Le sacre de Mohamed Mbougar Sarr au prestigieux prix littéraire français de l’Académie Goncourt est au centre d’une grosse polémique sur la Timeline (Twitter) et le Fil d’actualité (Facebook) sénégalais. Alors que le jeune auteur savoure à juste titre et essaie de réaliser ce qui lui arrive, certains de ses compatriotes lui ont rappelé ses positions controversées sur la brûlante question de l’homosexualité, dans son troisième roman « De purs hommes », publié en avril 2018.
Des captures d’écran de son interview accordée au site Le Monde et de celles de son article très au vitriol sur les Sénégalais de Paris et le « Grand bal » de Bercy de Youssou Ndour, « Le Drame de ce 12 octobre » ont suffi à jeter le jeune Ancien Enfant de Troupe (AET) en pâture à la meute d’internautes qui se sont autoproclamés « Défenseur des pratiques religieuses et cultuelles du Sénégal ».
Mbougar, le raciste
SIX, n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, l’auteur de « La plus secrète mémoire des hommes », peut aller voir ailleurs avec son prix. Si c’est ce qu’il pense de sa propre communauté. En référence au texte cru de Mbougar sur ses compatriotes.
C’est ça votre prix Goncourt un mec qui pond un article pour insulter sa propre communauté 😡 F him son prix et son livre si c’est lui qui a écrit cet article pic.twitter.com/znPD62cD69
— SIX 🥇 (@NSIXCISS) November 4, 2021
Le même SIX revient à la charge ce jeudi pour comparer les propos du jeune auteur sénégalais aux remarques racistes de l’ancien Président français, Jacques Chirac: « Une grouillante négraille y mijote… ça sent la joie et l’Oignon » Visage avec des larmes de joie l’équivalent du Bruit et l’Odeur de Chirac .. Goncourt mes c« , écrit-il sur Twitter. « Une grouillante négraille y mijote… ça sent la joie et l’Oignon » 😂 l’équivalent du Bruit et l’Odeur de Chirac .. Goncourt mes c
— SIX 🥇 (@NSIXCISS) November 4, 2021
Pour rappeler le contexte de cette comparaison, « Le bruit et l’odeur », c’est une expression extraite d’un discours de Jacques Chirac prononcé le 19 juin 1991 et connu comme Le Discours d’Orléans. … Le bruit et l’odeur en question désignaient des désagréments supposément causés par certaines personnes immigrées en France.
Mbougar, le Pro-Lgbt
Un peu plus tôt, « Nico Le Blaugrana » a tout simplement « retiré » ses « félicitations » à Mbougar, après avoir lu un extrait de la « fameuse » interview de son compatriote avec Le Monde. « #MbougarSarr même s’il y a une seule phrase qui fait l’apologie de l’homosexualité dans un livre de 5.000 pages, le livre entier est a banir (Sic) ! Je retire carrément mes félicitations et je le regrette énormément », a-t-il écrit pour légender un passage de l’entretien.
Pour éviter ce revirement spectaculaire en moins de 24 heures, les internautes sénégalais auraient peut-être dû avoir la prudence de « Usman Toure », qui pendant que ses compatriotes se noyaient dans l’océan des félicitations et autres témoignages sur le nouveau Prix Goncourt, appelait déjà à la retenue et surtout à se départir de ce suivisme chronique dont souffrent beaucoup d’âmes de la toile. « Une génération qui se précipite dans la lecture non pas par passion mais par obligation. Pour ne pas être sur la marge du débat par rapport à l’opinion tendancielle en vigueur, elle se bouscule dans des aventures distantes sans aucune forme de résonance particulière…
Sur Facebook, le dénommé Tahirou Sarr, établi à Paris (selon une indication géographique sur sa page Facebook) explique pourquoi, selon lui, Mbougar a été primé. « En France le nègre et le musulman ne sont décorés que quand c’est pour la promotion de la Liberté sexuelle ou la Profanation de la Religion musulmane… Cependant l’émotion demeure toujours Négre« , écrit-il sur son mur.
Souleyanta Ndiaye, a lui, tout simplement retiré de la liste de ses réjouissances littéraires, le nom de Mbougar et maintenu Boubacar Boris Diop, récent lauréat du prestigieux prix littéraire Neustadt (une récompense littéraire américaine, qui consacre les mérites littéraires exceptionnels dans le monde entier).
« Le Sénégal des Lettres
J’ai enlevé mon post précédent où je me réjouissais de nos succès littéraires. Je maintiens Boris, l’incorruptible, l’incarnation de notre soif de grandeur légitime et de notre droit de concevoir le Monde en conformité avec des choix sans ingérence. La littérature est une arme culturelle…Attention !« , écrit-il sur sa page Facebook.
Badara Diouck, quant à lui, appelle les « avocats » de Mbougar sur la toile à accepter les critiques formulées sur sa manière de penser. Dans certains groupes populaires sur Facebook, les administrateurs se laissent aller à toute sorte de commentaires.
Pendant ce temps, les vidéos de la fête bien arrosée qui a suivi la consécration du jeune auteur sénégalais de 31 ans, dans un restaurant parisien, ont inondé les « Stories » de certaines de ses connaissances. Mbougar Sarr savoure avec ses amis et camarades écrivains comme Elgas, Fary Ndao, Fewline Sarr (qui a coédité son dernier livre) ce Prix Goncourt qui le place aussi bien au sommet de la Littérature française qu’au centre d’une énorme controverse dans son propre pays.
Dans tous les cas, il a mérité les félicitations du peuple sénégalais. Ce qui ne veut, en aucun cas, dire que ce dernier adhère à ses idées d’ouverture et de libertinage. Comme l’a si bien expliqué le journaliste Mame Goor Ngom sur sa page Facebook
Pressafrik