Convocation des députés Biaye et Sall, la DIC dans l’attente d’une délégation judiciaire

par pierre Dieme

 Le trafic de passeports diplomatiques dans lequel sont impliqués des députés connaîtra t-il son épilogue ? À ce rythme, tout concourt à ce que l’affaire soit étouffée comme du reste, nous l’annonçions dans nos colonnes dès le début de cette affaire. Malgré la levée au forceps de l’immunité parlementaire de Boubacar Biaye et Mamadou Sall, aucun acte n’a été posé par le juge d’instruction ou les enquêteurs. Ces derniers refilent la patate au magistrat instructeur qui doit par délégation les saisir.

Depuis le 9 novembre dernier, date à laquelle l’immunité parlementaire des deux députés cités dans la rocambolesque affaire de trafic de passeports diplomatiques, les sénégalais s’interrogent sur la lenteur de la Justice et des enquêteurs pour procéder à l’audition des mis en cause. Ce mardi, les députés avaient voté à une large majorité la levée de l’immunité parlementaire des députés Boubacar Williembo Biaye et El Hadj Mamadou Sall, membres du groupe de la majorité à l’Assemblée nationale. Du haut de son perchoir, le président Moustapha Niass avait déclaré, « Conformément à la loi, l’immunité parlementaire de nos collègues Boubacar Williembo Biaye et El Hadj Mamadou Sall est levée ». Quatre-vingt-quatre députés ont voté pour la levée de l’immunité de leurs collègues, aucune voix contre n’a été enregistrée et trois abstentions ont été dénombrées et ce, en présence de l’un des députés cités dans l’affaire de trafic de passeports diplomatiques, M. Biaye.

Plus d’un mois après, c’est toujours le statu quo, pas de convocation encore moins d’audition des deux députés, confirmant au passage la volonté d’enterrer un dossier qui a fini de ternir l’image du Sénégal à l’étranger.

Alors que le sieur Elhadji Diadji Kondé arrêté dans le cadre de ce trafic et, qui avait balancé les deux députés lors de son interrogatoire à la DIC, continue de croupir en prison depuis le13 septembre, ses présumés acolytes ne semblent point inquiétés par le Juge du 2ème cabinet. Pourtant, lors de la levée de leur immunité, Mamadou Sall et Boubacar Biaye, certainement rassurés que rien adviendra, avaient déclaré être pressés de faire face à la justice.

Une lenteur que ne comprennent pas non plus les enquêteurs de la DIC qui étaient en charge du dossier. Selon notre interlocuteur, « à l’état actuel de la procédure, nous avons les mains liées et nous ne pouvons poser aucun acte dans cette affaire sans une délégation judiciaire délivrée par le Juge d’instruction ». Poursuivant, notre source de révéler que le juge peut également confier l’affaire à n’importe quel autre Officier de police judiciaire outre que ceux de la DIC. « La Délégation judiciaire est un acte par lequel le procureur de la République ou le juge d’instruction remet une partie de ses pouvoirs entre les mains de la police judiciaire, dans l’instruction d’une affaire; charge ainsi transmise », renseigne notre source qui ne comprend toujours pas que rien ne soit fait pour tirer ce trafic au clair d’autant qu’El Hadji Diadji Kondé a donné beaucoup de pistes pour situer les responsabilités.

Aissata Tall Sall l’a ministre des Affaires Étrangères continue de soulever la séparation des pouvoirs pour refuser de se prononcer sur cette affaire qui n’épargne apparemment ses services. De sa cellule, El Hadji Diadji Kondé menace de balancer si le Juge ne l’auditionne pas

Pour la Cheffe de la diplomatie sénégalaise dont les services sont également pointés du doigt sur ce trafic, Aissata Tall Sall face aux députés lors du vote du budget de son ministère, a déclaré « Ma réponse reste la même. Je suis convaincue que ce n’est pas encore le moment d’en parler, car il faudra attendre que le tribunal tranche sur cette affaire », a-t-elle déclaré.


Toutefois, « jusqu’à preuve du contraire, je suis sûre que les services de mon département ministériel n’ont rien à se rapprocher. Le cas contraire, le tribunal apportera les preuves de leur implication. Et à ce moment, j’agirai en conséquence, et si je ne le fais pas, le chef de l’Etat le fera », a-t-elle précisé.

Des propos balayés du revers de la main par un proche du principal mis en cause. Pour Seydou Diallo, « El Hadji ne comprend pas qu’on veuille tout lui mettre sur la tête. Il avait accepté de ne pas faire de vagues à la suite de fortes pressions mais là, il pense qu’on veut en faire l’agneau du sacrifice ». Ce qu’il n’acceptera pas, renseigne Diallo.

Cheikh Saadbou DIARRA de Atlanticactu.com 

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