Contre toute attente, Macky qui n’aime pas manifestement le poste de numéro 2 ni au sein de l’Alliance pour la République (Apr) ni au sein de l’attelage gouvernemental, vient de nommer l’ancien Ministre Amadou Bâ, Coordonnateur national de Benno bokk yakaar.
Bien sûr, il n’a pas encore dérogé à sa règle de ne donner aucun indice sur celle ou celui qui pourrait être son prochain dauphin. Et donc, il n’y a encore ni Premier Ministre ni numéro 2 au niveau de son parti. Néanmoins, il vient de faire une petite concession, en nommant Amadou, parce qu’il vient de montrer qu’il y a des gens sur qui il peut compter en matière de responsabilisation au niveau national.
Or, rappelez-vous bien. C’est justement pour cette raison qu’il avait pensé supprimer le Poste ‘’importantissime’’ de Premier ministre (Pm). Il a ainsi préféré naviguer quasiment seul créant une sorte de tohu-bohu autour de lui du fait que beaucoup prennent des initiatives à tort ou à raison et certains se réfugient dans le silence.
Aujourd’hui, Macky, avec cette nomination, qui peut certes diluer la pilule du choix de la tête de liste de Dakar, si jamais Abdoulaye Diouf Sarr était l’élu, mais cache mal le fait qu’il a besoin de postes de ‘’second’’ pour mener à bien les tâches qui lui sont ainsi confiées.
D’où la nécessité de nommer un Premier Ministre dont les profils ne manquent pas dans son entourage. Car, il ne peut pas gérer toutes les affaires de l’Etat sans véritable interface, un coordonnateur de l’action gouvernementale. Exactement comme il a fait pour la coordination des affaires politiques. Ainsi, Amadou Bâ est une sorte de ‘’Pm politique’’. Qu’importe l’appellation, il va seconder le Président dans ses batailles politiques, non seulement pour garder intacte la coalition au pouvoir, mais aussi pour faire face à ses adversaires.
L’ancien Ministre des affaires étrangères, plus que Mimi Touré et contrairement à Aly Ngouye Ndiaye, pour ne citer que ceux-là, bénéficie ainsi d’une réhabilitation politique certaine. Bien sûr, chemin faisant, il a pu démontrer sa loyauté au chef, lui qui a toujours fait de la politique par la discrétion et le social.
Macky peut ainsi être sûr de compter sur les partisans d’Amadou Bâ et créer les conditions d’une unité au sein de son parti et de sa coalition. C’est dire alors que le choix de la tête de liste majoritaire au niveau Dakar va très probablement porter sur Abdoulaye Diouf Sarr. Mais, comme il le sait en fin politique, la victoire ne peut être assurée que si toutes les forces vives se donnent la main dans une synergie combative. Il s’agit de tout faire pour amoindrir les frustrations, éviter l’éclatement et les listes parallèles.
Parallèlement, il est important de noter qu’au regard du fait que nous entrons dans des années électorales vives d’ici 2024, Macky devra s’inspirer du poste d’Amadou Bâ pour avoir un coordonnateur de l’action gouvernementale. Le prétexte lié au fast-track a peu convaincu. Il fallait manifestement garder secrets les différents schémas politiques qui, au fil du temps, finiront pas être connus.
Pis, on a fini de confondre les préoccupations purement politiques, partisanes, des préoccupations techniques managériales publiques. Le fonctionnement de l’Etat en a pris des coups.
Macky a ainsi son ‘’Premier ministre politique’’, il lui reste d’en nommer un au sommet de l’Etat pour une meilleure efficacité de l’action gouvernementale.
Assane Samb