𝗟𝗲 𝗿𝗲́𝘁𝗮𝗯𝗹𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗽𝗿𝗶𝗺𝗮𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝘀𝘆𝗺𝗽𝘁𝗼𝗺𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗹’𝗶𝗺𝗽𝗮𝘀𝘀𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗮𝗾𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲 𝘀𝗲 𝘁𝗿𝗼𝘂𝘃𝗲 𝗹𝗲 𝗿𝗲́𝗴𝗶𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝗠𝗮𝗰𝗸𝘆. 𝗡𝗲𝘂𝗳 𝗮𝗻𝗻𝗲́𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗾𝘂𝗮𝘀𝗶-𝗱𝗶𝗰𝘁𝗮𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗻’𝗼𝗻𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗿𝗲́𝘂𝘀𝘀𝗶 𝗮̀ 𝗰𝗮𝘀𝘀𝗲𝗿 𝘁𝗼𝘂𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲𝘀𝘀𝗼𝗿𝘁𝘀 𝗱𝗲́𝗺𝗼𝗰𝗿𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗻𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻.
Depuis les évènements de février-mars derniers, déclenchées par le complot ourdi contre le leader du Pastef et qui ont ébranlé les bases de leur régime, les hommes du pouvoir semblent pris dans une spirale belliciste, révélatrice de leur véritable nature d’apprentis dictateurs.
C’est ainsi que la grande tournée politico-économique du président Sall a révélé à l’opinion des « nervis marrons », qui tels des taureaux hispaniques, sont allergiques aux brassards rouges, et semblent être dressés pour tuer – pardon – pour casser des manifestants pacifiques.
La lecture attentive du déroulement des présentes locales a révélé au public l’entendement, que les apéristes ont de la démocratie électorale, à savoir qu’un bon challenger est bien celui-là, à qui on interdit de battre campagne ou de déposer sa liste, avec la complicité de quelques brebis galeuses de l’administration territoriale coachés par un ministre de l’Intérieur partisan zélé de la majorité présidentielle.
Cela nous permet de comprendre rétrospectivement la pseudo-victoire de Macky Sall à la présidentiellesde février 2019, desquelles on avait pris soin d’écarter des dizaines de candidats, par le biais du parrainage citoyen, de l’emprisonnement et de l’exil arbitraire.
Ce triomphe électoral usurpé était venu couronner une gouvernance tyrannique et manœuvrière, aux antipodes des exigences d’approfondissement de la démocratie, telles que formulées par les Assises Nationales et une gestion des affaires publiques marquée par une judiciarisation extrême et un autoritarisme excessif.
Pour réussir son coup de force électoral, le président de la Coalition Benno Bokk Yakaar avait bénéficié, sinon d’une complicité active, tout au moins d’une bienveillance exagérée de certains pans de la magistrature, de secteurs de l’administration territoriale et de la discipline pseudo-républicaine et aveugle des forces de défense et de sécurité, qui demeurent les piliers de son système à tendance autocratique.
Mais à trop tirer sur la corde, elle finira par rompre et plus vite que prévu, d’autant que le compte à rebours a commencé pour le dernier mandat du président Sall, qui pose des actes contradictoires, qui rendent illisible la scène politique.
Premièrement, il a commencé par se marginaliser, en limogeant certaines figures de proue de son parti pour délit supposé d’ambition présidentielle et en supprimant le poste de Premier ministre, qu’on pourrait prendre pour un éventuel dauphin, tout en refusant de clarifier sa position sur une éventuelle troisième candidature.
Ensuite, il a laissé entrevoir une dévolution prochaine du pouvoir, en enrôlant le chef putatif de l’opposition, tout en lançant des clins d’œil suggestifs à ses anciens compagnons de la galaxie libérale.
Enfin, il fait présentement preuve d’une agressivité suicidaire, au vu de la crise socio-économique que traverse le pays, envers les « chenapans » de Yewwi Askan Wi et autres activistes anti-impérialistes, considérés comme incontrôlables et infréquentables, qu’on essaie de neutraliser avec une charte contre la violence, là où on devrait discuter d’un pacte contre l’injustice et l’impunité.
Quoiqu’on puisse leur reprocher, cette nouvelle génération d’hommes politiques, au langage cru, adeptes de la légitime défense, devenus, pour certains d’entre eux, accrocs au milieu carcéral, a été façonnée par la conception cavalière et singulière, que le président Macky Sall a de la démocratie.
Ils ont définitivement opté pour une posture de résistance.
À l’heure actuelle, ces jeunes leaders politiques, en rapport avec quelques aînés, patriotes de la première heure, représentent un espoir tangible du peuple sénégalais pour congédier la maffia qui nous gouverne.
C’est dans ce contexte que le rétablissement de la primature est symptomatique de l’impasse, dans laquelle se trouve le régime de Macky Sall.
Il cache aussi une régression concernant le caractère présidentialiste de l’État, qui reprend l’arme de la dissolution de l’Assemblée nationale, qui pourrait servir, en cas de perte de majorité aux prochaines législatives, (si jamais le délai de 2 ans est raccourci, dans la prochaine réforme constitutionnelle).
Ce Parlement a de toutes façons perdu toute crédibilité et plusieurs de ses membres leur honorabilité. Il devait, selon les termes du référendum de 2016, évaluer les politiques, mais s’est plutôt fait remarquer par un regain de passivité et des scandales récurrents (faux billets, faux passeports, faux mariages…).
Tout espoir n’est cependant pas perdu. Pour les fins observateurs, des signes apparaissent, dans tous les secteurs de la vie sociale et politique, parfois même au sein de la majorité, pour confirmer que 9 années de quasi-dictature n’ont pas réussi à casser tous les ressorts démocratiques de notre Nation, que ce soit pour refuser les diktats présidentiels ou pour ramener l’administration territoriale à la raison.
Il sera, de plus en plus difficile, de maintenir une épée de Damoclès autocratique sur la vie politique sénégalaise.
par Nioxor Tine