Scandale financier à PosteFinances: l’enquête de la Sûreté urbaine révèle 20 ans de bamboula

par pierre Dieme

«Des us et coutumes qui datent d’une vingtaine d’années ». C’est ainsi que le chef de l’agence principale de Postefinances a présenté le scandale qui secoue la filiale de La Poste lors de son interrogatoire sous le régime de la garde à vue.

«Je ne peux pas être poursuivi pour détournement de deniers publics en aucun cas parce qu’un détournement de deniers publics doit être attesté par un rapport d’audit. Par ailleurs, un audit a été effectué par le responsable de la cellule et du contrôle interne. Il a été révélé un excédent de 109.000 Fcfa. Je vous renvoie au rapport d’audit versé dans le dossier ». Ce sont les mots tenus, le 2 décembre dernier, en soirée, par Alexandre François Xavier Manga, chef de l’agence principal de Postefinances de Dakar, dans les locaux de la Sûreté urbaine (Su), avant son placement en garde à vue.

Placé sous mandat de dépôt mardi dernier en même temps qu’Abdoulaye Faye (chef du centre financier de Dakar) et Kéba Diédhiou (caissier dans ce centre) pour détournement de deniers publics portant sur 1.705.094.267 Fcfa, Alexandre François Xavier Manga a été interrogé, le lendemain, sur les résultats de la perquisition effectuée dans son bureau, sis sur l’avenue Malick Sy, où les policiers avaient saisi 1.033 chèques postaux. «Ce sont des chèques que j’ai avancés à des clients et collègues détenant des comptes à Postefinances », a-t-il relaté. Non sans ajouter : «Ce sont des us et coutumes qui datent d’une vingtaine d’années. Au cours d’une réunion de coordination, l’ancien directeur général de Postefinances (ndlr, il est dé cédé) avait autorisé ces avances de chèques au Centre financier de Dakar (Cfd). Compte tenu du fait que l’agence principale se trouve dans le hall de la direction générale de Postefinances, cette dernière s’appuie sur l’agence principale pour se faire avancer des ordres de paiement des états et autres titres de paie ments en attendant les régularisations. Il s’agit de chèques en instance de recouvrement. Pour apporter plus de preuves, le dg de Postefinances nous a de mandé d’inscrire le montant global des chèques en avances autorisées. Le montant global était de 995.657.000 Fcfa. Ce montant fait abstraction du montant des recouvrements ont il a connaissance. Sur ce mon tant j’ai recouvré 47.400.000 Fcfa. J’aurai pu faire plus mais il se trouve que depuis le premier novembre, le dg (ndir, Saliou Fédior) a procédé à mon remplacement en installant un intérimaire. étant, il est difficile d’effectuer les recouvrements qu’il nous demande car n’étant pas fonction».

Parmi les chèques saisis, et comme révélait le journal Libération, les policiers ont constaté des montants très élevés comme ceux de Gateway Digital (35 millions de Fcfa), Multiservices Al Amine (30 millions de Fcfa), Moustapha Diop Manguini (28 millions de Fcfa), Africa synergie (17 millions de Fcfa), Cheikh Alioune Souané (12,9 millions de Fcfa). Interpellé à cet effet, Manga ne dément pas mais explique : «il s’agit d’entreprises qui évoluent dans le périmètre de Postesfinances. Ils détiennent des comptes auprès de Postefinances. Par exemple, Gateway détient une plateforme numérique qui permet à La Poste de payer les bourses familiales. C’est une plateforme qui nous permet de payer les opérations de masse par exemple les bourses familiales, les aides sociales des étudiants entre autres. Du fait de notre partenariat, sou vent, ils disposent de chèques en attente de régularisation. La  régularisation s’opère dès que l’entreprise rentre dans ses fonds.Toutefois le recouvrement est en train d’être effectué. Je signale que j’ai versé dans mon dossier des factures et états de paiements autorisés par le même (ancien) dg qui prouve à suffisance que ces pratiques ne sont pas interdites ». 

Libération 

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