Alors que la situation semble tendue, Pr Mahy Diaw, recteur de l’Université Alioune Diop de Bambey (Uadb), essaie de calmer le jeu. Même s’il n’est pas opposé aux discussions, il reste en revanche ferme sur l’application des décisions prises par l’Assemblée de l’université, qui a requis la présence des Forces de l’ordre dans le campus pédagogique.
Depuis quelques jours, la situation est tendue à l’Uadb. Vous ne pensez pas que la présence des Forces de l’ordre attise le feu au niveau de l’université ?
Les étudiants ne sont pas en grève, il y a des perturbations parce que la grève a été interrompue par l’Assemblée de l’université (Au). Par rapport aux Forces de l’ordre, c’est le contraire parce que leur présence vise à mettre les étudiants en sécurité, c’est-à-dire pour ceux qui veulent travailler, le personnel de l’université et l’espace universitaire en général. Ce n’est pas moi qui ai amené les Forces de l’ordre, mais cette disposition a été prise par l’Assemblée de l’université qui a trouvé que pour sécuriser les gens qui sont au niveau de cet établissement, il était nécessaire de recourir à la puissance publique. Nous nous sommes toujours mis autour d’une table, mais maintenant il y a eu des perturbations. Les décisions se prennent au niveau des instances statutaires de l’université. Cependant, nous sommes ouverts à tout ce qui peut ramener la paix dans notre institution et actuellement, nous sommes en relation avec ces perturbateurs. Les Forces de l’ordre sont réquisitionnées pour accompagner ceux qui sont venus pour travailler et non pour autre chose.
Des jets de pierres et tirs de lacrymogène ont été notés et des blessés ont été aussi dénombrés lundi…. Que faire pour baisser la tension ?
A l’université, il y a deux campus, dont un campus social et un campus pédagogique, et les faits de violence notés hier (lundi) ne se sont pas passés au campus pédagogique. Pour intervenir au niveau du campus pédagogique, les Forces de l’ordre ont besoin de réquisitions rectorales et pour le campus social, elles peuvent intervenir comme elles veulent.
Ces manifestations dont vous parlez se sont passées au niveau du campus social. Les étudiants avaient interrompu les examens de juillet 2021 par la violence. C’est pourquoi, l’université a été contrainte d’organiser une Assemblée de l’université pour la dissolution des amicales et de la coordination, maintenant ce sont les mêmes personnes qui reviennent au mois de décembre par la violence, pour parler de la suspension des deux sessions. Ils imposent par la violence, en disant qu’ils veulent à nouveau qu’on fasse deux sessions. Ce que l’Etat avait refusé, il y a cinq mois.
Aujourd’hui, c’est ce qu’ils réclament 5 mois après. Lors des incidents du 7 décembre dernier, il y a eu beaucoup de saccages d’infrastructures. Je ne voudrais pas que demain par la violence, ils imposent la restauration de tout ce qu’ils ont saccagé au cours des manifestations précédentes. Ce sont des décisions d’instance et elles sont claires : la première session devait avoir lieu à partir du 26 juillet 2021. Par la violence, la coordination s’est opposée à la tenue de la première session et par la violence, ils réclament les deux sessions. Ce sont des décisions d’instances que je suis tenu de mettre en œuvre, en tant que le recteur de cette université.
Ne pensez-vous pas que ces séries de manifestations peuvent paralyser l’année et l’idéal ne serait-il pas de réhabiliter la coordination ?
Dans le système Lmd, il n’y a pas de possibilité d’année perdue, parce qu’actuellement nombre d’étudiants ont déjà fait des examens pratiquement dans toutes les Ufr (unité de formation et de recherche). Pour ce qui est de la dissolution de la coordination, nous ne sommes pas la seule université qui a eu à dissoudre des coordinations pour des faits de violences. Cela s’est passé dans toutes les universités sénégalaises. C’était une décision de l’Assemblée de l’université. Pour ce qui relève des amicales, il s’agit plutôt d’une suspension qui n’est pas éternelle, ce sont des empêchements temporaires. Nous sommes une institution qui prend des décisions à partir de l’Assemblée de l’université. Il y a certaines décisions quand les gens pensent qu’elles ne sont pas justes, il est possible de faire des recours au niveau des juridictions compétentes. Par contre, les décisions de l’Assemblée de l’université s’imposent à toute la communauté universitaire, quelle que soit la nature de la personne.
Les étudiants ont également demandé que les circonstances de la mort de l’étudiant Badara Ndiaye soient éclairées !
Je ne suis pas médecin et je présente mes condoléances à sa famille. Par contre, il y a des autorités habilitées pour cela. Mais, le certificat de genre de mort qui a été délivré à la suite du décès de l’étudiant Badara Ndiaye, n’a jamais fait état d’intoxication alimentaire, mais a révélé autre chose. Vous l’avez évoqué tantôt, mais les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ne sont pas en grève à cause de nos étudiants. Ce qui se passe à l’Uadb n’a pas d’impact sur le déroulement des enseignements au niveau de l’Ucad.
Par Oumy LY(Correspondante)