micro installé sur une tribune, plusieurs responsables de ces collectifs ont pris la parole pour fustiger le deux poids deux mesures dans la gouvernance des affaires du pays par le régime en place du président Macky Sall qui, selon le leader du collectif Frapp France dégage, Guy Marius Sagna, est le premier responsable des injustices qui vivent les Sénégalais. «Si tu veux de l’émergence, il faut d’abord avoir une justice au service du développement et de l’émergence, qui ne reste pas là à regarder les ministres du président voler les ressources de ce pays ; une justice qui ne reste pas là à regarder le directeur général de la Poste faire de cette structure sa dibiterie. Une justice au service du développement, c’est une justice qui veille sur la bonne gestion des deniers publics, qui protège les éleveurs, les agriculteurs de la boulimie foncière », a-t-il dénoncé dans son discours. « Si nous disons que la justice n’est pas impartiale, c’est à cause de la mainmise du président Macky Sall sur son fonctionnement. Il décide de qui va être jugé et condamné et qui ne doit pas l’être, d’emprisonner Khalifa Ababacar Sall, Karim Wade, Kilifeu en laissant libres tes partisans dont Seydina Fall Bougazelly, Siré Dia ancien Dg de la poste, son successeur Abdoulaye Bibi Baldé et Aliou Sall, ton frère. Nous allons poursuivre le combat non seulement sur le plan de la mobilisation mais aussi sur le plan de la réflexion pour que notre justice soit indépendante », insiste encore Guy Marius Sagna avant de faire remarquer dans la foulée. « Il faut reconnaitre également que même si le président Macky Sall est le principal responsable de cette situation de dépendance de notre justice, certains acteurs de la justice, notamment les magistrats qui, pour des avantages, refusent eux-mêmes d’être indépendants. Honte à eux puisque Macky Sall ne siège pas au tribunal. Il faut également dénoncer nos comportements quand nous avons des affaires pendantes devant la justice. Ensuite, nous avons nous aussi notre part de responsabilité, à chaque fois que nous cherchons les contacts des juges ou responsables de prisons pour éviter à un proche le mandat de dépôt ou lui obtenir des faveurs une fois en prison. Les privilèges doivent être distribués à tout le monde en prison ».
Prenant la parole auparavant, Ahmet Aïdara, leader du Mouvement Guediawaye la bokk et candidat de la coalition Yewwi askan wi pour la mairie de la ville de Guédiawaye semble conforter cette idée de Guy Marius Sagna concernant le refus de certains magistrats à assumer leur indépendance vis-à-vis de l’exécutif. « Ce sont les acteurs de la justice qui ne veulent pas eux-mêmes être indépendants. Car, les textes sont clairs, il y a indépendance entre les pouvoirs. Maintenant, il appartient aux acteurs de la justice de prendre leur responsabilité. Tout le monde sait que mon patron fait de la politique et il dirige pour les prochaines locales une coalition, pourtant cela ne m’a pas empêché d’intégrer la grande coalition Yewwi Askan Wi», a-t-il estimé. Poursuivant son propos, il invitera les jeunes à maintenir la mobilisation non seulement contre la destruction des panneaux publicitaires qui ne visent que, selon lui, à ouvrir les portes du marché publicitaire sénégalais aux Français mais aussi pour sanctionner le régime en place lors des prochaines locales.
Présent également lors de ce rassemblement, Dame Mbobj a pris la parole au nom de la coalition Le peuple pour dénoncer la destruction des panneaux publicitaires. Selon lui, l’Etat du Sénégal veut tuer les régies publicitaires nationales pour donner le marché à une entreprise française du nom « JCDecaux». « L’injustice doit cesser dans ce pays et le président doit cesser sa politique de destruction des emplois. Le président Macky Sall doit arrêter la violence, les agressions contre les étudiants. A défaut, il fera face à nous. Nous ne signerons aucune charte de non-violence tant que le président Macky Sall continuera sa politique d’injustice dans ce pays », a martelé Dame Mbodj. Prenant également la parole du nom du Congrès de renaissance démocratique (Crd), Pape Sarr a indiqué que leur structure « partage sans réserve le combat de Y’en a marre et Frapp pour une justice plus juste tout en prévenant : « Nous n’accepterons pas dans ce pays une justice pour les gens du pouvoir et une justice pour le reste des Sénégalais. Macky est prêt à faire du Sénégal un pays d’injustice ».
Dernier à prendre la parole, lors de cette rencontre à laquelle les ténors de la coalition Yewwi Askan Wi n’ont pas pris part hormis Ahmet Aïdara, Thiat du mouvement Y’en a marre a indiqué que ce rassemblement n’est que le début de leur combat contre les injustices du régime en place. « On s’est trompé dans le casting en portant Macky Sall au pouvoir. La série de manifestations va se poursuivre pour une Justice pour tout le monde».