A un rythme exponentiel, la chaîne de solidarité s’est mise en place dans la plupart des universités publiques. A l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), de violents affrontements ont été notés entre Forces de l’ordre et étudiants, dans la matinée d’hier. Pourquoi cet accès de colère soudain ? «Ce que nous voulons, c’est la réhabilitation immédiate de l’Amicale au niveau de Bambey. Il y a également notre camarade étudiant (Badara Ndiaye) victime d’intoxication. Et jusqu’à son inhumation, nous étudiants, nous n’étions pas informés des résultats de l’autopsie. Hormis cela, il y a aussi les chantiers inachevés presque dans toutes les universités du pays», regrette Ibrahima Ndoye, responsable de la Coordination des écoles et instituts, qui a listé les principales revendications de la Coordination nationale des étudiants du Sénégal.
Dans le même sillage, l’Amicale des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Ucad a décrété une «cessation totale de toutes activités pédagogiques et sociales au sein de l’Ucad pour 48 heures à partir d’hier, et l’introduction d’une plateforme revendicative à partir d’aujourd’hui (hier)». En guise de soutien aux étudiants de l’université Alioune Diop de Bambey.
A l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb), la Coordination des étudiants de Saint-Louis (Cesl) n’exclut pas de rallier le combat. Elle «s’indigne» de la situation «déplorable» à l’Université Alioune Diop de Bambey (Uadb). «Face à la précarité manifeste dans laquelle vivent les étudiants et le problème d’intoxication ayant conduit à la mort de notre camarade Alioune Badara Ndiaye, les autorités internes ont encore montré leur incompétence flagrante et insouciante à l’endroit des étudiants de l’Uadb», fustige la Cesl. Selon elle, «si les universités du Sénégal connaissent un désarroi sans précèdent et malgré tous les massacres d’étudiants qui y sont de coutume, c’est seulement à cause des autorités qui, ayant une parfaite maîtrise des franchises universitaires, font fi des textes pour autoriser de manière arbitraire et machiavélique, l’entrée des Forces de l’ordre qui ne fera qu’empirer la situation à l’Uadb.»
Aujourd’hui, la Cesl «manifeste» son soutien à toute la communauté estudiantine de Bambey et «invite» les autorités à prendre toutes «leurs responsabilités pour résoudre définitivement ce problème». Pour mettre fin à la «tension», la Cesl exige, «sans conditions ni délai», le retrait immédiat des Forces de l’ordre des campus de l’Uadb, la levée des sanctions prononcées à l’endroit des représentants d’étudiants, le rétablissement de la coordination des étudiants et l’élucidation du décès «par intoxication alimentaire» de Alioune Badara Ndiaye. Sans cela, la Cesl «ne lésinera sur aucun moyen pour prendre part à ce combat et défendre dignement les intérêts de ses camarades étudiants».
A l’université Assane Seck de Ziguinchor, le discours des étudiants a la même tonalité. La Coordination des étudiants de l’Uasz exige aussi dans l’immédiat, «le retrait des Forces de l’ordre au sein du Campus de l’Uadb, le rétablissement de la Coordination des étudiants, la levée de la session unique et la prise en charge des étudiants victimes d’intoxications alimentaires». Dans le même ordre d’idée, elle «invite» tous les étudiants du pays à «s’unir» pour «condamner» ces actes et «exiger» plus de respect et de considération pour l’enseignement supérieur.
Par Ousmane SOW
Violences dans les universités – L’État sans franchises : Suspension des amicales et dissolution des coordinations d’étudiants
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