Khafor Touré soupçonne une connivence entre Baldé et Sonko

par pierre Dieme

L’actualité, ce sont les investitures des locales, quelle est votre analyse par rapport à celles de BBY?

Une lecture simple. Nous avons l’officialisation des candidats dans les différentes communes que compte le Sénégal (555 collectivités). C’est une cohérence et une continuité, car l’essentiel dans 85 à 90% des collectivités gérées par la coalition Bby, les maires ont été reconduits. Pour les autres, nous allons essayer de prendre les meilleurs profils, car pour nous, une élection locale ou période pré-électorale est une période de compétition, d’animation, d’expression des ambitions et c’est légitime. Il y a eu des déclarations de candidats à la candidature et les choix ont été faits. Aujourd’hui, Il s’agit de mobiliser tout le monde autour des candidats choisis. Parce que l’avantage de Benno est d’avoir un chef, un leader. L’essentiel, c’est d’accepter ces choix-là et il faudra assurer la victoire pour l’intérêt de tous. C’est une étape dans la vie de la démocratie, dans la vie locale. Il s’agit de partir sur les enjeux de développement et du renforcement de la démocratie. C’est ce qui est important.

On a constaté des listes parallèles. Serait-il exagéré de dire que c’est l’implosion de BBY ?

Oui c’est vrai que c’est de l’exagération. Nous avons un Chef qui a tracé un cap. Quand on est dans une coalition, ce qu’il faut aussi, c’est la discipline. Macky Sall ne tolère pas les listes parallèles et d’ailleurs, je ne pense pas qu’il soit derrière une quelconque liste parallèle. Il ne peut pas être dans un jeu double. Il a expliqué les enjeux. Mais tout le monde ne peut être candidat. On peut être une dizaine, mais une seule personne est élue pour occuper la fonction de maire. Je ne pense pas qu’il soit derrière une quelconque liste parallèle. Le mot d’ordre est clair. Ces gens seront sanctionnés. Donc dans les zones à fort enjeu, il est nécessaire que les gens s’oublient et mettent de côté leur ego. Donc il n’y a pas d’implosion de Benno. C’est juste de la titraille. S’il y a une coalition qui tient, c’est celle de Benno. Tout a été publié et il n’y aura pas de contestations.

Mais des alliés ont déposé leur caution, dont le Ps et d’autres menacent de le faire. N’est-ce pas là des exemples d’implosion ?

Oui la période d’investiture est compliquée. On n’en sort jamais indemne. C’est une réalité dans une histoire. Ce sont des tiraillements qui se détériorent, des amitiés etc. Mais le constat est qu’il existe des réalités. Je ne dis pas que les investitures ne créent pas de problèmes, mais il faut juste des mécanismes pour les régler.

A Benno, Macky a les instruments pour les régler. Mais l’unanimité n’existe nulle part. Il est clair qu’il y a des gens qui sont libres de créer leur propre liste. Les investitures dans le cadre d’un parti, c’est un problème, de même dans le cadre d’une coalition. Maintenant les leaders de Benno ont un accord et ceci entre dans le cadre d’un esprit constructif. Chaque leader a la pression de sa base. Les leaders travaillent à trouver des équilibres pour maintenir la coalition. Les partis peuvent avoir des velléités contestataires. Le Parti socialiste a déposé sa caution, mais cela n’a pas eu un impact sur le déroulement des choses. C’est aussi une liberté qu’il faut lui accepter. C’est un grand parti. Et là où les gens se sentent très forts, il n’y a pas de risque pour la majorité au pouvoir. Mais s’il y a deux candidats de la majorité et que cela soit du côté du Parti socialiste, je ne pense pas qu’on lui interdise de faire des listes. Ce qui se passe à Rufisque, c’est autre chose. Et jusque-là, ce sont des menaces. Mais il faut discuter et trouver des solutions. Je pense que Macky va discuter avec les différents responsables de la coalition pour éviter les listes parallèles dans certaines localités. Je suis assez optimiste. Même le dépôt de la caution du Ps est une précaution. Vous avez des responsables du pouvoir qui ont déposé une caution. Ce sont des précautions, mais il faut espérer pour que ces trois, quatre jours qui nous restent du dépôt des listes, que l’on puisse juguler tous ces problèmes et que les uns et les autres entendent raison et entrent dans les rangs.

Des gens persistent, comme Marie Tew Niane, Mame Mbaye Niang avec Horizon 2035, craignez-vous des sanctions ?

En politique, quand vous prenez vos responsabilités, il faut être prêt à les assumer. Quand on se met en marge de la ligne, il faut assumer les conséquences. Quand on décide de remettre en question les choix de l’autorité, on passe outre. D’accord, si vous gagnez, tout le monde vous félicite parce que vous aurez raison. Mais si vous perdez, il faudra en assumer les conséquences et accepter d’être sanctionné.

