Guinée Bissau : Exploitation pétrolière, Nuno Nabiam révèle l’accord signé, Umaru Embalò confirme et….dément

par pierre Dieme

Depuis les révélations d’un accord signé pour l’exploitation du pétrole découvert à la frontière de la Guinée Bissau et du Sénégal, le Premier ministre Nuno Nabiam et le « général » Umaru Embalò, font un jeu de ping-pong en se renvoyant la balle. Si Nuno Nabiam confirme Atlanticactu sur l’existence dudit accord, Umaru Embalò confirme d’abord avant de démentir. Des sorties qui ont fini d’installer un malaise dans la société Bissau guinéenne qui craint déjà que le partage de la manne pétrolière défendue par tous les gouvernements précédents, est certainement bradée par Umaru Embalò.

Après avoir reconnu l’existence d’un accord entre le Sénégal et la Guinée Bissau garantissant 30% à Bissau et 70% à Dakar, contrairement aux premiers accords qui n’octroyaient que 15% et 85% aux différentes parties, le « général » est revenu sur ses propos. Assez pour le PM Nuno Nabiam pour monter au créneau et confirmer l’accord pétrolier avec le Sénégal.

Devant les députés, le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam, a confirmé vendredi qu’il existait bel et bien un accord pétrolier avec le Sénégal, mais a critiqué le fait que celui-ci ait été négocié par le « général » sans l’implication du gouvernement.

« En effet, je sais qu’il existe un accord pétrolier entre la Guinée-Bissau et le Sénégal », a déclaré Nuno Gomes Nabiam, lors d’une interpellation faite par les députés. Et de préciser que ledit accord lui a été remis par la ministre des Affaires étrangères le 26 octobre 2020 dans une enveloppe à caractère confidentielle.

« L’accord a été signé par Umaro Sissoco Embaló. Le gouvernement n’a pas été impliqué et je pense que les choses n’ont pas été traitées comme elles devraient l’être. Il revient au gouvernement de signer, au parlement de ratifier avant que le « général » ne promulgue, mais les choses ont été traitées d’une manière contraire et cavalière , a-t-il affirmé.

Et Nuno Nabiam de jeter un énorme pavé, « Dans cet accord, que je vais livrer au parlement, il est stipulé que 70 % reste pour le Sénégal et 30 % pour la Guinée-Bissau ».

Poursuivant son adresse devant les députés, le Premier ministre a également dit que, selon le gouvernement, l’accord « ne peut pas être libellé comme ça, car il est prouvé que la partie la plus importante du pétrole dont on parle est du côté de la Guinée-Bissau ».

Pour Nuno Nabiam Gomes, « Au nom de la solidarité qui a toujours marqué notre relation avec le Sénégal, le partage devrait être à 15 % pour le Sénégal et 85 % pour nous, le cas échéant. Mais je dois dire que nous parlons d’un sujet très sérieux qui demande un traitement prudent », et de préciser « Il faut des conseils techniques, mais nous pouvons d’ores et déjà affirmer que le pétrole est du côté de la Guinée-Bissau », a réitéré Nuno Gomes Nabiam.

Le communiqué officiel du Conseil des ministres du Sénégal du 24 novembre 2021 confirme le PM Nuno Nabiam et et dément le « général ». AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES Le Conseil a examiné et adopté :  Le Projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’Accord de Gestion et de Coopération entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le Gouvernement de la République de Guinée Bissau, signé le 14 octobre 2021 

Moins de 24 heures après la sortie du Premier ministre, Umaru Sissoco Embaló réfute la signature d’accord de partage du pétrole avec le Sénégal. Le « général » a nié ce samedi avoir signé tout accord de partage de pétrole avec le Sénégal comme l’aurait dit vendredi, le Premier ministre Nuno Nabiam.

Nuno Nabiam avait assurée que le document lui a été remis le 26 octobre 2020 par la chef de la diplomatie du pays, Suzi Barbosa, dans une enveloppe à caractère confidentiel. 

Dans sa réponse aux graves accusations du Premier ministre Nuno Nabiam, Umaru Embalò qui s’adressait aux journalistes à l’aéroport de Bissau ce samedi (11.12), quelques instants avant de se rendre au Nigeria où il participera à un sommet de dirigeants de pays d’Afrique de l’Ouest, Umaro Sissoco Embaló a nié l’existence d’un tel accord de partage de pétrole avec le Sénégal.

Sans mentionner le nom de Nuno Nabiam, Umaro Embaló a affirmé que ce qui existe avec le Sénégal est un accord dans le cadre de l’Agence de gestion et de coopération (AGC) qui gère la zone économique commune (ZEC) que les deux pays partagent en mer.

« Il n’y a plus d’accord pétrolier entre la Guinée-Bissau et le Sénégal », a démenti Umaru Sissoco Embalò pour qui « il faut que les gens sachent étudier pour qu’ils sachent interpréter. Les mots ont une signification différente en français et en portugais. Il y a la prospection et l’exploitation du pétrole », dit le « général ».

« L‘accord signé avec mon frère Macky Sal qui donne 30 % à la Guinée-Bissau ne concerne pas le pétrole », a déclaré Umaro Embaló devant un parterre de journalistes qui ne savait plus à quel « général » se fier.

« C’est comme il l’a dit lui-même, nous sommes allés devant tous les tribunaux et nous avons perdu », a observé Embalo, en se référant aux déclarations de Nuno Nabiam lorsqu’il s’agit du fait que la Guinée-Bissau a initialement perdu devant les tribunaux internationaux les procédures sur la partage des ressources pétrolières éventuelles qui pourraient exister à la ZEC.

Umaru Embaló dit avoir déjà informé le président du parlement Cipriano Cassama, que le secrétaire exécutif de l’AGC, le Guinéen Inussa Baldé, répondra bientôt aux députés « pour leur dire qu’il n’y a pas d’accord de partage du pétrole avec le Sénégal ».

« La Guinée-Bissau n’a pas de pétrole jusqu’ici, mais j’aimerais qu’elle l’ait, parce que nous allons faire de ce pays un nouveau Dubaï », a défendu le  « général » du peuple guinéen, en soulignant qu’il était « un homme sérieux » et qu’il n’a jamais été devant aucun tribunal pour quel délit ou crime de trafic.

Et faisant clairement dans la menace, le « général »  a promis de lutter contre « les petits et grands bandits » en Guinée-Bissau, même si cela doit lui coûter la vie. D’ailleurs, précise t-il « j’ai renouvelé déjà ma confiance aux chefs des forces de défense et de sécurité du pays, en particulier aux ministres de la Défense, Sandji Fati, et de l’intérieur, Botche Candé, qui m’ont accompagné à l’aéroport comme vous le voyez ».

Cheikh Saadbou DIARRA 

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