Depuis mercredi, jour de son sacre, il n’y en a que pour Mohamed Mbougar Sarr. Un nom qui doit donner des cauchemars au vilain candidat à la prochaine présidentielle française Zemmour. Et voilà qu’un jeune garçon venu du Sénégal lui fait un pied de nez. On aimerait bien voir sa grande gueule à l’annonce du sacre de notre compatriote.
A Galsen où les gens ne lisent plus et où l’on préfère construire des stades plutôt qu’une bibliothèque nationale, dans ce charmant pays, donc, on est dans la polémique stérile. On accuse le jeune écrivain de faire la promotion de l’homosexualité dans un autre de ses romans. Un ouvrage, soit dit en passant, que beaucoup de ses détracteurs n’ont pas lu. Et encore que le livre a été publié en…2018.
Il faut qu’une chose soit claire. Notre jeune compatriote a été primé par un jury français qui s’en foutrait qu’un auteur du Sénégal fasse la promotion de la polygamie. Ces messieurs et dames du Goncourt ont bien leurs considérations qui ne sont pas celles de ce charmant pays. Et puis, Mbougar aurait été édité par u ne de nos maisons d’édition, que son livre ne serait même pas visible à Diourbel.
Il a fallu une coédition avec une petite maison française pour que l’ouvrage ait ce succès que l’on sait. Recevoir une distinction internationale, c’est le résultat d’une bonne politique de promotion et d’un maximum de lobbying. Si nos éditeurs sénégalais consacraient un investissement aussi colossal que ceux de leurs collègues français à la promotion des auteurs et au lobbying de leurs œuvres en mesure d’être primées, il y aurait d’autres Mbougar.
Et plus que des félicitations, le Chef doit savoir que ses 600 millions du fonds d’aide à l’édition dont il se gargarise tout autant que le fonds de la presse — ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. Quand on veut promouvoir ses producteurs (éditeurs, diffuseurs (y compris la presse), distributeurs notamment les libraires, pour donc une véritable politique du Livre, il faut plus que ces pauvres 600 millions.
KACCOOR BI