Diouf Sarr semble avoir remporté la bataille de Dakar avec ces investitures. Pensez-vous qu’il fera l’unanimité autour de lui ?

Ma conviction c’est que les élections locales à venir dépassent les personnes qui sont choisies. Il faut fondamentalement choisir une personnalité pour incarner les listes. Sur Dakar le choix de Diouf Sarr est un choix légitime, logique et cohérent. Diouf Sarr est le seul maire Apr élu depuis 2014. Donc sur ce point, c’est un choix logique et cohérent. Il faut la construction de l’unité et la cohésion. Depuis des années, Dakar est entre les mains de l’opposition. Il faut une équipe pour gagner Dakar. Il y aura un travail à faire dans les 19 communes de Dakar. Et une équipe doit travailler d’arrache-pied pour gagner la mairie pour Bby. L’enjeu est de taille. L’opposition sera présente. Il faut de la générosité pour que Bby soit victorieuse partout, dont Dakar.

Ces locales peuvent-elles constituer le premier tour en vue de la présidentielle, comme le dit Mahmout Saleh ?

Je pense que les gens spéculent. Ce sont des élections locales. Il faut leur donner cet enjeu local. Il s’agit de désigner des exécutifs locaux qui vont décider pour leur localité pendant 5 ans. Il y a l’acte 3 de la décentralisation, la communalisation universelle, le renforcement des collectivités locales et des maires qui ont la capacité de délibérer. Alors nous sommes dans le cadre d’une élection où il ne peut y manquer des lectures nationales. L’on aura une tendance par rapport aux scores des coalitions et du pouvoir. C’est une erreur de lui donner une vocation nationale. Nous sommes en 2022 et à mi-mandat. Cela permet de se faire une idée et des actions correctrices pour aborder le reste. Nous avons cinq mois après les locales et seize mois de la présidentielle. Nous sommes dans un cycle avec trois élections sur deux ans. Les Législatives sont des élections nationales. Pour moi, ce que dit Mahmout Saleh pour les Locales, c’est son point de vue. Je pense aussi que les Locales sont extrêmement importantes pour la coalition au pouvoir. Si les résultats des Locales sont décevants pour la coalition au pouvoir, ce serait un mauvais signal donné. C’est une grille de lecture. Nous travaillons à la consolidation du pouvoir et il faut maintenir la majorité politique en attendant de venir aux élections législatives et à la présidentielle.

La nomination d’Amadou Ba au poste de Coordonnateur national, est-ce pour calmer les ardeurs ou pour renforcer son leadership ?

Moi j’essaie de lire les actes, mais je pense qu’il faut une meilleure collaboration et je félicite Amadou Ba. Nous avons besoin d’une personnalité comme Amadou Ba pour la coordination qui est un rôle important. Ce n’est pas un bonbon pour calmer. Il a la chance de jouer un rôle au plan national. C’est une grande confiance.

Alors sentez-vous l’absence d’un Pm dans l’attelage gouvernemental ?

Je ne peux pas apprécier le travail gouvernemental, d’autant plus que le poste de Premier ministre est du ressort du chef de l’Etat. Alors s’il sent que le poste reste important, il va le faire. Les choses vont vite et aujourd’hui il faut soulager le Président. Il faut restaurer le niveau de coordination interministériel ? Peut-être oui. C’est une perspective aussi. Il faut une feuille de route et une vraie direction pour construire l’unité. Macky Sall a besoin de collaborateur qualifié, outillé et qui pourra l’assister. Et Amadou Ba peut faire l’affaire.

A Ziguinchor, Abdoulaye Baldé s’approche de plus en plus de l’opposition. Quels en sont les raisons ?

Là aussi, cette séparation n’est pas du goût des militants de Benno. C’est regrettable car Abdoulaye Baldé est un frère et dans le compagnonnage, il peut y avoir des divergences. Il n’a pas aimé les propositions faites par Macky et a rompu les amarres. Je suis d’avis qu’on va se retrouver après les Locales.

Ne craignez-vous pas une alliance Sonko-Baldé ?

Non, moi je ne comprends pas souvent en politique. Comment peut-on être dans un mariage ici et se retrouver du jour au lendemain en fiançailles avec le pire ennemi de votre conjoint. Quand on me dit cela, il y a un problème de cohérence et de loyauté. Il faut vraiment croire à des valeurs. Il faut des principes. Pourquoi juste après quelques bisbilles s’aligner avec l’ennemi. J’attends de voir une matérialisation de cette entente. En une semaine, que des gens qui étaient en opposition soient capables de construire une liste ensemble et de construire un projet de développement local ensemble. S’ils arrivent à s’attendre c’est parce qu’ils étaient en contact.

