L’État est le premier à discriminer ses citoyens, selon qu’ils se nomment Ndiaye, Fall, Sall. Lesquels peuvent sans coup férir renouveler leurs cartes d’identité, alors que moi et autres Coly, Lopy, sommes obligés de quérir un certificat de nationalité
Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas…ce qu’ils savent… La flatulence cérébrale de Gaston Mbengue a répandu sa puanteur toxique sur tout le Sénégal, et réveillé cette unité œcuménique qui fait la singularité et le charme du pays.
Nous n’allons pas plus accabler cet ersatz de primate, notre consœur Henriette Niang Kandé l’ayant habillé pour l’hiver qui s’annonce, en écrivant dans sa jubilatoire « Chronique de l’Improviste » que « Les bêtises qu’il débite chaque fois qu’il ouvre la bouche ou pose un acte ont fini de convaincre qu’il a la profondeur d’une planche de surf, de la bouillie dans la tête qui lui sert de cerveau et le rayonnement intellectuel d’une laitue. C’est bien ce que dit Michel Audiard : “Un homme bête, ça ne se définit pas. Il faut donner des exemples“. Il rajoute : “Traiter son prochain d’homme bête n’est pas un outrage, mais un diagnostic“. S’il arrive de douter qu’on puisse naitre bête, certains ont d’indéniables dispositions naturelles à l’être. Gaston Mbengue occupe une place de choix dans cette catégorie ». La messe est dite… Mais justement, il convient de remettre « l’église au milieu du village » ou, pour entrer dans le sujet de manière équitable, « la mosquée au centre du quartier ».
Alors, que savent les gens et qu’ils ne comprennent pas ?
Ils savent, mais ne comprennent pas, que l’amitié qui liait le Cardinal Yacinthe Thiandoum et le Vénéré Seydou Nourou Tall a conduit le guide de l’église d’alors à céder à son ami, le « caravansérail », propriété de l’Archevêché, terrain sur lequel a été érigée cette superbe mosquée dite « des Tall ».
Ils savent, mais ne comprennent pas, qu’à Saint-Louis, chaque matin que Dieu fait, un Imam vient baptiser une jeune fille et souffler dans le creux de son oreille, des prénoms comme Pauline, Marguerite, Louise ou tant d’autres…
Ils savent, mais ne comprennent pas, que des villes comme Ziguinchor, ou Fadiouth n’ont qu’un seul cimetière où reposent ensemble et en harmonie, catholiques et musulmans.
Ils savent, mais ne comprennent pas qu’un des meilleurs amis de Léopold Sédar Senghor était Serigne Fallou Mbacké, dont les enfants furent parmi les privilégiés qui eurent le droit d’entrer au cimetière de Bel Air lors de ses obsèques.
Ils savent, mais ne comprennent pas, que ce qui fait la singularité de notre Sénégal, réside dans le fait, qu’avant, justement, il n’était point besoin d’évoquer un caricatural « dialogue islamo-chrétien », parce que cela allait de soi.
Ils savent, mais ne comprennent pas, qu’on peut manier avec goût la langue française, et ne pas démériter du bonheur d’être Sénégalais.
Soyons clairs et directs : Si, Walf a pu diffuser cette connerie, alors qu’elle avait été enregistrée, et aurait pu prendre le chemin de la poubelle, c’est bien que cette petite musique diffuse ses notes malsaines de manière tout à fait officielle. L’État sénégalais est le premier à discriminer ses citoyens, selon qu’ils se nomment Ndiaye, Diop, Guèye, Fall, Sall, Tall, lesquels pourront sans coup férir renouveler leurs cartes d’identité ou leurs passeports égarés, alors que moi, Jean Pierre Corréa, et autres Coly, Lopy, Mendy, Goudiaby, Diatta ou D’Almeida, serons sans ménagement, sommés d’aller quérir un certificat de nationalité au tribunal, pour bien prouver qu’ils méritent leur sénégalité. Sans que cela ne choque personne, puis qu’ils le savent tous, mais que là justement…ils le comprennent, sans pour autant s’en offusquer. C’est cette normalité administrative officielle et frappée du sceau de l’iniquité et de l’injustice, qui a fait le lit dans lequel Gaston Mbengue est venu tranquillement vomir sa rance bêtise.
Et que personne ne fasse semblant de…ne pas comprendre…
Il est urgent que l’État comprenne que tous les Sénégalais se valent et leur fasse comprendre qu’il est temps de le savoir.
Parce que « Des Cons…ça ose tout…et c’est à cela qu’on les reconnait ».
PAR JEAN PIERRE CORRÉA