Les forces de l’ordre ont été autorisées, hier, par le recteur de l’Université de Bambey à franchir le campus de l’université Alioune Diop de Bambey (Uadb). Cette décision visant à rétablir l’ordre pour une reprise des activités risque de ressusciter le syndrome de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb) en 2018.
Le mouvement d’humeur des étudiants de l’Université Alioune Diop de Bambey ne s’estompe toujours pas. Face à leur mot d’ordre de grève illimité, le recteur a autorisé, hier, aux forces de l’ordre à franchir les portes de ce temple du savoir. Ce, pour rétablir l’ordre et permettre à la reprise des activités sociales et pédagogiques bloquées depuis quelques temps. Avec la présence autorisée des forces de défense et de sécurité, on risque de revivre le syndrome de 2018, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Car les affrontements se poursuivent de plus belle et plusieurs blessés ont été dénombrés.
Si les forces policières ne se replient pas, la situation risque de frôler les scénarii de 2014 et 2018 où de telles décisions avaient causé des morts. Face à de telles situations, des recteurs de l’époque des universités de Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb) et Cheikh Anta Diop de Dakar –Ucad) avaient réquisitionné les forces de l’ordre pour rétablir l’ordre. A l’Ugb, à la suite d’un long mouvement d’humeur des étudiants réclamant leurs allocations d’études, l’assemblée de l’université, après concertations, donne avis favorable au recteur d’introduire les forces de l’ordre au sein du campus social. La suite a été connue. L’un des manifestants, Mouhamadou Fallou Sène, atteint par balle, a été tué. Au moins, plus de 20 étudiants ont été blessés à Saint-Louis dans les violences ayant opposé les étudiants aux gendarmes. En solidarité avec ceux de Saint-Louis, des étudiants ont manifesté à Ziguinchor, Bambey et Dakar, qui abritent des universités publiques. Lors d’un point de presse, Serigne Bassirou Guèye, procureur de la République, avait déclaré attendre la réponse de la gendarmerie pour entendre le gendarme cité dans cette affaire. Depuis lors, on attend.
En 2014, le nom de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avait été inscrit à nouveau sur la page nécrologique du syndicalisme étudiant. Atteint par balle, Bassirou Faye succomba à ses blessures le 14 août de la même année à la suite d’affrontements entre forces de l’ordre et étudiants. Le recteur, après trois jours de grève des étudiants qui réclamaient leurs bourses, avait autorisé les forces de l’ordre à franchir les portes de l’université. Plusieurs blessés ont été constatés et bon nombres d’entre eux évacués à l’étranger pour des soins intensifs. Trois policiers, à savoir Tombong Waly, Saliou Ndao et Sidy Mouhamed Boughaleb ont été cités dans cette affaire de meurtre et poursuivis dans le cadre d’une enquête. Au finish, c’est le dernier nommé qui sera jugé coupable et condamné à 20 ans de travaux forcés en première instance. Il avait interjeté appel et vu sa peine réduite à 10 ans de travaux forcés avec une amende de 50 millions de francs Cfa. En 2001, c’était autour de Balla Gaye, étudiant qui avait perdu la vie au cours d’affrontements entre étudiants et forces de l’ordre.
Salif KA