Des alliés redouteraient des tentatives d’affaiblissement du Président Sall au profit de l’Apr, ont-ils raison ?

Il y a eu remplacement d’apéristes par des socialistes comme à Kaffrine. C’est le cas avec Adama Diouf. C’est une question de jeu de chaise musicale. En termes de développement, il y a à faire et mieux pour le département. Nous sommes dans une coalition qui existe depuis 10 ans. Ce qui est un record. Il y a eu des arbitrages pour des accords avec beaucoup de négociations. Mais si l’Apr est la locomotive, c’est normal qu’elle dirige. A Mbour, les socialistes gardent Sindia, Diass etc., l’Afp garde ses mairies. Prenez le département de Nioro et toutes ses communes. Ce sont les militants de Macky qui protestent, car on leur a demandé de laisser la commune. A Thiès, l’Apr est sacrifiée au profit du Rewmi avec trois communes de Thiès, la ville de Thiès est au profit des alliés. L’allié s’y est tapé la part du lion. Il faut refuser de voir le bordel, mais en analysant, l’Apr est minoritairement servie. Dans le Fouta, l’Apr est très forte. A Kébémer, c’est Modou Diagne Fada avec Dara Mousty. C’est l’Apr qui râle dans le département de Kébémer. Macky a été juste et équilibré dans ses choix. Aux Parcelles assainies, c’est Moussa Sy. A Pikine Nord, c’est Amadou Diarra qui a été reconduit. A Dakar, Alioune Ndoye a été reconduit, Jean Baptiste Diouf aussi, entre autres. Le principe c’est la reconduction des maires sortants avec 80%. Il ne faut pas faire le focus sur cela. Les arbitrages ont été faits dans un souci de justice et de garantir l’unité de la coalition.

Etes-vous optimiste face à cette opposition qui pourrait faire mal à Benno ?

Pour moi, ceux de l’opposition ne sont pas ces organisations de Yewwi, Wallu…L’opposition est de deux ordres. Les populations, à travers la demande sociale. C’est là le premier adversaire, car il faut les convaincre. De même, il faut préserver l’unité et la cohésion. Si on arrive à avoir un discours cohérent, on ne fera qu’une bouchée de l’opposition, car elle n’est pas significative. Ce sont des organisations de moindres envergures sans programmes, sans aucune présence sur le terrain, des gens qui se positionnent par des injures. On a une opposition qui se penche sur la radicalisation, l’extrémisme violent. La menace c’est par rapport à l’interne, par rapport à la cohésion et à la nature de l’élection. Il faut de l’engagement, de l’unité car des gens ne doivent pas gagner sur la base de division etc.

Au sein de l’Apr, il y a un manque de discipline interne n’est-ce pas ?

Je suis d’accord que nous devons travailler à avoir une cohésion et c’est un deuxième ennemi. La solidarité est importante dans le militantisme. Il faut veiller à l’image que l’on renvoie avec les propos à tenir. Il faut être humble et agir en responsable. Il faut la discipline de parti et Macky doit veiller à la cohérence dans le discours. Tout ce que nous devons dire, c’est sur la base de la confiance à l’endroit de Macky Sall. Il faut s’armer certes, mais dans le cadre de la discipline. Nous allons gagner plus de 3⁄4 des localités. Les enjeux sont les grandes villes. Il faut garder les 420 communes et en conserver davantage. Pourquoi pas ne pas en arriver à 450 collectivités. Les centres urbains font l’objet de disputes. Nous travaillons à gagner les grands centres urbains. Si nous arrivons à gagner Pikine, Guédiawaye, Rufisque, il ne restera que Mbacké et on a espoir.

D’aucuns pensent qu’il y a l’après-Macky. D’où les remous au sein de la mouvance ?

Pourquoi penser que le résultat des locales va impacter sur ce qui va se passer après Avril 2024 ? Concentrons-nous sur l’évènement pour nos camarades, car le pays est dans un cycle politique. Les cycles politiques sont de dix ans. Il y a eu un cycle ouvert en 2012 qui va se fermer. Les élections locales ferment un cycle politique et en ouvrent un autre.

L’inquiétude s’est emparée des populations de Ziguinchor. Que dire sur ce point ?

La politique est une confrontation des idées. Point besoin de violence, mais il faut la culture de la paix. Il ne faut pas oublier les valeurs de dignité. Il faut être élégant et accepter les règles du jeu. Je suis dans la politique depuis 25 ans. J’ai une implication à la base. Mon avenir politique n’est pas lié à ces Locales. J’ai toutes les ambitions à Guédiawaye. Je ne voulais pas entrer dans ce jeu-là. Je suis de Wakhinane nimzatt et je vais faire de mon mieux pour la base. Je crois aux valeurs.

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