Le leader des « Khalifistes » semble jouer un « Sall » jeu dans la rude bataille entre l’actuelle maire de Dakar, Soham El War[1]dini, et le maire de Mermoz Sacré-Cœur, Barthélemy Dias, pour diriger la liste de la coalition Yewwi Askaan Wi à Dakar lors des élections locales du 23 janvier 2022. Khalifa Sall semble souffler le chaud et le froid dans la guerre qui oppose ces deux candidats qui se réclament tous de lui…
Les manœuvres vont bon train dans toutes les coalitions politiques du pays à moins de douze semaines des élections municipales et départementales prévues le 23 janvier prochain. À Yewwi Askaan Wi, même si la bataille semble être âpre entre l’actuelle mairesse de Dakar, Soham El Wardini, et le maire de Mermoz Sacré-Cœur, Barthélemy Dias, Khalifa Sall aurait déjà fait son choix pour la candidature de Yewwi Askan Wi pour la mairie de Dakar.
Et celui qui a sa préférence ne serait personne d’autre que le fils de Jean Paul Dias, Envoyé Spécial du président de la République et membre de la coalition Benno Book Yaakar. Une information qui avait été mise sur la place publique par la presse le 4 octobre dernier. « Profil d’homme politique engagé, ambitieux et dé[1]terminé, c’est Barthélemy. Il a le courage, il a démontré ce qu’il sait faire à la tête de Mermoz Sacré-Cœur et il est engagé. Mais son défaut, c’est qu’il est émotif. Mme Wardini est, elle, modérée. La politique, c’est l’action et la communication.
C’est très important la communication en politique », analyse le professeur Moussa Diaw de l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Selon lui, quand on est un leader, il arrive des moments où il faut savoir trancher. « Il arrive des moments où on peut faire ses choix sans qu’il y ait une certaine frustration », estime Pr Diaw. Quelques jours plus tard, le samedi 23 octobre dernier, la forclusion du dossier de candidature de Soham El Wardini a été prononcée par la commission nationale d’investiture de Yewwi Askan Wi.
Une décision que contestait Taxawu Dakar de Khalifa Sall qui demandait l’annulation pure et simple de ce procès-verbal. Et dans sa lettre de demande d’annulation signée par son coordi[1]nateur départemental, Cheikh Guèye, Taxawu Dakar signalait que la commission n’a « ni délibéré en présence de tous les membres, ni vérifié la régularité des candidats ». Pire, dénonçaient les partisans de Khalifa Sall, « toute décision prise lors de cette réunion est entachée de fortes irrégularités ». Par conséquent, Taxawu Dakar exigeait « l’annulation de ce procès-verbal de cette réunion du 23 octobre 2021 » et « sa (Ndlr, la réunion) convocation à nouveau dans les règles édictées par la circulaire n°1 du 12 octobre 2021 ».
Soham El Wardini, Macky, les chefs religieux et la libération de Khalifa Sall… Malgré cette demande, beaucoup semblent être sceptiques sur la sincérité de Khalifa Ababacar Sall dans le traitement de ce dossier. En effet, l’ancien maire déchu semble bien rouler pour Barthélemy Dias. Pourtant, Soham El Wardini s’était, tout comme le maire de Mermoz Sacré-Cœur, donnée corps et âme pour sa libération après son inculpation dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar. Mme Wardini avait même accepté de rencontrer le président Macky Sall pour tirer Khalifa Sall d’affaires. Elle ne s’en était pas arrêtée là. Elle s’était également rendue dans plusieurs foyers religieux pour plaider la libération de son prédécesseur. « Vous savez dans des situations pareilles, si jamais, on se met dans le terrain du moral, on aura du mal à trancher.
Le choix politique relève des enjeux. S’il se soumet seulement à la morale, Khalifa ne va jamais tran[1]cher. Il arrive des moments où on doit décider politiquement en fonction des enjeux », estime encore l’analyste et chercheur en poli[1]tique, professeur Moussa Diaw. Khalifa Sall ne serait-il pas de ceux qui ont « tendu un piège » à Mme Wardini afin qu’elle soit éliminée de la course avec la forclusion de son dossier ?
Le professeur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis pense qu’on ne donne pas de cadeau en politique. « Chacun essaie de mûrir ses stratégies pour se positionner par rapport aux autres. Mais, ce qui est important, c’est que ce choix soit conforme aux ambitions de la coalition », pense Moussa Diaw. Dans cette bataille pour la tête de liste de Yewwi Askan Wi à la ville de Dakar, il serait, selon le professeur Moussa Diaw, très difficile de faire de Mme Wardini la tête de liste de Yewwi Askaan Wi à Dakar. Ce, dans la mesure où celle-ci elle n’a toujours pas clarifié son appartenance à l’Alliance des forces du progrès (Afp) de Moustapha Niasse. PR MOUSSA DIAW : « Mme Wardini doit prendre son courage à deux mains et se défendre » « Elle doit dire sa position par rapport à son appartenance à l’AFP.
Elle doit clarifier le jeu. Elle est toujours restée en retrait. C’est comme si elle est intéressée, mais elle ne veut pas le dire. Quand on est une femme politique et qu’on a des ambitions, on doit les afficher publique[1]ment. Elle apparaît comme quelqu’une qui n’est pas ambitieuse. Il y a une certaine ambiguïté dans son jeu. Elle doit se défendre. Elle doit prendre son courage à deux mains. Elle ne doit pas attendre qu’on lui montre le chemin.
Elle doit se battre », soutient le Pr Moussa Diaw. Pourtant malgré son appartenance à l’AFP, Mme Soham El Wardini a cheminé avec Khalifa Sall et s’est, tout comme Barthélemy Dias, bien battue pour obtenir la libération de son prédécesseur à la tête de la mairie de Dakar. Une chose est sûre, la coalition Khalifa Président risque d’imploser au lendemain de l’officialisation du choix du candidat de Yewwi Askaan Wi à Dakar. Khalifa Sall est ainsi pris entre deux feux. Il doit donc gérer ce dossier avec tact. Sinon, bon[1]jour les regrets et les dégâts !
Bassirou Dieng du Témoin Quotidien