Khalifa, Gakou, Amadou Ba, Makhtar Cisse, Mimi Toure, Cissé So, Sidiki Kaba …
Les prochaines élections locales seront âprement disputées partout sur le territoire national. Elles sont également un bon baromètre pour les hommes politiques en quête d’une existence politique ou ceux qui veulent se positionner pour la Présidentielle de 2024. Pour autant, ils sont nombreux à manquer ce rendez-vous.
Jamais des élections locales n’ont présenté autant d’enjeux ! A travers le nombre de reports du scrutin (3 fois), la pluralité des candidatures, la diversité des coalitions, les contentieux lors des investitures, entre autres, ce scrutin restera dans les annales de l’histoire du Sénégal. Encore qu’il va reconfigurer carrément le jeu politique.
En effet, ces élections se présentent comme un baromètre aussi bien pour des personnalités en quête d’une existence politique que celles qui ont des ambitions présidentielles, qu’elles soient de la mouvance présidentielle comme de l’opposition. On se rappelle la percée de Khalifa Sall en 2014 qui s’était démarquée en allant aux locales sous la bannière de Taxawu Dakar. Sa large victoire dans la capitale l’avait ainsi bien positionnée pour la Présidentielle de 2019. Et d’aucuns soutiennent que ses résultats perçues comme une menace dans le camp de Macky Sall avaient conduit à sa liquidation politique. C’est à la suite de cela que son dossier en relation avec la caisse d’avance de la Ville de Dakar a été mis sur la table. Conséquence : il a été révoqué de sa fonction de maire de Dakar et condamné pour détournement de deniers publics. Aujourd’hui, cet épisode se présente comme une épée de Damoclès sur la tête de l’ancien maire de la capitale qui, du fait de sa condamnation, est disqualifié pour ce scrutin. N’empêche, Khalifa Sall ne lâche pas du lest. Il tire les ficelles à travers la coalition Yewwi Askan Wi qu’il dirige avec le leader des Patriotes Ousmane Sonko. En ce qui concerne ce dernier, difficile de dire pour le moment s’il va se présenter ou pas à ce scrutin. Pressenti jusque-là à Ziguinchor où il a enregistré un bon score lors de la Présidentielle de 2019, il maintient toujours le suspense. Dans cette coalition de l’opposition, on note un grand absent pour ces joutes électorales. Il s’agit de Malick Gakou, le leader du Grand Parti. Ce dernier qui a toujours affiché ses ambitions présidentielles a laissé le terrain à Guédiawaye à Aliou Sall, Ameth Aidara et autres responsables politiques. Cela étant, sa base politique ne cesse de s’étriquer et risque même d’être anéantie.
QUEL AVENIR POUR LES PONTES DU REGIME ZAPPES?
Du côté de la mouvance présidentielle, de nombreux observateurs sont surpris de voir l’ancien argentier de l’Etat et ex ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba, zappé au profit du maire de Yoff et ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr. Amadou Ba qui faisait son come-back a apparemment été stoppé dans son élan. Lui qui est perçu comme l’un des potentiels successeurs du Président Macky Sall à la tête de la magistrature suprême. Pourtant, ce scrutin allait lui permettre d’asseoir sa crédibilité politique après s’être fait remarquer en faisant tomber Dakar entre les mains de Bby lors des Législatives de 2017. Un autre dignitaire du régime qui pouvait saisir cette occasion pour se frayer un chemin en politique, c’est l’ancien ministre de l’Energie Mouhamadou Makhtar Cissé. Depuis son éviction du gouvernement, il s’est éclipsé du landerneau politique. Or, il était pressenti pour la mairie de Dagana. Il avait d’ailleurs commencé à se constituer une base dans la localité. D’aucuns lui prêtent également une ambition présidentielle. Ils estiment qu’il présente un bon profil pour diriger le pays.
Quant à Aminata Touré, elle n’a jamais caché ses ambitions pour Kaolack. Déchue à Grand Yoff en 2014, l’ancienne Première ministre s’était alors fortement investie dans sa ville de naissance. C’est pourquoi, on s’étonne de la voir aphone durant tout le processus lié aux investitures. Mais selon des indiscrétions, en responsable disciplinée de l’Apr, elle reste à l’écoute du président de leur parti. Notre interlocuteur de dire d’ailleurs qu’il n’y a pas que les Locales comme joutes électorales et qu’elle va certainement se réserver pour la suite. Des propos qui renseignent sur son ambition intacte de diriger le Sénégal. Quoi qu’il en soit, la conceptrice de «On accélère la cadence » lors des élections de 2014 va manquer à ce scrutin.
Toujours dans la mouvance présidentielle, on peut noter une absence de taille : celle de Moustapha Cissé Lo qui avait juré, contre vents et marées, qu’il allait se présenter à la Ville de Dakar. Battu à plusieurs reprises dans son fief à Touba, il avait changé d’adresse électorale venant ainsi chambouler tous les plans de Macky Sall à Dakar. Il a été finalement exclu de l’Apr avant qu’il ne s’éclipse pour de bon du champ politique. On peut noter également l’absence du ministre d’Etat Mbaye Ndiaye qui, apparemment, n’a plus d’ambitions pour la mairie des Parcelles Assainies. Il semble avoir perdu tout espoir de reconquérir cette mairie. Or, ces dernières années, il s’est toujours fait remarquer lors des investitures. Mais pour cette échéance, il a préféré se taire et se positionner en spectateur.
Seydina Bilal DIALLO