La majorité ne s’opposera pas à une amnistie pour Khalifa Sall et Karim Wade. Devant les acteurs politiques engagés aux Locales du 23 janvier 2021, Mor Ngom, Me El Hadji Amadou Sall et Cheikh Sarr demandent même que les consensus du dialogue politique soient versés dans la charte.
Dans la lignée des déclarations du président de la République, la majorité ne s’opposera pas à une amnistie pour Khalifa Sall et Karim Wade. Cela a été exprimé lors d’une rencontre, initiée hier par le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (Cudis) et la plateforme Jammi Rewmi, avec Wallu Sénégal, Gueum sa bopp, Benno bokk yaakaar, Jammi goxx yi, Bunt bi, le mouvement Frapp, des organisations syndicales et patronales, notamment la Cnts et le Cnp. Mor Ngom, Me El Hadji Amadou Sall et Cheikh Sarr, qui représentaient le camp du pouvoir, ont même rajouté des propositions pour montrer leur bonne foi. «Dans le cadre des restitutions, il a beaucoup été question de la privation des droits civiques de Khalifa Sall et Karim Wade. La majorité s’engage à cautionner la charte. Elle est même allée plus loin, car elle a proposé que les consensus du dialogue politique soient versés dans la charte. Cela veut dire qu’on donne des délais aux préfets pour répondre sur la privation des libertés. En cas de rejet, que les initiateurs puissent faire des recours auprès de l’autorité judiciaire avec des réponses à temps», a rapporté une source bien au fait de la réunion.
Yewwi askan wi, la grande absente
Cette réunion était l’avant-dernière phase, avec la mouture finale de la charte de non-violence. D’ailleurs, des restitutions ont été faites après des semaines de consultations avec des acteurs politiques. Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy a lu son rapport au nom du Cudis, tandis que Moundiaye Cissé l’a fait pour la plateforme Jammi Rewmi. Doudou Wade et Nafissatou Diallo du Pds défendaient les intérêts de la Coalition Wallu Sénégal au cours de cette réunion, à laquelle la Coalition Yewwi askan wi n’a pas participé. Jusqu’ici, seule la Coalition Yewwi askan wi a décidé de ne pas signer la charte. Le 21 novembre dernier, à Grand-Yoff, lors de l’investiture des candidats dans le département de Dakar de cette coalition de l’opposition, Ousmane Sonko avait très tôt rejeté cette initiative, en accusant le régime de Macky Sall d’être le promoteur de la violence.
Rendez-vous vendredi pour la finalisation de la charte
Le 30 novembre 2021, le président de la République a reçu en audience le Cudis et Jammi Rewmi, pour engager la Coalition Benno bokk yaakaar à signer la charte. Selon des personnes bien informées des discussions, Khalifa Sall a envoyé une lettre lundi, pour dire que la Coalition Yewwi askan wi ne pouvait pas participer à la rencontre. «C’est un communiqué laconique lu séance tenante», a informé un acteur politique. Les acteurs politiques se sont donné rendez-vous vendredi prochain, pour finaliser le rapport du Cudis et Jammi Rewmi. Ce que ne mentionne pas le communiqué conjoint du Cudis et Jammi Rewmi. «Un comité restreint d’écriture de la charte a été mis en place, pour préparer la signature et l’affinement des mécanismes de suivi pour le respect des engagements souscrits par les différentes parties, afin de les soumettre aux autorités religieuses du pays», a annoncé en revanche la note.
Selon les promoteurs de la charte, ces consultations sont menées sous l’égide des chefs religieux, pour pacifier l’espace politique en perspective des élections locales du 23 janvier 2022. «(…) Les préoccupations et positions exprimées par les parties prenantes ont fait à cette occasion, l’objet d’approfondissement et ont été prises en compte dans la rédaction d’une charte de non-violence», ont promis le Cudis et Jammi Rewmi. En tout état de cause, le Cudis et la plateforme Jammi Rewmi «saluent le sens de responsabilité des acteurs politiques de tous bords et les remercient de leur engagement à poursuivre la dynamique de paix et de non-violence, en prélude aux élections à venir».
Par Babacar Guèye DIOP