La galère des acquéreurs de parcelles de la sn-hlm de Thiès

par pierre Dieme

Leurs versements détournés par l’ancien chef d’agence de la société nationale

Dans le cadre du programme des Unités 4 et 5 des Parcelles Assainies de Thiès, des dirigeants de la SN-HLM avaient prévu d’attribuer des parcelles viabilisées à des citoyens à faible revenu. Dans le lot : des veuves, des vendeuses de légumes, des retraités etc. Hélas, la promesse n’a pas été tenue, ce qui pousse les concernés à vouloir mener un combat contre la SN-HLM pour la restitution de leur « dignité humaine ».

Pour réclamer l’attribution de leurs terrains dont le coût a déjà été payé ou la restitution de leur argent par la Sn-Hlm, ces ayants droit, regroupés au sein d’un collectif, prévoient d’organiser un grand rassemblement ce dimanche 19 décembre 2021 sur le site des Parcelles Assainies de Thiès à l’Unité 4. Pour ce faire, ils ont informé toutes les autorités administratives de la région à commencer par le gouverneur de la région, le préfet du département entre autres. Dans le souci de régler définitivement ce problème, le collectif renseigne qu’il avait adressé une lettre de demande d’audience à l’ancien directeur général de la SN-HLM, M. Mamadou Kassé. « Mais il n’a jamais voulu nous recevoir. Il a fallu l’intervention du ministre des Forces armées d’alors, M. Augustin Tine, pour qu’il nous reçoive. Lors de cette audience, après exposition de notre situation et avoir souhaité régler définitivement le problème en vue d’obtenir nos parcelles, M. Kassé nous avait fait savoir que les terrains nous ont été effectivement déjà attribués. Mais puisque les versements ont été détournés par l’ex-chef d’agence, la seule solution était de payer à nouveau et ensuite, traduire en justice M. Thiam », explique avec beaucoup de désolation le porte-parole du collectif. Bien entendu, face à une telle proposition, les victimes avaient refusé catégoriquement l’offre du directeur général. « Nous n’avons pas trouvé Cheikh Thiam dans la rue ni chez lui, mais dans les locaux de la Sh-Hlm où nous avons versé notre argent. Par conséquent, tout acte qu’il y a posé relève de la responsabilité de la société qui l’emploie », avaient objecté les membres du collectif à M. Kassé. Au cours d’un sit-in organisé devant les locaux de la société à Thiès, le collectif avait pris la SNHLM comme responsable de cette gestion financière calamiteuse de son agent et dénoncé certaines pratiques menées par des prédateurs fonciers qui se sont accaparés de certains de leurs terrains pour les revendre sans que la SN-HLM s’y soit opposée. « Certains membres du collectif ont eu à payer deux fois sans jamais être attributaires d’un seul mètre carré de terre », s’est désolé M. Alioune Ndiaye qui souhaite que les victimes soient rétablies dans leurs droits.

Le détournement découvert après le départ à la retraite du chef d’agence Cheikh Thiam

Aux candidats à l’attribution de parcelles ou de terrains à usage d’habitation, l’alors chef d’agence de la Sn-Hlm, M. Thiam, leur avait exigé une photocopie de la carte d’identité nationale en plus d’un acompte de 500.000 FCFA. Le prix des parcelles variait en fonction de la superficie. Les s parcelles de 150 m2 valaient 930.000 FCFA à raison de 6.000 FCFA le mètre-carré, plus 30.000 FCFA de frais de dossier. Les parcelles de 225 m2, elles, valaient 1.650.000 FCFA en plus des frais de dossiers. Selon le président du collectif des victimes, Alioune Ndiaye, tous les membres du groupe ont été attributaires. Donc, ils ont versé au moins le montant de l’acompte et procédé au règlement du reliquat par tranches. « Il y en a qui ont versé la totalité du prix de la parcelle, d’autres n’ont pas encore complété le montant du prix. Les versements se faisaient soit au niveau du bureau de la société ou dans un compte ouvert à la Caisse nationale de Crédit agricole du Sénégal (CNCAS). Certains ont pu identifier leurs parcelles. D’autres, qui ont versé, n’arrivent pas à trouver les leurs », a expliqué le président du collectif, Alioune Ndiaye. C’est après le départ à la retraite de Cheikh Thiam, et la prise de fonction de son successeur, Matar Ba, à la tête de l’agence de la SN-HLM de Thiès, qu’il a été découvert que tous les versements effectués n’étaient pas reversés au niveau des comptes de la société. Or, la CNCAS donnait aux acquéreurs, après chaque versement, un reçu. « C’est lors des visites que nous avons eues avec le nouveau chef d’agence pour nous enquérir de la situation des terrains et de nos versements que M. Ba nous a fait savoir que nos dossiers sont vides et qu’il n’y a aucun papier attestant que nous avons payé les prix des parcelles », raconte avec colère le président du collectif. Pire, la société immobilière ne reconnaissait même pas le compte ouvert à la CNCAS et ignorait tout de l’argent qui y a été déposé.

Macky Sall leur refuse une audience demandée depuis octobre 2018

La première chose que le collectif des victimes a eu à faire a été de porter plainte contre la SN-HLM pour escroquerie et malversations. Le 15 octobre 2018, les victimes ont sollicité auprès du président de la République, par courrier, une audience pour mieux lui expliquer leur situation. La lettre n’a jamais reçu une réponse. Les membres du collectif avait également informé de leur situation le Premier ministre d’alors et son ministre de l’Habitat, ainsi que toutes les autorités religieuses de la région de Thiès. « A l’époque, le remplaçant de M. Cheikh Thiam, M. Ba, avait menacé de revendre nos parcelles si nous ne revenions pas payer une deuxième fois pour sécuriser nos parcelles. Nous avions trouvé un compromis avec lui sous la forme d’un moratoire. Certains, disposant de moyens, ont commencé à payer », renseigne le collectif. Pour l’instant, les membres du collectif ont déjà rencontré l’actuel directeur général de la société, Mamadou Diagne Sy Mbengue, qui leur a promis de trouver une solution à leur problème. Le collectif dit se focaliser sur la reconnaissance des versements faits au niveau de la CNCAS. Ceci, pour que tout l’argent versé par les clients et détourné par l’ex-chef d’agence soit pris en compte dans leurs versements et que ceux qui ont déjà versé la totalité de leur argent reçoivent leurs parcelles. Le collectif souhaite également qu’on invite les autres à compléter pour pouvoir recevoir leurs parcelles. Il faut noter que les premières demandes d’octroi de ces terrains datent de 1990. Parmi les victimes, certaines sont décédées et des ménagères et vendeuses, qui avaient payé l’intégralité du prix de leur parcelle, ne disposent plus aujourd’hui de ressources pour payer à nouveau. Des salariés, qui versaient pendant qu’ils étaient en activité, se sont retrouvés sans toit après avoir pris leur retraite…

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