Jusqu’ici Benno bokk yaakaar a su résister aux divisions. Mais elle pourrait difficilement tenir au lendemain de ces élections locales, contrairement à 2014. Dans l’opposition aussi, Yewwi askan wi et Wallu Senegaal notamment, ça va dans tous les sens. Ces investitures riment bien avec fissures.
Le dépôt des listes candidates qui a démarré hier prend fin le 3 novembre prochain. Tous les états-majors des coalitions, aussi bien la majorité que l’opposition, sont sous pression. Entre contestations, dissidences et spectre de vote-sanction, c’est presque un supplice pour les uns et les autres. Benno bokk yaakaar vit ces moments les plus incertains avec une razzia que le parti présidentiel veut opérer dans les fiefs contrôlés par les alliés qui, à certains endroits, se plient au niveau de leur leader. Alors que d’autres sortants locaux n’entendent pas se laisser enterrer. Si à Kaffrine, Abdoulaye Wilane a accepté de migrer au département au profit de l’apériste Abdoulaye Sow, certains de ces camarades socialistes n’ont pu avoir cette «générosité» que d’autres qualifient plutôt de «capitulation». A Mbour, le maire Fallou Sylla aurait décidé de briguer un autre mandat sous sa propre bannière après que Macky Sall a choisi Cheikh Issa Sall. Et à Golf Sud, même si rien n’est encore clair, les proches de la socialiste, Aïda Sow Diawara, soutiennent avoir appris que leur mentor a été zappé au profit de responsables de l’Apr, Lat Diop ou Néné Fatoumata Tall. Mais il n’y a pas que chez les alliés que les listes parallèles pourraient faire tache d’huile. A Thiès, il se dit que la désignation des maires sortants de Rewmi pourraient mettre sur les rails des Locales des responsables de l’Apr qui, depuis des mois, se sont investis pour leur… investiture. S’il la liste parallèle de Talla Sylla est claire, Habib Niang ou encore Malick Mbaye peaufineraient aussi leurs bannières. A Louga le choix de Moustapha Diop n’a pas plu à Mamour Diallo qui aurait déposé sa caution. Tout comme à Saint-Louis, Mansour Faye a un adversaire dans la majorité connu, en l’occurrence Mary Teuw Niane. Fatick pourrait battre le record des dissidences si le chef n’arrive pas à convaincre les hommes de son fief. A Rufisque, après l’annonce de départ de Souleymane Ndoye, c’est Seydou Diouf qui a annoncé hier ses intentions de briguer aussi bien la Ville que les communes avec son parti, le Ppc, parce que ce serait Ismaïla Madior Fall le cheval de Macky Sall. La liste est longue.
Menaces sur Yewwi akan wi et Wallu Senegaal
Mais c’est aussi le cas dans l’opposition. Yewwi askan wi souffre déjà de son contentieux qui prévaut à Taxawu Senegaal entre Barthélemy Dias et Soham Wardini. Ce sont, semble-t-il, les mêmes difficultés dans plusieurs communes du pays. Dans la capitale, le partage entre Taxawu Senegaal et Pastef, les deux locomotives de la coalition, n’est pas une promenade de santé. Le parti de Sonko a décidé de défier Khalifa Sall et Cie en investissant ses hommes dans les 19 communes et la Ville de Dakar. A Mbour, l’épisode Me Abdoulaye Tall, désigné candidat de Pastef au détriment de Dr Diaité, pourtant déclaré vainqueur à l’issue des primaires, instaure un malaise. Ce serait aussi le cas, semble-t-il, à Golf Sud où, forclos, le Pastef voudrait tout de même parachuter Khadija Mahécor Diouf. A Kédougou aussi, Yewwi askan wi pourrait connaître une grosse fissure puisque les alliés veulent la mairie alors que l’ancien édile Moustapha Guirassy la veut pour prendre sa revanche sur Benno bokk yaakaar, particulièrement Mamadou Hadji Cissé. A Saint-Louis, Abba Mbaye, désigné par la commission des investitures, ne passe pas aux yeux de Cheikh Bamba Dièye. La coalition Wallu Senegaal, cornaquée par le Parti démocratique sénégalais, a connu également des dissensions avec le départ de Bokk gis gis de Pape Diop faute de consensus sur les investitures. Mais il y a aussi le cas Mamadou Diop Decroix qui, de façon discrète, a posté sur son statut WhatsApp la quittance de dépôt de sa caution sous la bannière du Parti And jëf-Pads/And Jefal senu gox. Ce sera davantage compliqué pour la majorité et l’opposition d’ici à la fin du dépôt des listes. Et même après.
Par Hamath KANE