Le choix de Me Abdoulaye Tall crée un malaise dans les rangs de Pastef

par pierre Dieme

Rien ne va plus à Yewwi Askan Wi de Mbour. Le Pastef, qui est la locomotive de cette coalition de l’opposition, est en train de traverser une crise interne qui risque de déteindre sur ses performances lors des élections locales de janvier 2022. La désignation de Me Abdoulaye Tall comme candidat de la coalition pour le poste de maire, a créé un profond malaise chez les partisans d’Ousmane Sonko.

Sorti vainqueur des primaires, Dr Mamadou Lamine Diaïté n’a pas digéré du tout la décision du parti de le voir dessaisi de son privilège de porter la candidature de la coalition au profit de son adversaire direct battu à plate couture lors de ces primaires. Indigné par ce qu’il assimile à une forfaiture, le coordonnateur départemental du parti qu’il est, a décidé tout bonne[1]ment de rendre le tablier de Yewwi Askan Wi dont il était jusque-là le coordonnateur adjoint départemental et le coordonnateur communal du comité électoral.

Une lettre d’information a été adressée à cet effet au président du parti, Ousmane Sonko. Après Dakar, Thiès, Saint Louis, voilà Yewwi Askan Wi en eaux troubles à Mbour. Ce mardi 26 octobre, vers 20 heures, le coordonnateur départemental du Pastef, Dr Mamadou Lamine Diaïté, a tout simplement jeté l’éponge en démissionnant de ses responsabilités de la coalition. En cause, le choix « unilatéral » porté sur Me Abdou[1]laye Tall comme candidat de la coalition alors qu’il a battu ce dernier à plate couture lors des primaires au sein du parti.

Une injustice notoire aux yeux du coordonnateur départemental de Pastef, qui a participé à son implantation dans toutes les seize (16) communes sans tambour ni trompettes. « J’ai informé le coordonnateur du comité électoral départemental de Yewwi Askan Wi de ma démission du poste de coordonnateur adjoint départemental et de coordonnateur communal de la coalition. Nous attendons la suite de notre correspondance adressée au président Sonko pour donner suite à nos responsabilités dans Pastef Mbour » a-t-il indiqué. Très meurtri par cette décision d’investir son rival, Diaïté dénonce ce qu’il considère comme une violation flagrante des textes du parti PASTEF.

« Pendant tout ce temps, nous avons été suspendus au traitement du dossier (durant presque 10 jours). A ma grande surprise, j’ai reçu une lettre d’accréditation par WhatsApp du responsable de la zone Ouest, M. Seck, sans aucune explication sur le traitement fait du dossier. Je rappelle que le recours en annulation des primaires ne donne pas droit au président Sonko de choisir le candidat de Pastef-Mbour. Nous avons été surpris par cette décision prise arbitrairement. Au demeurant, une correspondance lui sera adressée pour nous donner des explications et lui faire part des décisions prises en réunion d’urgence convoquée par le bureau de Pastef » a laissé entendre le candidat déchu.

Des primaires après une médiation infructueuse Il faut rappeler que des primaires avaient été organisées au sein de Pastef entre Dr Mamadou Laminé Diaïté et Me Abdoulaye Tall à la suite d’une médiation infructueuse menée par le porte-parole national du parti et un responsable local de premier plan qui s’était fait remarquer en se faisant arrêter et emprisonner le 3 février dernier lors des incidents qui avaient éclaté à Dakar, dans le cadre de l’affaire dite Ousmane Sonko /Adji Sarr. Pour éviter une cassure, le coordonnateur départemental avait même demandé à ses deux rivaux de trouver un consensus afin d’éviter un vote quitte à ce qu’il se désiste. Malheureusement, aucun des responsables n’a voulu faire marche arrière.

Après l’échec des négociations, Diaïté leur fait comprendre qu’il dépose sa candidature. Au finish, il sort largement vainqueur de ce scrutin face à Me Abdoulaye Tall. Humilié par ce revers, Me Abdoulaye Tall a vite crié au scandale et déposé un recours au niveau des instances de Pastef pour l’annulation du vote. Il dénonçait d’abord le fait que son adversaire, nonobstant son statut de coordinateur départemental, ait décidé de présenter sa candidature. Ensuite, il a reproché à ce dernier d’avoir agi frauduleuse[1]ment dans le processus électoral en ajoutant des cellules dans le fichier à quelques heures seulement du vote. Depuis lors, les militants étaient en attente de la décision des instances du parti.

Après plus de dix (10) jours d’attente, la nouvelle est tombée ce mardi 26 octobre vers 20h, prenant de court Dr Mamadou Lamine Diaïté et les instances locales de Pastef qui ont soutenu que même le délai imparti pour l’arbitrage des instances supérieures de leur parti, a été dépassé. C’est pourquoi une réunion d’urgence a été convoquée jusque vers 22h au sortir de laquelle, Diaïté a tout simplement annoncé sa décision de démissionner de ses responsabilités au sein de la coalition Yewwi Askan Wi. Sonko appelé à arbitrer Avec le choix porté sur Me Abdoulaye Tall, le scrutin communal pourrait se résumer dès à présent en un duel du quartier Tefess. En effet, tout comme le candidat de Yewwi Askan Wi, celui désigné par Benno Bokk Yakaar, est natif de ce quartier populaire qui abrite l’écrasante majorité des acteurs de la pêche, avec le troisième centre de vote le plus important en termes d’inscrits (école Tafsir Demba Sall) qui porte d’ailleurs le nom du grand-père du responsable apériste Cheikh Issa Sall.

En plus, les deux probables futurs adversaires entretiennent une relation presque filiale, Me Abdoulaye Tall ne se gênant nullement de rappeler qu’il est le filleul de l’autre et que c’est grâce à son parrain qu’il a connu Ousmane Sonko et milité dans le parti de ce dernier. Au vu de cette relation si particulière entre ces potentiels adversaires, la défaite est interdite de part et d’autre, c’est un mortal kombat qui s’annonce donc. Dans ce contexte, le leader du Pastef Ousmane Sonko devra obligatoirement arrondir les angles afin d’apaiser la tension car, au niveau local, Dr Diaïté est majoritaire et contrôle les cellules.

Par contre, pour ce qui est de la masse silencieuse, Me Tall, originaire du quartier le plus populaire de Mbour compte plus de sympathisants. Ce différend politique entre deux ténors du parti réduit considérablement les chances des «Patriotes» de remporter la victoire au soir du 23 janvier 2022 surtout que la coalition BBY est considérée comme une machine électorale qui fait ses preuves depuis 2012. Il y a cependant la donne de la candidature du maire socialiste sortant El -Hadj Fallou Sylla, banni lui aussi par Macky Sall et qui a décidé de prendre son destin en main en se présentant comme le candidat du Parti Socialiste.

Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour

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