Nous sommes à la croisée des chemins. Macky Sall et les cadres de Petrosen connaissaient depuis 2010 le potentiel en hydrocarbures des blocs de St Louis et Cayar mis en évidence par le groupe irlandais Tullow Oil, grand opérateur au Ghana.
Tullow Oil a été évincée au profit de Franck Timis, puis Kosmos et BP. Macky Sall, par manque de culture stratégique, est tombé à pieds joints dans ce piège. On n’en sort pas facilement. Surtout, si avec ces découvertes de gaz naturel, on a la prétention d’instaurer une dynastie comme en Afrique centrale.
Dès 2015, Macky Sall a décidé de fermer la parenthèse de la gouvernance démocratique et d’engager la confiscation du pouvoir : référendum pour encadrer le cadre légal et tentative de réduire l’opposition à sa plus simple expression en y entretenant une cinquième colonne.
Le problème, ce n’est pas la France qui a découvert le gaz comme au Gabon ou au Cameroun. Ce sont des compagnies anglo-américaines qui sont à la manœuvre. Le rappel à l’ordre démocratique de l’administration américaine à Macky Sall est bien tombé. La quête d’un troisième mandat est à l’eau et il faut trouver un Medvedev local, je l’ai déjà dit.
Les pauvres députés BBY ont rétabli le poste de premier ministre de manière bâclée, dans l’urgence et la précipitation, le vendredi 10 décembre 2021, après l’avoir supprimé un 4 mai 2019. Macky Sall, qui n’a aucun respect pour ses députés, avait organisé une communication avec la France officielle pour l’Afrique, France 24 et RFI, l’avant-veille, pour dire qu’il nommera un premier ministre après les élections locales de janvier2022, en y associant l’ancien maire pro – français de Dakar, Khalifa Sall, son ancien prisonnier, devenu son « ami ».
L’économie sénégalaise sera pétrolière et gazière dans les deux prochaines années autour de rentes importantes. Son partage va déterminer le paysage politique futur. Les différents lobbies sont à pied d’œuvre. L’alternative démocratique et patriotique joue son va-tout.
Dossier nouveau : Le TER, au moins 600 milliards d’importations, pas de quoi être fier!
On nous demande d’être fiers du TER selon BBY. Le respectable Ministre Samba Sy, héritier de Amath Dansokho, dont le parti concentre la fine fleur de notre élite intellectuelle, compare le TER à l’arrivée du métro à Paris il y a cent ans.
Comment est-ce possible que le PIT oublie tout ce qu’il nous a appris, le pari de l’indépendance. En effet, la grande différence, c’est que le métro est issu de la science et de la technologie française. Ce sont les usines françaises qui ont fabriqué le métro parisien. Or nous, au Sénégal, on a tout importé. Ce qui est triste, c’est qu’on en est fier.
Je sais que notre élite politique est pour l’essentiel complexée devant la culture gréco-romaine. C’est l’héritage du Président Senghor et les conséquences d’une colonisation des mentalités. Mais tout de même, il y a des limites surtout pour ceux qui ont participé aux Assises Nationales.
Abdoulaye Daouda Diallo a dit que notre économie est extravertie. C’est la conclusion des Assises nationales qui proposent d’en sortir par une industrialisation planifiée. C’est le sens de notre combat politique.
Alors, que le PIT me dise quelle est la technologie qui sera maîtrisée au Sénégal après ce gros investissement du TER. Quelles seront les composantes qui seront fabriquées au Sénégal lors du prolongement Diamniadio AIBD? Voyez-vous, le développement c’est l’accumulation d’une capacité scientifique, technologique et managériale. Il faut sortir de la trappe de l’économie extravertie et c’est possible.
Il n’y a rien de personnel à mon opposition politique à Macky Sall et Moustapha Niasse. Je pense que le Sénégal peut et doit s’industrialiser dans les 15 prochaines années. Eux pensent qu’il faut s’accrocher à la locomotive France et vivre de la mendicité maquillée en coopération internationale.
* Par Mamadou Lamine Diallo,
Président du mouvement Tekki.