Le gouvernement serait dans les dispositions d’avoir un nouveau premier Ministre avec ce projet de loi qui sera soumis à l’Assemblée en procédure d’urgence. Une très bonne idée. Le vide laissé par la vacance du poste de Pm a été décrié par plusieurs observateurs et experts. On ne le dira jamais assez, le Président de la République a bel et bien besoin d’un Pm pour coordonner l’action gouvernementale et jouer le rôle de fusible en cas de crises majeures.
Et le fast-track avancé ne tient pas la route. Finalement, rien ne nous dit que depuis le départ de Boun Abdallah Dione, les choses sont allées beaucoup plus vite. Dans tous les cas, rapidité ne rime pas toujours avec efficacité. Comme nous l’écrivions dans cette rubrique, en décidant de nommer un Coordonnateur général de Benno bokk yakaar en la personne de l’ancien Ministre Amadou Bâ, Macky avait déjà trahi ses intentions d’aller vers la nomination d’un Pm. Car, à l’état actuel des choses, il semble s’être fait une idée à propos d’un éventuel dauphinat, de sa candidature supposée en 2024, etc.
Et il semble s’inscrire dans une nouvelle dynamique, pour éliminer, définitivement, cette fois-ci, toute idée de manœuvres suspectes. C’est en tout cas notre souhait. Toutefois, il y a un hic. Car, procéder actuellement à un chamboulement institutionnel n’est pas forcément une bonne idée. Car, rappelons-le, l’arrivée du Pm peut y aider. Car, nous sommes à moins de deux mois des locales et ces élections vont offrir, au Chef de l’Etat, l’opportunité d’un remaniement important calqué justement sur les résultats.
Donc, c’est à ce moment-là que les changements étaient attendus et non pas forcément, maintenant. Mais, tout indique, que l’urgence du moment, c’est ce poste de PM dont le profil va donner une idée claire des futures orientations du gouvernement. Or, après les locales, d’autres recadrages pourraient et devraient même intervenir. Ce qui, à notre humble avis, n’est pas pour favoriser l’efficacité de l’action gouvernementale. Car, ce qui est important de souligner, c’est que non seulement, il y a trop de ministres, mais, ça part dans tous le sens. Et c’est dans la gestion de la Covid-19 que cette anarchie a été le plus ressentie.
Si la réussite d’une démarche incombe à plusieurs ministres et qu’il n’y a pas de coordination entre eux, cela peut aboutir à des impasses. Donc, le PM est nécessaire. Mais, il faudra plus pour une bonne efficacité de l’action gouvernementale, reconsidérer les portefeuilles ministériels. Car, comme pour les coalitions, le saucissonnage des postes ministériels, souvent pour satisfaire une clientèle, non seulement alourdi les charges, mais, s’avère peu productif en termes de rentabilité au niveau de la gestion des affaires publiques.
Nous pensons ainsi que, pour qu’il y ait une très grande optimalisation des résultats, il faut non seulement un Pm mais aussi un gouvernement restreint. Ainsi, chacun va rester dans son domaine d’attribution sans empiètement dans celui de l’autre et les objectifs pourraient être clairement définis et les évaluations faites. Qui plus est, s’il faut s’y atteler actuellement pour qu’en janvier ou février prochain, procéder à un remaniement, il faudra attendre la fin de l’échéance électorale et ne pas déconcentrer l’équipe en place déjà largement éprouvée par les préparatifs des locales.
Aujourd’hui que tout le monde est concentré sur ces élections, la nomination d’un Pm, certes attendue depuis longtemps, aura l’inconvénient d’en rajouter à la confusion et aux polémiques ambiantes.
A mois que Macky ne cherche, par-là, entre autres objectifs, à allumer un écran de fumée pour faire baisser la tension politique en vogue.
Assane Samb